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7 Octobre 2024

by Mohamed Redha Chettibi
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C’est bien connu. Le menteur ne se souvient pas de ses mensonges. C’est comme cela qu’il se fait souvent «coincer». C’est le cas pour l’affaire du mensonge, parmi bien d’autres, des «bébés décapités» lors de l’attaque du 7 octobre 2023. Le récit israélien les a aujourd’hui étrangement oubliés.

Le président Biden, y avait apparemment cru un moment et s’est vite ravisé. Le mensonge était, celui-là, trop gros. Il n’y avait aucune image, aucun témoignage des parents, aucune inhumation publique, rien, un pur mensonge à la Goebbels. Aujourd’hui, un an après, on n’en parle plus.

Mais les bébés palestiniens brulés vifs, fracassés, désarticulés, eux, sont bien réels. Il y a ceux débranchés des couveuses. Il y a aussi ceux alignés, par dizaines, emmaillotés dans leur petit linceul, comme de petites poupées de cire. Ce sont des centaines d’images dans nos yeux, dans les yeux du monde. Des images vraies, celles-ci. Mais de ces bébés, les médias complices de silence sur génocide, ne parlent pas.

«Le pogrom»

En ce 7 octobre 2024, les bébés, les enfants de Gaza sont le dernier des soucis du système occidental. C’est la grande messe médiatique sur «le pogrom du 7 octobre 2023». Le mot pogrom a tout de suite été imposé comme élément du récit. Il a été répété, diffusé, matraqué par les médias et les thuriféraires d’Israël. Imagine-t-on mot plus absurde, dans ce cas. Un pogrom c’est, d’après les dictionnaires «des attaques violentes commises sur des juifs par des populations locales non juives et plus généralement une émeute sanglante dirigée contre une minorité ethnique ou religieuse». Or ici, il s’agit avant tout d’une attaque contre le dispositif militaire d’enfermement de Gaza. Preuve en est, 300 militaires israéliens ont été tués selon les autorités israéliennes elles-mêmes. Pour les autres destructions sur les kibboutz, jusqu’à ce jour, aucune commission d’enquête n’a été faite, et il est très vraisemblable qu’elles ont été commises par les forces israéliennes puisque elles l’ont été par des armes lourdes, dont ne disposaient pas les attaquants de Hamas. Et puis, on joue ici sur les mots, «attaques contre des juifs», évidemment puisqu’Israël est un Etat juif. Mais c’est un Etat, pas une minorité religieuse. S’il faut parler de pogrom, c’est au sujet de Gaza, pour la punir de s’être soulevée, révoltée, et en fait pour l’effacer. Le ghetto de Gaza s’est soulevé. A-t-on parlé de pogrom pour le soulèvement du ghetto de Varsovie. Il faut être sérieux ! On a, là, la mesure de l’atmosphère incroyable d’intoxication mentale qui règne en Occident sur Israël. Bref, les maîtres actuels de l’Occident estiment qu’ils peuvent faire croire à l’opinion occidentale ce qu’ils veulent.

Les Arabes, même pas une statistique

Ce 7 octobre 2024, sur tous les plateaux et chaînes sous contrôle, les commentateurs rivalisent de compassion pour Israël et de tremolos dans la voix pour les victimes. 1.700 morts israéliens contre près de 50.000 morts et disparus et 100.000 blessés et mutilés pour les Palestiniens. Ça fait cher la vie israélienne à la bourse de la vengeance.

Le soir du 7 octobre, la mairie de Paris éteint la Tour Eiffel en signe de deuil. Pas une allusion, pas un mot sur les victimes palestiniennes, et désormais aussi sur les milliers de Libanais tués ou blessés. Pas une image les concernant dans les reportages.

On entendra même le porte-parole de l’armée israélienne féliciter un gros média, BFM TV, pour son reportage de ce jour en Israël. On en est ébahi. Il n’y a pas d’autre mot. Jamais l’information n’a été aussi partisane, militante, méprisante pour la vie non occidentale. Aucune empathie, pas une émotion, pour Gaza, pour Beyrouth qui sont bombardés le même jour. S’ils faisaient le millième de ce qu’ils font pour Israël pour le peuple palestinien, pour celui du Liban. Dans ce monde absurde de l’Occident, les arabes, les musulmans ne valent rien. Ils ne sont même pas des statistiques de pertes humaines. Ils sont une menace.

En fait, l’Occident, aujourd’hui, a finalement renoncé à parler au reste du monde. Le système qui le dirige ne veut plus, ne peut plus par ses médias et ses serviteurs, qu’une chose : garder son influence sur l’opinion occidentale. Ils ne le savent pas encore, mais c’est déjà une défaite.

L’Antisémitisme

Ce sera aussi le thème de la journée. Là aussi comme un seul homme, sur tous les médias. En France, on aligne les statistiques d’agression antisémite» dans l’année. Comment ont-elles été établies ? Comment les vérifier ? Leur répétition, partout, sur toutes les chaînes du système, fait office de vérité. Alors que chaque jour de la vie d’un arabe, d’un noir est gâchée par le racisme banal, quotidien. On prétendra que les juifs fuient vers la France alors que tout le monde voit, dans les aéroports israéliens, les queues du départ pour les pays occidentaux. C’est une véritable campagne organisée par le système médiatico-politique. Elle se poursuivra plusieurs jours.

L’accusation antisémitisme est le dernier argument de l’Occident «sionisé». Il n’en a pas d’autre. Ils n’ont pas d’argument positif, une vision de progrès, de libération humaine. Ils ont peur. Ils craignent que leur opinion publique les lâche comme les signes en sont patents. Ils en sont arrivés à proposer, hors propos, des lois contre l’antisémitisme aux USA, en France. Ils n’ont même plus le sens de l’humour. Ils ont même fait la chasse à des humoristes, comme Dieudonné et d’autres qui dénonçaient les crimes d’Israël et son poids sur la vie politique française. Ils voient rouge dès qu’il s’agit d’une dénonciation d’Israël et même d’une simple critique.

Le tropisme israélien

Ils renoncent même, pour l’amour d’Israël, aux sacro-saintes libertés, d’expression, de manifestation. On est ainsi convoqué par la police pour «incitation à la haine» dès qu’on brandit un drapeau palestinien.

Tout est fait pour assimiler antisionisme et antisémitisme. Cela permet de ratisser large. Un champion de la défense du sionisme, Elie Chouraqui, se lance, ce 7 octobre, dans la charge habituelle contre le parti de la «France insoumise». Il affirme : «Regardez comment Mélenchon parle des juifs de France». Un participant au plateau TV lui fait remarquer que «JL Mélenchon parle du sionisme d’Israël et non des juifs». Il rejette d’un geste dédaigneux la remarque : «C’est une question de sémantique, c’est la même chose». Israël=juif.

Le jour avant, le 6 octobre, BH Lévy dit la même chose. Il accuse l’ex-Premier ministre français gaulliste, Dominique de Villepin, qui vient de dénoncer une nouvelle fois le génocide de Gaza ainsi que les bombardements sur le Liban, d’avoir «la haine des juifs, dont «Israël est le nom» (1). On remarquera cette expression. Elle est totalitaire. «Hors Israël pas de salut pour un juif», énonce-t-elle. Il n’est pas laissé de place à un juif de vivre son identité et son histoire en dehors d’Israël. Qui l’autorise à dire cela. Les juifs ont été juifs pendant des siècles sans être israéliens et en étant de tous les pays où ils étaient, comme c’est le cas pour les hommes des autres religions, dans tous les pays où ils sont.

En France, sur la question d’Israël, le système politico-médiatique au tropisme israélien en est arrivé même à préférer un dirigeant israélien étranger, Netanyahu, à leur propre président, Emmanuel Macron. C’est dire.

Macron versus Netanyahu

Le 5 octobre, à la clôture du 19e sommet de la Francophonie, le président Emmanuel Macron déclare: «Il n’est pas possible d’appeler chaque jour à nos côtés au cessez-le-feu et de continuer d’approvisionner Israël» en armes. L’allusion aux Etats-Unis est claire. Position on ne peut plus logique.

Aussitôt, les intellectuels ultra sionistes, toujours les mêmes, montent au créneau et envahissent des plateaux TV déjà acquis à leur tropisme israélien. Les mêmes, Elie Chouraki, Bernard Henry Lévy, Alain Finkielkraut, académicien, Arcady, un réalisateur de cinéma, Raphael Enthoven, présenté comme philosophe et essayiste, etc. Pas très original d’être à la fois juif et sioniste.

Le lendemain de la déclaration du président Macron, Netanyahu réagit contre lui. Il déclare qu’il «mène la lutte de la civilisation contre la barbarie» et promet la «Honte» à ceux qui comme Macron veulent désarmer Israël». La campagne contre Emmanuel Macron est violente. Pourtant, celui-ci, a toujours été un soutien à Israël, parfois jusqu’à couvrir ses crimes, aux côtés des Etats-Unis au nom de «la légitime défense».

Le 7 octobre, le nom d’Emmanuel Macron est hué par l’assistance pendant le discours du nouveau Premier ministre au CRIF. Le CRIF reproche régulièrement aux autres «d’importer» le conflit israélo palestinien en France. Mais n’est-ce pas lui qui le fait ?

Le 11 octobre, sur la chaîne LCI, l’invité est Alain Finkielkraut. La journaliste qui l’accueille avec déférence, Margot Haddad, énumère avec lui, les «fautes», de Macron: «Il n’a pas participé à la manifestation contre l’antisémitisme, il a critiqué les attentats au biper, il propose d’arrêter la livraison d’armes à Israël, etc. Puis elle l’écoute religieusement parler longuement d’»antisémitisme d’importation en France». L’allusion aux arabes et musulmans de France est évidente. Un véritable appel à la haine et la répression contre eux.

Entre la France et Israël, entre le président Macron et le Premier ministre Netanyahu, les intellectuels sionistes français ont choisi manifestement leur camp. La logique du président Macron, et du monde entier, sur le lien entre le cessez-le-feu et l’arrêt de la livraison des armes, n’est pas manifestement la leur. Ce qu’ils disent est carrément délirant. L’un d’eux, Arcady, explique qu’un cessez-le-feu n’a pas de sens car «avec qui le faire ? De même pour la solution à deux Etats dont il se déclare partisan du bout des lèvres: «Avec qui la faire, des organisations terroristes»?! Puis, il va jusqu’à s’écrier, horrifié, scandalisé qu’il y a «des armes stockées à Beyrouth». Un scoop ! On pourrait lui dire «mais il y en a aussi en Israël». Cela rappelle ces westerns américains, où on interdisait aux indiens d’avoir des armes, jusqu’à les avoir tous massacrés.

En écho à Netanyahu, le mot «barbares» revient dans leur bouche à tous. Le propos est manifestement colonial et, même dans la droite ligne du vocabulaire fasciste. On n’a même pas à démontrer ce qu’ils sont ou sont devenus. Il suffit qu’ils parlent.

A les écouter, Israël tue les Palestiniens pour les libérer du Hamas, et les Libanais pour les libérer du Hizbollah. Le seul terme qu’ils emploient est celui «d’organisations terroristes». Le nom de Palestinien pour l’un et de Libanais pour l’autre n’est jamais prononcé. En somme, des sortes d’ovni, issues de nulle part, si l’on suit le récit israélien et des médias occidentaux affiliés.

Ils expliquent qu’ils envahissent le Liban pour en finir avec le Hizbollah, car c’est une «organisation islamiste bien plus dangereuse» que l’OLP. Ils versent, au passage, une larme bien sèche de nostalgie pour celle-ci. Hilarants. Ils oublient simplement que c’était le même argument d’Israël lorsque l’OLP était au Liban, «une organisation terroriste». Israël a envahi le Liban pour en expulser les Palestiniens. Il les a massacrés à Sabra et Chatila. Il y est resté douze ans jusqu’à la fondation du Hizbollah qui les en a expulsés.

Le dégoût

Entre le président français et le Premier ministre israélien, toute la»sionosphère» française n’hésite apparemment pas un instant. Cela donne une idée de l’influence d’Israël sur la vie politique et médiatique française.

Aux dernières nouvelles, le 14 octobre, Emmanuel Macron rappelle à Netanyahu qu’il ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU’. Emmanuel Macron aurait-il caché un certain sens de l’humour. Le monde sioniste s’en étrangle de rage. Netanyahu, avec l’élégance de propos qu’on lui connaît, rappelle au président français et donc à la France les «crimes de Vichy contre les juifs».

Mais revenons à nos intellectuels sionistes et laissons le mot de la fin à Raphael Enthoven. Si on s’en souvient, le 5 novembre 2023, au tout début du génocide de Gaza, il avait dit : «Qu’il n’y a pas d’autre option que de bombarder Gaza, pour en conclure froidement que «toutes les différences sont donc entre les victimes et les gens qui tuent». Lui, spécialiste de l’inversion, et qui accusait Hamas «de prendre en otage la population palestinienne», accuse désormais, JL Mélenchon «de pratiquer l’inversion en qualifiant de terroristes les actes israéliens à la place de ceux de Hamas». Et au président Macron, «de parler des bombardements de Gaza et du Liban et d’oublier ceux d’Irak et d’Afghanistan». Etrange logique que celle de la justification de crimes par d’autres crimes.

Au bout du compte, face à tous ces propos, on n’a même plus de sentiments de révolte ou d’indignation, on est pris de dégoût. Tout simplement de dégoût.

(1) Dominique de Villepin lui fera une réponse superbe https://www.youtube.com/watch?v=UszQ8Oq5bz4

par Djamel Labidi

https://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5333114

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