Le 5 juillet, une date mémorable qui marque l’indépendance de l’Algérie, nous rappelle non seulement les sacrifices armés des moudjahidines, mais aussi les stratégies intelligentes et culturelles employées par le Front de Libération Nationale (FLN) pour libérer le pays du joug colonial. À l’occasion du décès de Tahar Ben Ahmed, membre éminent de la troupe artistique du FLN, il est pertinent de souligner comment cette révolution s’est distinguée par son intelligence et ses actions non militaires.
La Diplomatie Culturelle et Artistique
Le FLN a compris très tôt que la lutte pour l’indépendance ne pouvait pas se limiter aux champs de bataille. Des figures comme Tahar Ben Ahmed, décédé récemment à l’âge de 94 ans, incarnent cette dimension culturelle de la révolution. En tant que membre de la troupe artistique du FLN, Ben Ahmed a utilisé la musique et l’art pour éveiller les consciences et mobiliser le soutien international.
La troupe artistique du FLN a effectué une tournée en Tunisie, au Maroc et en Égypte, où leurs représentations attiraient des foules nombreuses. Lors d’un concert à Tunis en 1959, la troupe a réussi à rassembler plus de 10 000 personnes, utilisant des chants patriotiques et des pièces de théâtre pour illustrer la souffrance et la résistance du peuple algérien. Cette tournée a contribué à sensibiliser le public international et à gagner le soutien de nombreux pays arabes pour la cause algérienne.
La Septième Wilaya : L’Extension de la Lutte en France
L’action du FLN ne s’est pas limitée au territoire algérien. En France, la création de la Septième Wilaya a permis de coordonner les actions des Algériens émigrés. Cette entité géopolitique a orchestré des grèves, des manifestations et des opérations de collecte de fonds, amplifiant la pression sur le gouvernement français.
En 1958, le FLN a organisé une grande grève des travailleurs algériens en France, connue sous le nom de “Grève des 8 jours”. Cette grève a paralysé plusieurs secteurs industriels et a attiré l’attention des médias internationaux sur la situation en Algérie. Cette action coordonnée a montré la capacité du FLN à mobiliser et à coordonner les efforts de la diaspora pour affaiblir l’ennemi de l’intérieur.
Le Mouvement Estudiantin
Les étudiants algériens ont joué un rôle crucial dans la révolution. En 1956, l’Union Générale des Étudiants Musulmans Algériens (UGEMA) a lancé un appel à la grève des études pour rejoindre la révolution.
Le 19 mai 1956, plus de 1 000 étudiants algériens ont quitté leurs universités en France pour répondre à l’appel du FLN. Parmi eux, plusieurs ont rejoint les rangs des combattants, tandis que d’autres se sont consacrés à des missions diplomatiques et de propagande. Cette grève des étudiants a été un coup dur pour l’administration coloniale, réduisant le nombre de jeunes Algériens formés à des postes administratifs et techniques, et démontrant le soutien intellectuel à la cause.
L’Équipe de Football du FLN
En 1958, le FLN a créé une équipe de football composée de joueurs professionnels algériens évoluant en France. Cette équipe, surnommée « l’équipe du FLN », a joué des matchs à travers le monde, attirant l’attention sur la lutte pour l’indépendance algérienne.
Le 9 avril 1958, une dizaine de joueurs professionnels algériens ont quitté secrètement la France pour rejoindre Tunis, où ils ont formé l’équipe du FLN. Cette équipe a ensuite disputé plus de 80 matchs contre des équipes nationales et de clubs en Europe, en Afrique et en Asie. Leur popularité a permis de sensibiliser l’opinion publique internationale et de collecter des fonds pour la révolution.
Le Théâtre et la Musique
Les arts de la scène ont également été mis à contribution. Le théâtre, avec des pièces reflétant la lutte et les aspirations du peuple algérien, a joué un rôle crucial dans la mobilisation et la sensibilisation.
En 1960, la troupe théâtrale du FLN a présenté la pièce “El Moudjahid” à Bagdad, en Irak. La pièce a été un succès retentissant, attirant des personnalités politiques et culturelles de toute la région. Le message de la pièce, appelant à la solidarité et au soutien de la lutte algérienne, a résonné fortement, contribuant à renforcer les liens avec les pays arabes et à obtenir un soutien matériel et financier.
L’Action Diplomatique
Le FLN a également excellé sur le front diplomatique. Des représentants du FLN ont parcouru le monde pour obtenir des soutiens politiques et militaires.
En 1958, le FLN a établi un gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) en exil, avec pour objectif de représenter officiellement la cause algérienne sur la scène internationale. En 1960, le GPRA a réussi à obtenir la reconnaissance de nombreux pays, notamment en Afrique et en Asie. Cette reconnaissance internationale a été cruciale pour isoler la France diplomatiquement et renforcer la légitimité du combat algérien.
La révolution algérienne, commémorée chaque 5 juillet, était bien plus qu’une guerre d’indépendance; c’était une révolution d’intelligence, d’art et de diplomatie. Les actions non militaires du FLN, telles que la création de la troupe artistique, la mobilisation de la diaspora, l’engagement des étudiants, et les efforts diplomatiques, ont été tout aussi cruciales que les combats armés. En honorant des figures comme Tahar Ben Ahmed, nous reconnaissons l’importance de ces contributions intellectuelles et culturelles qui ont forgé la liberté de l’Algérie.