ALGER – Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, a présidé, jeudi à Alger, la cérémonie de commémoration du 62e anniversaire de l’incendie de la Bibliothèque universitaire d’Alger, un acte attribué à l’Organisation de l’armée secrète (OAS). Cette cérémonie, qui s’est déroulée dans le cadre de la Journée nationale du livre et de la bibliothèque, a rassemblé de nombreuses personnalités académiques et politiques.
L’incendie de la bibliothèque, survenu le 7 juin 1962, a ravagé environ 400.000 livres et manuscrits, marquant une tentative désespérée de l’occupant français pour effacer les traces culturelles et scientifiques de l’Algérie à la veille de son indépendance. Le ministre Baddari a souligné que cet acte criminel visait à détruire le savoir et la culture algériens à un moment crucial de l’histoire du pays.
L’OAS : Une Organisation de Terreur
L’Organisation de l’armée secrète (OAS), responsable de l’incendie, était une organisation paramilitaire clandestine créée en 1961 par des partisans de l’Algérie française opposés à l’indépendance. Fondée principalement par des militaires français, l’OAS a mené une campagne de terreur en Algérie et en France pour contrer les négociations d’indépendance et semer la peur parmi les partisans de la libération algérienne.
Parmi les attentats les plus notoires de l’OAS, on compte :
- L’assassinat de l’écrivain Mouloud Feraoun et de plusieurs autres intellectuels algériens le 15 mars 1962, une attaque qui visait à décapiter la pensée algérienne indépendante.
- L’attentat à la voiture piégée à Oran le 28 février 1962, qui a tué quatre personnes et en a blessé plusieurs autres, démontrant la brutalité de l’organisation.
- L’attentat contre les dockers du port d’Alger le 2 mai 1962, qui a causé la mort de plusieurs travailleurs et en a blessé de nombreux autres. Cet acte visait à paralyser l’économie algérienne et à semer la terreur parmi les civils.
- Les multiples tentatives d’assassinat contre le général Charles de Gaulle, président français, dont le plus célèbre est l’attentat du Petit-Clamart en 1962.
Les Dirigeants de l’OAS et Leur Sort
L’OAS était dirigée par plusieurs figures militaires et politiques françaises de premier plan. Parmi eux :
- Général Raoul Salan : Ancien commandant en chef des forces françaises en Indochine, Salan est devenu l’un des principaux leaders de l’OAS. Il a été arrêté en 1962, jugé et condamné à la réclusion à perpétuité. Cependant, il a été gracié en 1968 par le président Charles de Gaulle.
- Général Edmond Jouhaud : Collaborateur proche de Salan, Jouhaud a également été capturé en 1962 et condamné à mort. Sa peine a été commuée en réclusion à perpétuité, et il a été libéré en 1967.
- Jean-Jacques Susini : Un des principaux leaders civils de l’OAS, Susini a joué un rôle clé dans les opérations clandestines. Il a été condamné à mort par contumace mais a bénéficié d’une amnistie en 1968.
- Pierre Lagaillarde : Ancien député et un des fondateurs de l’OAS, Lagaillarde a fui en Espagne après l’échec du coup d’État d’Alger en 1961. Il n’a jamais été extradé vers la France.
Ces dirigeants ont marqué l’histoire par leur détermination à maintenir l’Algérie française, mais leur sort post-conflit a varié, certains bénéficiant d’amnisties et de grâces présidentielles. Pour plus d’informations sur l’histoire de l’OAS et ses opérations, vous pouvez consulter les ressources disponibles sur Wikipedia et les archives nationales.
L’Impact Durable et la Réponse Algérienne
Le recteur de l’Université d’Alger 1, Fares Mokhtari, a rappelé l’importance de cet anniversaire en soulignant que l’incendie avait détruit un gigantesque legs scientifique, un crime culturel visant à anéantir la mémoire collective algérienne. Toutefois, Mokhtari a également mis en lumière la résilience du peuple algérien et ses efforts pour reconstruire son patrimoine culturel et éducatif après l’indépendance.
Djamel Yahiaoui, directeur du Centre national du livre, a ajouté que l’Algérie a réussi, depuis 1962, à réaliser un saut remarquable en matière de savoir et de connaissances, notamment grâce à une politique éducative ambitieuse qui a vu la réouverture de milliers de bibliothèques à travers le pays.
Les Réformes Actuelles
Aujourd’hui, l’Algérie se concentre sur des réformes éducatives et scientifiques majeures pour continuer à avancer. Le ministre Baddari a réaffirmé l’engagement de l’Algérie envers la modernisation de son système universitaire, un pilier essentiel pour le développement socio-économique du pays.
Lors de la commémoration, un accord de coopération a été signé entre la Bibliothèque nationale et la bibliothèque de l’Université d’Alger 1, visant à renforcer le partenariat scientifique et la collaboration dans le domaine de la restauration des manuscrits et des livres.
En reconnaissant les sacrifices du passé et en célébrant les progrès accomplis, l’Algérie témoigne de son attachement à sa mémoire et de sa détermination à préserver son patrimoine culturel et scientifique pour les générations futures.
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