Le projet de gazoduc trans-saharien NIGAL (Nigeria-Algérie) franchit une étape importante avec l’achèvement imminent du tronçon Ajaokuta-Kaduna-Kano au Nigeria, d’une longueur de 614 km. Cette section représente une partie cruciale du pipeline reliant la frontière nigériane au Niger.
Le ministre nigérian Yusuf Maitama Tuggar a confirmé les progrès significatifs du projet, soulignant les avancées notables enregistrées sur les sections nigérianes et algériennes. En Algérie, des progrès considérables ont également été réalisés, laissant le tronçon du Niger comme la principale section restante à finaliser.
Mele Kyari, directeur général de la Société pétrolière nationale nigériane (NNPC), a annoncé que cette partie essentielle du gazoduc NIGAL serait réceptionnée au cours du premier trimestre 2025. Cette date marquerait le début prévu des exportations de gaz nigérian vers l’Europe via le gazoduc NIGAL.
Un contexte géopolitique favorable
L’achèvement du projet NIGAL intervient dans un contexte géopolitique particulièrement propice. La demande internationale de gaz et de pétrole est forte, accentuée par la situation géopolitique actuelle. Dans ce paysage énergétique, l’Algérie occupe une position stratégique. Premier exportateur africain de gaz naturel et septième mondial, le pays dispose de réserves prouvées de gaz naturel s’élevant à près de 2 400 milliards de mètres cubes. Avant la guerre en Ukraine, l’Algérie fournissait déjà environ 11% du gaz consommé en Europe, contre 47% pour la Russie.
En raison de la guerre en Ukraine et des sanctions économiques imposées à la Russie, de nombreux pays européens cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement en gaz naturel. Le gaz algérien est devenu une option de plus en plus attrayante pour l’Europe. Le projet NIGAL pourrait renforcer cette tendance en permettant à l’Algérie d’augmenter significativement ses exportations vers l’Europe. Selon l’Agence internationale de l’énergie, l’Europe pourrait réduire sa dépendance au gaz russe en augmentant ses importations en provenance d’Algérie .
Les enjeux économiques et énergétiques
Les récentes augmentations des prix du gaz américain ont également poussé les pays européens à chercher des alternatives plus abordables. Le gazoduc NIGAL offre une solution potentiellement moins coûteuse et plus stable à long terme. Le gaz naturel algérien, étant déjà bien intégré dans le marché européen grâce aux gazoducs existants comme Medgaz et Transmed, pourrait rapidement répondre à cette demande croissante.
En outre, la crise énergétique mondiale accentuée par la pandémie de COVID-19 et les tensions géopolitiques a mis en lumière la nécessité pour les pays de sécuriser leurs approvisionnements énergétiques. Le projet NIGAL pourrait jouer un rôle clé dans la stratégie de diversification énergétique de l’Europe, contribuant ainsi à la stabilité du marché énergétique mondial.
Les défis à surmonter
Malgré ces perspectives prometteuses, le projet n’est pas exempt de défis. Des obstacles persistent notamment en termes de sécurité le long du tracé et de coordination entre les pays partenaires. La région saharienne est connue pour ses risques de sécurité, incluant des activités terroristes et des conflits armés. La réussite du projet dépendra de la capacité des pays impliqués à surmonter ces difficultés. Des partenariats internationaux et un soutien financier pourraient être nécessaires pour sécuriser le tracé et garantir la viabilité du projet .
Le rôle stratégique du Niger
Le Niger, bien que confronté à une situation interne instable, joue un rôle stratégique crucial dans le projet NIGAL. Sa position géographique en tant que point de passage clé pour le gazoduc le place au cœur de ce projet. L’importance économique et énergétique de NIGAL offre au Niger une opportunité unique de bénéficier des retombées économiques et de renforcer sa position régionale. La perspective de revenus substantiels et de développement infrastructurel incite le Niger à ne pas laisser passer une telle opportunité, malgré les défis sécuritaires. La coopération internationale et les investissements dans la sécurité seront essentiels pour surmonter les obstacles et garantir le succès du projet .
Coûts et prévisions d’entrée en exploitation
Le coût total estimé du projet NIGAL est d’environ 13 milliards de dollars américains. Ce budget couvre la construction des infrastructures nécessaires, y compris les stations de compression et les pipelines traversant le désert du Sahara. Le financement du projet est assuré par une combinaison de fonds publics des pays partenaires et d’investissements privés internationaux.
L’entrée en exploitation du gazoduc est prévue pour 2025, avec une capacité initiale de transport de 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an. Cette capacité pourrait être augmentée à 40 milliards de mètres cubes par an dans les années suivantes, en fonction de la demande du marché et des investissements supplémentaires.
Implications économiques et géopolitiques
Enfin, l’achèvement du gazoduc NIGAL pourrait avoir des implications significatives sur les flux énergétiques entre l’Afrique et l’Europe. Au-delà de son impact sur le marché énergétique, ce projet ouvre de nouvelles perspectives économiques pour les pays impliqués. Le Nigeria, en tant que pays producteur, pourrait voir ses revenus augmenter considérablement, tandis que l’Algérie renforcerait sa position de fournisseur clé de gaz pour l’Europe.
Ce projet pourrait également contribuer à la reconfiguration des relations énergétiques euro-africaines, favorisant une coopération plus étroite et mutuellement bénéfique entre les deux continents. En fin de compte, le gazoduc NIGAL représente non seulement une opportunité économique, mais aussi un pas important vers une plus grande sécurité énergétique et une diversification des sources d’approvisionnement pour l’Europe .
Références :