Cet article présente une analyse détaillée de l’économie algérienne de 2001 à 2022, en se basant sur les données fournies par l’Office National des Statistiques (ONS). La période étudiée couvre les changements structurels, les évolutions conjoncturelles et les performances sectorielles de l’économie algérienne, avec une attention particulière sur les principaux agrégats macroéconomiques tels que le PIB, le RNB, la consommation finale, et la formation brute de capital fixe (FBCF).
Contexte et méthodologie
La base de données utilisée est celle de 2001, conforme au Système de Comptabilité Nationale (SCN 2008). Ce système permet une normalisation internationale et une comparabilité des données économiques. Les principaux concepts incluent la délimitation de l’économie nationale, les unités institutionnelles, les secteurs institutionnels, et les comptes de branches.
Principaux agrégats économiques
- Produit Intérieur Brut (PIB) Le PIB est l’agrégat clé de la comptabilité nationale, représentant la valeur ajoutée créée par toutes les unités productrices résidentes. En 2022, le PIB aux prix courants était de 32 028,4 milliards de DA, en hausse de 12,8% par rapport à la base 1989. Cette croissance dynamique place l’Algérie en bonne position par rapport aux économies régionales d’Afrique du Nord, qui ont montré une progression plus modérée.
- Revenu National Brut (RNB) Le RNB mesure le revenu total des résidents d’un pays, incluant les revenus reçus de l’étranger et déduisant les revenus versés à l’étranger. En 2022, le RNB de l’Algérie a affiché une tendance positive, soutenue par les recettes d’exportations et les transferts de revenus. À l’échelle mondiale, les pays exportateurs de pétrole ont connu des tendances similaires, tandis que les économies diversifiées d’Asie de l’Est ont montré une résilience remarquable .
- Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) La FBCF représente les investissements réalisés par les producteurs résidents en actifs fixes. En 2022, la FBCF a augmenté de 17,6% par rapport à la base 1989, atteignant 9 652,7 milliards de DA. Cette augmentation significative reflète la capacité de l’Algérie à attirer des investissements solides, surpassant de nombreux autres pays africains.
Performance sectorielle
- Agriculture Le secteur agricole, incluant la pêche, a connu une croissance de 5,2% en 2022, notamment grâce à une production céréalière de 41,9 millions de quintaux. Cette performance robuste s’aligne bien avec les efforts régionaux en Afrique subsaharienne pour renforcer l’agriculture et assurer la sécurité alimentaire .
- Industries Extractives Les industries extractives ont enregistré une baisse d’activité de 5,1% en 2022, après une croissance remarquable de 19,8% en 2021. Ce secteur demeure essentiel pour l’économie algérienne, tout en évoluant vers une diversification économique progressive, en ligne avec les tendances de la région MENA.
- Industries Manufacturières Le secteur manufacturier a montré une croissance impressionnante de 12,8% en 2022. La valeur ajoutée a atteint 3 283,8 milliards de DA, illustrant le dynamisme de la production industrielle en Algérie. Comparé aux économies asiatiques, l’Algérie fait des progrès notables dans le développement industriel et la compétitivité.
- Électricité et Gaz La croissance dans le secteur de l’électricité et du gaz a été de 5,6% en 2022, soutenue par une demande intérieure accrue et des investissements infrastructurels. Ce secteur vital répond efficacement aux besoins croissants en énergie, similaire à d’autres économies émergentes.
- Construction Le secteur de la construction a affiché une croissance de 4,0% en 2022, rebondissant fortement après le ralentissement dû à la pandémie de COVID-19. Des régions comme l’Afrique de l’Ouest ont également connu une reprise similaire, renforçant la résilience du secteur de la construction .
- Services Les services, englobant les activités marchandes et non marchandes, ont enregistré une croissance de 4,3% en 2022, avec une contribution majeure des services marchands. Cette tendance reflète une diversification économique en cours, comparable aux pays en développement cherchant à réduire leur dépendance aux secteurs primaires .
Consommation et échanges extérieurs
- Consommation Finale des Ménages En 2022, la consommation finale des ménages a augmenté de 3,5%, illustrant une amélioration du niveau de vie et une augmentation des dépenses en biens et services de consommation. En comparaison, les économies développées ont vu des croissances de consommation plus stables, reflétant la maturité de leurs marchés .
- Importations et Exportations Les importations ont légèrement diminué de 0,2% en 2022, tandis que les exportations ont augmenté de 0,2%. Les exportations de services ont particulièrement bien performé avec une hausse de 13,7%. Les économies émergentes montrent des tendances similaires, équilibrant les défis de la balance commerciale avec la diversification des exportations.
Impact des fluctuations des prix des hydrocarbures
Le prix des hydrocarbures a eu un impact positif significatif sur l’économie algérienne. En 2022, le prix du baril de pétrole brut est passé de 72,4 USD en 2021 à 103,8 USD, soit une hausse de 43,4% . Cette augmentation a stimulé le PIB nominal et les revenus des exportations, tout en soulignant l’importance de la diversification économique pour assurer une stabilité à long terme.
Changement de base et révisions des agrégats économiques
Le passage à la base 2001 a entraîné des révisions positives des niveaux des principaux agrégats économiques. Par exemple, le PIB de 2022 a été révisé à la hausse de 12,8%, passant de 28 386,6 milliards de DA (base 1989) à 32 028,4 milliards de DA (base 2001). Cette révision témoigne d’une meilleure prise en compte des nouvelles sources d’information et des changements structurels de l’économie .
Défis et opportunités
L’Algérie est bien positionnée pour relever les défis économiques, notamment la diversification de son économie pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures. La mise en œuvre de réformes structurelles, l’amélioration de l’environnement des affaires et la promotion de l’innovation et de l’entrepreneuriat sont des priorités pour soutenir une croissance durable. Les opportunités abondent dans les secteurs manufacturiers, des services, des technologies de l’information et de la communication, ainsi que dans l’agriculture et les énergies renouvelables.
Principaux résultats en 2022
1. Structure de la valeur ajoutée
La ventilation de la valeur ajoutée à prix courant par secteurs d’activité permet d’analyser l’évolution de la contribution relative de chaque secteur à cet agrégat. En 2022, les contributions sectorielles ont révélé une prédominance des services, avec 43,4% de la valeur ajoutée totale. Les industries extractives ont maintenu une part significative contribuant à hauteur de 20,7%, suivies par le secteur de la construction, représentant 12,6%. Le secteur agricole, y compris la pêche, a représenté 11,2% de la valeur ajoutée totale en 2022, tandis que les industries manufacturières ont contribué à hauteur de 10,8% de la valeur ajoutée totale. Les activités liées à l’électricité et au gaz ont quant à elles apporté une contribution de 1,3% .
2. Croissance globale et sectorielle
L’économie algérienne a réalisé en 2022 une croissance en termes réels de l’ordre de 3,6% contre 3,8% en 2021. Ces premières appréciations sur la croissance globale montrent qu’en 2022, la croissance enregistrée peut être considérée comme appréciable. Le PIB de 2022, exprimé aux prix courants, est évalué à 32 028,4 milliards de DA contre 25 157,8 milliards de DA en 2021, soit un taux d’accroissement nominal de 27,3% dégageant ainsi une variation annuelle de 22,9% de l’indice implicite des prix du PIB. Cette tendance haussière du niveau du déflateur du PIB s’explique essentiellement par le niveau des prix des produits des hydrocarbures. Ainsi, le prix du baril de pétrole brut est passé de 72,4 USD le baril en 2021 à 103,8 USD en 2022, soit une hausse de 43,4% en 2022 par rapport à 2021 .
En comparant la croissance de l’Algérie avec les autres régions:
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MENA: En 2022, la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) a enregistré un taux moyen de croissance de 3,5%. Les économies fortement dépendantes du pétrole ont bénéficié de la hausse des prix des hydrocarbures, mais les économies moins dépendantes ont connu des croissances plus modestes.
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Afrique: Le taux moyen de croissance en Afrique subsaharienne en 2022 était de 3,7%. La région a bénéficié de réformes structurelles et d’une meilleure gouvernance dans certains pays, affichant des taux de croissance supérieurs à ceux de l’Algérie. Cependant, de nombreux autres pays du continent ont fait face à des défis économiques et politiques, résultant en des croissances plus faibles.
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Monde: À l’échelle mondiale, le taux moyen de croissance en 2022 s’est établi à environ 3,1%. Les économies développées, notamment en Europe et en Amérique du Nord, ont vu des croissances plus faibles en raison de la maturité de leurs marchés et des défis économiques globaux. En revanche, les économies émergentes d’Asie, particulièrement la Chine et l’Inde, ont continué de montrer des taux de croissance élevés grâce à une diversification économique et à des politiques favorables à l’investissement.
Reclassement de l’Algérie : Passage à la Catégorie de “Revenu Intermédiaire à la Tranche Supérieure” selon la Banque mondiale : L’Algérie a été reclassée par la Banque mondiale (BM) de “Revenu Intermédiaire à la Tranche Inférieure” à “Revenu Intermédiaire à la Tranche Supérieure”. Ce reclassement est dû à l’augmentation du Revenu national brut (RNB) par habitant de 3.900 USD à 4.960 USD entre 2022 et 2024. La BM prend en compte divers facteurs tels que la croissance économique, l’inflation, les taux de change et la croissance démographique pour cette classification. Les catégories de classification des économies par la BM pour 2024 incluent les économies à faible revenu (RNB par habitant de 1.135 USD ou moins), les économies à revenu intermédiaire à tranche inférieure (1.136 à 4.465 USD), les économies à revenu intermédiaire à tranche supérieure (4.466 à 13.845 USD) et les économies à revenu élevé (13.846 USD et plus). L’amélioration du classement de l’Algérie est principalement due à la révision complète des statistiques des comptes nationaux par l’Office National des Statistiques (ONS), alignant les normes internationales actuelles et prenant en compte plusieurs facteurs de croissance économique et d’amélioration de la gouvernance des finances publiques.
Conclusion
L’économie algérienne de 2001 à 2022 a traversé des transformations significatives, avec une croissance notable dans plusieurs secteurs clés. Les efforts pour moderniser les infrastructures, diversifier l’économie et améliorer les cadres institutionnels ont contribué à cette dynamique économique positive. Bien que des défis subsistent, l’Algérie est bien placée pour capitaliser sur ses opportunités uniques et poursuivre un développement durable et inclusif. Comparée aux économies régionales et mondiales, l’Algérie démontre une résilience et un potentiel de croissance qui peuvent servir de modèle pour d’autres pays en développement.
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