Chaque année, le 22 avril réveille dans la mémoire algérienne l’une des résistances les plus farouches contre l’occupation coloniale : celle menée par Cheikh Bouamama et les Ouled Sidi Cheikh. Ce 22 avril 1881 marque le début d’un combat acharné qui dura jusqu’en 1908, une lutte de près de trois décennies qui témoigne de la ténacité du peuple algérien face à l’oppression.
Un Héros Insoumis au Cœur du Sud-Ouest Algérien
Cheikh Bouamama, né en 1840, s’inscrit dans la lignée des grandes figures de la résistance algérienne, après l’Émir Abdelkader et Cheikh El Mokrani. Refusant la soumission, il fédère les tribus du Sud-Ouest algérien – notamment autour de Aïn Sefra, El Bayadh et Béchar – pour repousser les forces coloniales françaises.
L’insurrection naît d’une révolte contre l’oppression systématique, les spoliations de terres, et l’humiliation infligée aux tribus. Le 22 avril 1881, Bouamama lance un appel au jihad, marquant le point de départ d’une guerre de guérilla redoutable, exploitant la connaissance du terrain et la solidarité tribale pour déstabiliser l’ennemi.
Une Résistance Stratégique et Endurante
De 1881 à 1908, la résistance des Ouled Sidi Cheikh se distingue par sa longévité et ses méthodes d’harcèlement : attaques éclairs, embuscades, et repli dans les zones désertiques échappant au contrôle colonial. Malgré la répression violente, les colonnes françaises, et la politique de la terre brûlée, Bouamama tient bon, incarnant la volonté d’un peuple à rester maître de son destin.
Cette capacité à résister, souvent dans l’ombre de l’histoire officielle, mérite une reconnaissance plus large tant elle reflète l’essence de la lutte anticoloniale algérienne.
Le Cinéma au Service de la Mémoire : “L’Épopée du Cheikh Bouamama”
En 1985, l’Algérie indépendante choisit de rendre hommage à ce héros parfois oublié à travers le film L’Épopée du Cheikh Bouamama, réalisé par Benamar Bakhti. Produit par la RTA, ce long-métrage met en scène Athmane Artouet dans le rôle du chef résistant, soutenu par une distribution d’acteurs algériens et français.
Ce film n’est pas une simple biographie cinématographique. Il est une œuvre de mémoire, une reconstitution vivante de la résistance, qui allie faits historiques et choix dramatiques. Le réalisateur prend quelques libertés narratives pour condenser le récit, mais sans trahir l’esprit de lutte et de dignité porté par Bouamama.
Je trouve que ce film est bien plus qu’un hommage : c’est une passerelle entre l’histoire et le présent, un rappel que la liberté s’ancre dans des sacrifices que le cinéma peut sublimer.
Entre Héritage Historique et Devoir de Mémoire
Près de quarante ans après sa sortie, ce film reste une référence du cinéma historique algérien, et un outil essentiel pour transmettre aux nouvelles générations l’histoire de leurs ancêtres résistants. Il contribue à inscrire Cheikh Bouamama dans la conscience collective comme symbole d’un refus absolu de la domination.
En cette date du 22 avril, il serait juste que l’Algérie reconnaisse officiellement cette résistance comme un jalon majeur de son histoire. Célébrer Bouamama, c’est honorer toutes les luttes populaires, c’est faire vivre la mémoire de ceux qui ont refusé l’effacement.
✊ Gloire aux martyrs de la résistance algérienne !
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Hope&ChaDia