C’est à bord d’un Falcon présidentiel que Nicolas Lerner, chef des services secrets extérieurs français (DGSE), aurait fait un aller-retour express en Algérie. Un voyage qui, à première vue, semble tout droit sorti d’une intrigue de roman d’espionnage mais qui, à y regarder de plus près, prend des airs de pélerinage diplomatique teinté de repentance. Est-ce à cela que se résume la diplomatie française en 2025 ? Un voyage à Canossa sans le panache de l’empereur Henri IV, mais avec le réalisme d’un chef de service en quête de dégâts limités.
À quoi joue Paris ?
Dans un contexte où les relations franco-algériennes n’ont jamais été aussi froides depuis des années, la visite de M. Lerner à Alger a de quoi intriguer. Officiellement, silence radio. Officieusement, les langues se délient : accusations d’espionnage, opérations clandestines sous couvert d’associations de déradicalisation, et tensions liées à la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental. Bref, un cocktail explosif où chaque ingrédient semble ajouter un peu plus de piquant à une situation déjà bien pimentée.
Il est important de rappeler que l’Algérie reproche à la DGSE d’avoir mené des opérations sur son sol, impliquant notamment des anciens radicalisés envoyés vers des zones de conflit. Ce type de manoeuvres, si elles sont avérées, relève d’un amateurisme digne d’une série Netflix ratée. Et pourtant, au lieu de démentir avec aplomb, la France semble multiplier les maladresses. Le résultat ? Une convocation sèche de l’ambassadeur français à Alger, un blocage des relations diplomatiques, et une image ternie de chaque côté de la Méditerranée.
Nicolas Lerner : l’envoyé « spécial »
Nicolas Lerner, fraîchement nommé à la tête de la DGSE après un passage controversé à la DGSI, semble avoir hérité d’un rôle ingrat. Membre de la même promotion que le président Macron à l’ENA, il fait partie de cette garde rapprochée prête à se salir les mains pour sauver ce qui peut encore l’être. Mais à quel prix ? Selon certaines sources, son séjour en Algérie n’aurait duré que quarante minutes – un record digne des meilleures visites à l’improviste. Qu’y a-t-il été dit ? Rien ne filtre, mais une chose est sûre : ce genre de mission n’est pas anodin.
On peut s’interroger sur les motivations réelles de cette visite. Était-ce une tentative de réparation ? Un acte de contrition pour apaiser les esprits algériens ? Ou bien une manoeuvre d’intimidation voilée sous un prétexte diplomatique ? Les hypothèses sont multiples, mais elles pointent toutes vers une même conclusion : la France semble jouer une partie qu’elle est en passe de perdre.
Des relents coloniaux mal digérés
Il est difficile d’ignorer l’héritage colonial qui pèse encore sur les relations entre les deux pays. Chaque geste, chaque mot semble chargé de cette histoire tumultueuse. La France, en reconnaissant la marocanité du Sahara occidental, a franchi une ligne rouge aux yeux d’Alger, principal soutien du droit à l’autodétermination des peuples sahraouis. Ce revirement, perçu comme une trahison, a été le point de départ d’une dégradation irréversible des relations bilatérales.
Et pourtant, à chaque fois que Paris tente de regagner la confiance d’Alger, cela se fait avec une maladresse déconcertante. En envoyant le patron de la DGSE – l’institution même accusée d’ingérence – négocier en catimini, la France n’a fait qu’aggraver son cas. Cela revient à demander pardon tout en continuant de piétiner les plates-bandes de son voisin.
Une leçon pour l’avenir ?
Ce voyage à Canossa 2.0, s’il illustre une chose, c’est bien la gestion chaotique des relations internationales par un pays autrefois considéré comme une puissance majeure. La France, embourbée dans ses contradictions, peine à trouver un cap clair. Alors que l’Algérie multiplie les alliances stratégiques avec des acteurs comme la Russie, la Chine, et même des pays du Sahel, Paris continue de jouer une carte usée et désynchronisée de la réalité géopolitique actuelle.
Les Franco-Algériens, pris entre deux feux, pourraient bien être les grands perdants de ce bras de fer stérile. Mais dans cette débâcle, une chose reste certaine : les maladresses françaises n’ont pas fini d’étonner. Peut-être qu’un jour, Paris comprendra que l’histoire ne s’efface pas avec des excuses à demi-mot ou des visites secrètes.
Hope&ChaDia