Le président français Emmanuel Macron a reconnu que Larbi Ben M’hidi, un leader de la Guerre d’indépendance algérienne, a été assassiné par des soldats français.
Le président Emmanuel Macron a reconnu vendredi que le récit propagé par le gouvernement français sur Larbi Ben M’hidi, leader révolutionnaire algérien durant la Guerre d’indépendance, était un mensonge.
À l’époque, la version officielle française prétendait qu’après son arrestation en février 1957, Ben M’hidi avait tenté de se suicider et était mort en route vers l’hôpital.
Cependant, Macron a révélé que des soldats français l’avaient en réalité assassiné sous la supervision d’un général français nommé Paul Aussaresses. Au début des années 2000, Aussaresses avait admis ce crime contre le leader révolutionnaire algérien.
La présidence française a déclaré : « Il a reconnu aujourd’hui que Larbi Ben M’hidi, un héros national pour l’Algérie… a été assassiné par des soldats français, » marquant ”un geste de réconciliation” à l’occasion du 70e anniversaire de la révolte qui a déclenché la guerre.
Vidéo de l’arrestation de Larbi Ben M’Hidi le 23 février 1957. Il sera assassiné par Paul Aussaresses le 4 mars 1957 à l’âge de 34 ans.
Plus d’un million et demi de personnes ont été tuées par les Français durant la Guerre d’indépendance algérienne de 1954 à 1962 après une ère de colonisation française. Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Macron a mené diverses initiatives de réconciliation, mais a évité de présenter des excuses formelles pour l’impérialisme français.
Il est à noter que Ben M’hidi était l’un des membres fondateurs du Front de Libération Nationale (FLN), qui a initié la lutte armée contre l’impérialisme français et l’occupation de l’Algérie.
Macron remet en question l’existence de l’Algérie avant la colonisation française
En 2021, Macron a tenu des propos controversés, choquants et sans précédent à l’encontre de l’Algérie et de son président, Abdelmadjid Tebboune, qu’il accusait d’être influencé par son entourage, malgré les bonnes relations que Macron a affirmé avoir avec le président algérien.
Les déclarations de Macron ont eu lieu lors d’une réunion de deux heures avec 18 jeunes français d’origine algérienne au palais de l’Élysée, visant à « discuter librement » du « conflit » de la France avec l’Algérie, durant lequel la France a tué et mutilé des Algériens. Le journal français Le Monde a rapporté cette réunion.
Macron a condamné ce qu’il appelle la « haine envers la France » dans la société algérienne, affirmant que cela constitue la base de l’histoire officielle de l’Algérie, qu’il a dénoncée comme « complètement réécrite » et « non factuelle. »
« L’histoire officielle algérienne n’est pas fondée sur des faits, mais plutôt sur un discours qui, il faut le dire, repose sur la haine de la France. »
Un retard ironique dans la reconnaissance de l’histoire
Il est fascinant, sinon tragiquement ironique, de constater combien Emmanuel Macron et la France sont en retard pour admettre une vérité que le bourreau lui-même, le général Paul Aussaresses, avait déjà confessée il y a plus de 20 ans. Cette reconnaissance tardive par Macron semble sortir des oubliettes d’une mémoire collective française décidément bien sélective, comme si l’ombre d’Aussaresses n’avait jamais plané sur la conscience nationale. Il a fallu deux décennies et des efforts acharnés pour effacer les traces de ce passé, pour que la France se décide enfin à dire ce que tout le monde savait déjà. Pendant que d’autres nations confrontent leurs responsabilités historiques, la France, elle, avance à reculons, choisissant soigneusement le timing de ses aveux, comme si elle attendait une audience lassée ou amnésique. Peut-être que ce retard est la meilleure preuve que la « grandeur » de la France reste figée dans une époque où l’histoire était manipulée, réécrite et, surtout, dissimulée.
Hope&Chadia