Le spécialiste en numérique et informatique, Tajeddine Bachir, estime que le projet de réalisation du Centre National Algérien des Services Numériques constitue une initiative vers l’établissement du gouvernement électronique en Algérie. Ce projet va révolutionner la manière de fournir les services gouvernementaux en unifiant les opérations administratives et en offrant des services numériques centralisés. Cela posera les bases d’une administration sans papier et plus efficace, rapprochant ainsi l’administration des citoyens.
L’initiative établit le gouvernement électronique
Tajeddine Bachir, ancien président de l’association algérienne des activistes numériques “GAAN“, salue dans son analyse reçue par “El Fajr” le projet de réalisation du Centre National Algérien des Services Numériques, une initiative de la Haute Commission de Numérisation en collaboration avec le consortium Huawei. Cela contribuera à centraliser les données nationales sur le territoire national pour renforcer la souveraineté numérique et progresser graduellement vers l’indépendance technologique.
Le spécialiste souligne que l’un des aspects les plus marquants du projet est la création de deux centres de données à Alger et Blida, chacun comportant 300 racks. C’est une avancée significative pour notre pays, en plus du plan de la Haute Commission de Numérisation pour mettre en œuvre un système d’information national, jetant ainsi les bases d’un gouvernement électronique grâce à ces centres de données. Une administration sans papier mettra l’Algérie sur la voie du progrès et offrira aux citoyens des services modernes et efficaces qu’ils méritent.
L’administration sans papier mettra l’Algérie sur la voie du progrès… et 6 services essentiels seront fournis par le projet
Tajeddine Bachir considère que ce projet ambitieux vise à fournir six services essentiels, dont quatre sont mentionnés dans la troisième partie de son livre “Le Gouvernement Électronique: État des lieux, obstacles et solutions”. Ces services incluent: une plateforme unifiée pour les procédures administratives, une identité numérique sécurisée, l’interopérabilité entre les différentes administrations gouvernementales, une base de données centralisée, une plateforme pour les développeurs d’applications avec formation et certification, et le cloud computing pour héberger les services en ligne.
Grâce à l’identité numérique et à la plateforme unifiée, les citoyens algériens n’auront plus besoin de mémoriser de nombreux noms d’utilisateur et mots de passe, ou de se rappeler les adresses web des différentes plateformes gouvernementales. En activant l’interopérabilité entre les différentes administrations, les citoyens pourront effectuer des procédures administratives sans avoir à fournir de documents papier ou même se déplacer vers les bureaux administratifs, ajoute le spécialiste.
Tajeddine Bachir estime que l’utilisation de l’identité numérique ne se limite pas aux services gouvernementaux, mais peut également être utilisée par les applications fournies par le secteur privé, comme les sites de commerce électronique ou d’autres services commerciaux en ligne.
Parmi les nombreux avantages de cet élargissement de l’utilisation de l’identité numérique, le spécialiste souligne qu’elle offre d’abord une expérience utilisateur plus fluide et sécurisée. Les utilisateurs n’auront plus besoin de créer et de gérer plusieurs comptes avec des noms d’utilisateur et des mots de passe différents pour chaque service en ligne. En utilisant leur identité numérique, ils pourront accéder facilement à différents services en ligne sans tracas.
L’utilisation de l’identité numérique réduira les risques de fraude et garantira la sécurité des plateformes
De plus, le spécialiste ajoute que l’utilisation de l’identité numérique dans les applications du secteur privé renforce la confiance entre les utilisateurs et les prestataires de services en ligne. Les utilisateurs peuvent être rassurés que leurs informations personnelles sont protégées et sécurisées lorsqu’ils utilisent leur identité numérique. De même, les prestataires de services peuvent avoir confiance dans les identités des utilisateurs, ce qui réduit les risques de fraude et garantit la sécurité de leurs plateformes.
Tajeddine Bachir considère que la réalisation de ce projet représente une opportunité sans précédent pour l’Algérie de concrétiser le gouvernement électronique tant attendu, une vision qu’il a toujours défendue et demandée dans tous les forums.
En plus de moderniser l’administration publique, cette initiative jouera un rôle central dans la stimulation de l’économie nationale en encourageant l’innovation, en favorisant la croissance, en instaurant la transparence et en assurant l’égalité des chances entre les citoyens, quel que soit leur poste et leur emplacement géographique.
Il est crucial de garantir un transfert de technologie adéquat… Notre souveraineté numérique est en jeu
Cependant, Tajeddine Bachir propose une série de suggestions cruciales, à commencer par la nécessité de garantir un transfert de technologie suffisant pour empêcher Huawei de gérer seul les centres de données nationaux. “Nous avons les compétences nécessaires et notre souveraineté numérique est en jeu. Il faut impliquer l’écosystème numérique local dans le développement des applications gouvernementales.”
Il propose également que tous les logiciels utilisés soient en source ouverte, ce qui permettrait aux entreprises de services numériques algériennes d’innover et d’ajouter des fonctionnalités aux solutions existantes, voire de créer un marché pour ces ajouts. Il est essentiel d’impliquer les institutions gouvernementales qui ont déjà réalisé des progrès significatifs dans la numérisation, notamment le Ministère de l’Intérieur, qui a introduit la carte biométrique, bien que son utilisation reste encore sous-exploitée. La disponibilité de cette carte biométrique offre déjà une base solide pour créer une identité numérique sécurisée et fiable. En exploitant cette infrastructure existante, le processus de transition vers l’identité numérique peut être accéléré et simplifié.
De même, l’Autorité de Certification Électronique a investi massivement dans le développement de solutions d’identification électronique et a obtenu des certifications internationales. Son produit “Virtual ID” offre déjà une forme d’identité numérique aux citoyens. De plus, la signature électronique qu’elle propose confère une valeur probante aux documents numériques, d’autant que le cadre juridique approprié existe déjà, notamment la loi 15-04, ajoute le spécialiste.
Résumé
Tajeddine Bachir, spécialiste en numérique, affirme que le projet de création du Centre National des Services Numériques en Algérie va révolutionner la prestation des services gouvernementaux en introduisant une administration sans papier et centralisée. Ce projet, en partenariat avec Huawei, vise à renforcer la souveraineté numérique et l’indépendance technologique. Il prévoit la création de centres de données à Alger et Blida, offrant six services essentiels, dont une plateforme unifiée pour les procédures administratives et une identité numérique sécurisée.
Bachir souligne que l’identité numérique améliorera l’expérience utilisateur et la sécurité, réduisant les risques de fraude. Il propose aussi que les logiciels utilisés soient open-source pour encourager l’innovation locale. Le projet est perçu comme une opportunité majeure pour moderniser l’administration publique et stimuler l’économie nationale, tout en garantissant la transparence et l’égalité des chances.