L’Algérie s’engage dans une reconfiguration stratégique de ses relations avec l’Union européenne (UE), marquée par la révision de l’accord d’association signé en 2002. Cette initiative, supervisée par le président Abdelmadjid Tebboune, reflète une Algérie transformée, prête à redéfinir sa place dans le concert des nations. Alors que la France peine à s’adapter aux nouvelles réalités, l’Italie apparaît comme un modèle possible de partenariat équilibré et respectueux, offrant des enseignements précieux pour l’avenir des relations algéro-européennes.
L’accord de 2002 : un partenariat déséquilibré
Conçu dans un contexte de vulnérabilité pour l’Algérie, l’accord d’association avec l’UE a été largement critiqué pour ses effets asymétriques. Il a permis à l’Europe, et principalement à la France, de transformer l’Algérie en un marché captif pour ses produits, souvent de qualité inférieure, tout en limitant les exportations algériennes. Résultat : un déficit commercial chronique et une absence de transfert technologique ou d’investissements significatifs.
Cette situation a renforcé un sentiment d’injustice en Algérie, où cet accord est vu comme un prolongement des rapports coloniaux. Aujourd’hui, forte de ses avancées économiques et de son influence grandissante, l’Algérie réclame une refonte complète de ces relations pour qu’elles reflètent ses priorités stratégiques.
L’exemple italien : un modèle de coopération équitable
Face aux critiques de la relation franco-algérienne, l’Italie se distingue comme un partenaire plus respectueux et pragmatique. Historiquement, l’Italie a maintenu une approche moins paternaliste dans ses relations avec l’Algérie, favorisant des partenariats basés sur des intérêts mutuels. Ce modèle offre plusieurs enseignements utiles :
- Un respect de la souveraineté algérienne : Contrairement à la France, l’Italie n’a jamais cherché à s’immiscer dans les affaires internes de l’Algérie. Ce respect a permis de bâtir une relation de confiance.
- Des investissements ciblés : L’Italie a démontré une réelle volonté d’investir en Algérie, notamment dans les secteurs énergétiques et industriels. Des entreprises comme ENI ont joué un rôle clé dans le développement des capacités énergétiques algériennes, tout en transférant une expertise technique précieuse.
- Une coopération culturelle et scientifique : L’Italie a également misé sur des initiatives culturelles et éducatives, favorisant les échanges universitaires et la promotion de la langue italienne. Ces efforts renforcent les liens entre les deux nations et valorisent le potentiel humain algérien.
Cette approche pragmatique et équilibrée contraste avec l’attitude française, souvent perçue comme condescendante. Elle illustre ce que pourrait être une relation véritablement partenariale entre l’Algérie et ses voisins européens.
Une Algérie prête à redéfinir ses priorités
En s’inspirant de l’exemple italien, l’Algérie se positionne pour négocier des accords plus avantageux avec l’UE. Parmi les priorités identifiées, trois axes se démarquent :
- La diversification économique : L’Algérie veut dépasser son rôle de fournisseur de matières premières en misant sur l’agriculture biologique, les industries de transformation et les technologies vertes. Ces secteurs offrent des opportunités d’exportation tout en répondant aux besoins croissants des marchés européens.
- Le transfert technologique : L’Algérie exige des partenariats qui incluent un véritable partage de savoir-faire. Cela concerne notamment les secteurs de l’énergie renouvelable, des technologies de l’information et de la santé.
- Une diplomatie économique proactive : En intégrant des modèles comme celui de l’Italie, l’Algérie peut élargir ses horizons et multiplier les partenariats avec des pays respectueux de sa souveraineté, notamment en Asie, en Afrique et en Amérique latine.
La France : une influence en déclin
Alors que l’Algérie cherche à diversifier ses partenariats, la France apparaît comme la grande perdante de cette révision stratégique. Ses tentatives de maintenir une relation déséquilibrée se heurtent à une Algérie résolument tournée vers l’avenir. Le contraste avec l’Italie, perçue comme un partenaire fiable, accentue encore la marginalisation de Paris dans les relations algéro-européennes.
Ce déclin est également symptomatique d’un changement plus large en Afrique, où de nombreux pays rejettent l’influence française au profit de partenariats diversifiés. L’Algérie, en assumant un rôle de leader dans ce processus, montre la voie à suivre pour d’autres nations du continent.
Une leçon pour l’Europe
La révision de l’accord d’association avec l’UE est une opportunité pour l’Europe de repenser sa relation avec l’Algérie. Le modèle italien, basé sur le respect mutuel et la coopération équitable, pourrait servir d’inspiration pour établir des partenariats durables et bénéfiques pour les deux parties.
Pour l’Algérie, cette démarche représente bien plus qu’une simple négociation commerciale. Elle affirme son indépendance, renforce son rôle régional et ouvre la voie à une nouvelle ère de relations internationales, où les rapports de force traditionnels sont remis en question.
En s’inspirant des bonnes pratiques de partenaires comme l’Italie, l’Algérie ne se contente pas de réviser un accord. Elle redéfinit sa place sur la scène mondiale, tout en envoyant un message clair : les temps ont changé, et l’Algérie est prête à écrire son propre avenir.
Hope&Chadia