Comme disent les jeunes chez nous, Daoud a offert à nos ennemis un penalty face à une cage vide (tira penalty ouelgol makache)…
En effet, dans un contexte d’hystérie anti-algérienne constamment entretenue par l’aile atlantiste prosioniste de la bourgeoisie française qui a mobilisé, pour la circonstance, tous ses circuits de communication, il n’était pas difficile de deviner le résultat du Goncourt 2024.
Offrir le premier prix à Daoud (qui n’est pas, loin de là, le phénomène de la littérature que nos élites bien-pensantes encensent complaisamment) est manifestement un geste d’hostilité politique crasse contre notre pays.
« Houris » (je l’ai lue) n’est pas non plus une œuvre littéraire exceptionnellement écrite. Ce qui a intéressé, à coup sûr, le jury, c’est que ce livre s’efforce de substituer dans notre mémoire collective la tragédie de la décennie noire (qualifiée de guerre fratricide) aux horreurs, aux crimes et au génocide commis contre notre peuple par l’armée coloniale française.
Daoud, en parfait « contrebandier de l’histoire », use de son anti-islamisme, récent et rémunérateur, pour titiller la fibre antimusulmane qui continue d’enfler dans le microcosme élitiste parisien, pour plaire et « briller ». C’est dans l’air du temps.
Mais ici, avec les convertis à l’idéologie de l’Occident dominant, l’air est vicié par l’opportunisme, ce venin insidieux qui gangrène les valeurs les plus profondes et qui s’infiltre dans le corps social, corrompant tout sur son passage. C’est le poison qui se glisse dans les failles de la dignité et de la décence, y distillant son influence perfide. Dans ce culte du paraître, la vérité devient une marchandise que l’on manipule, trahit et troque au gré des intérêts individuels. C’est une danse écœurante où l’imposture s’impose comme norme, envahissant chaque interstice de l’intégrité humaine et écrasant sous son poids les principes les plus sacrés. Comme on piétine une terre fertile pour en extraire tout ce qu’elle a à offrir, les opportunistes dévastent les fondations de la sincérité, exploitant les valeurs sans jamais rien y semer de politiquement sain et durable.
Mais attention, ce Goncourt dans sa version exotique, « ya bon banania », avait sa ligne rouge : ne pas ouvrir les pages sombres de l’État colonial et néocolonial français. Et faire oublier celles dégoulinant encore de sang des enfants et des femmes, du génocide israélien contre les peuples palestinien et libanais.
L’écrivain franco-rwandais Gaël Faye aurait-il fait les frais de cet interdit (non-dit) avec « Jacaranda », un livre (publié en 2024 chez Grasset) qui traite de l’histoire du génocide des Tutsis au Rwanda où l’État français a été directement impliqué ? A-t-on encore le droit de s’interroger sans subir, chez nous, les affres des partisans du « yesqot ennidham » (ils considèrent l’État national comme un ennemi) qui n’évitent ni alliances ni faits hostiles. Et qui se retrouvent, comme par hasard, en train d’applaudir frénétiquement ce prix politique aux relents anti-algériens.
Et puis franchement, que signifient de tels prix dans un monde incertain et violent où tout est mis en œuvre pour animaliser les humains, où l’on se célèbre et se consacre dans l’entre-soi, sans nuance et sans pudeur ? Quelle valeur humaine accorder à des prix, fussent-ils prestigieux, qui consacrent des va-t-en-guerre au nom de la paix, des imposteurs au nom de la lutte contre l’islamisme… et laissent l’État sioniste mener sa guerre sans limite et sans fin contre les Palestiniens et les Libanais ?
Enfin, que penser du jury qui a primé un transfuge de notre pays, qui s’est immédiatement mué en supplétif de l’ordre néocolonial et en naturalisé anti-Mélenchon et anti-France Insoumise parce qu’ils s’opposent, à contre-courant, au génocide qui se déroule impunément en Palestine et au Liban ?
Alger, le 5 novembre 2024
Collectif ÉCHOS DE LA VIE ICI-BAS