Comment Jeune Afrique, journal de la Françafrique, du Makhzen, et in fine de ceux qui sèment le désespoir parmi notre jeunesse, vous utilise contre votre pays
signé Hope&ChaDia
Cher Monsieur Haba,
Il y a quelques jours, le journal Jeune Afrique vous consacrait un long portrait flatteur, vous érigeant en « symbole de la réussite des cerveaux exportés ».
En apparence, l’article semblait un hommage : un enfant d’un village sans électricité, devenu une figure de la microélectronique mondiale.
En réalité, il n’était qu’une nouvelle illustration d’une guerre bien plus subtile : celle qui vise, par des récits soigneusement calibrés, à semer dans le cœur de notre jeunesse l’idée qu’il faut partir pour réussir, que ce pays n’offre pas d’avenir, que la seule voie vers l’accomplissement passe par l’exil.
Car Jeune Afrique n’est pas un journal neutre : c’est, depuis des décennies, un organe de la Françafrique, aujourd’hui relayé par les réseaux du Makhzen et de forces étrangères qui mènent contre notre pays une véritable guerre hybride, où l’arme principale est le désespoir.
Le récit est toujours le même : « l’État algérien empêche ses enfants de réussir », « ceux qui partent s’épanouissent, ceux qui restent végètent ».
Et pour l’illustrer, on utilise des figures comme la vôtre.Dès les premières lignes, le ton est donné :
« Belgacem Haba, “l’homme aux mille brevets”, trône au sommet du panthéon des “cerveaux exportés”, ces enfants du pays partis briller sous d’autres cieux. »
La formule est habile : elle célèbre votre parcours tout en rappelant que, pour briller, il aurait fallu partir.Un peu plus loin, l’article glisse :
« Il gravit les échelons d’un système éducatif encore en construction. »
Sous-entendu : même votre formation initiale ne devait rien à un système encore jugé immature.Puis, en racontant votre retour en Algérie en 1990 :
« Mais la décennie noire s’installe, la violence aussi. Il refait ses valises. »
Là encore, l’image d’un pays de fuite, incapable de garantir un avenir à ses enfants.Enfin, le paragraphe le plus pernicieux :
« Comme l’écrit Ismail Zanoune, un blogueur abrité par le site d’information Mediapart : “Dans les ruelles d’Adrar (Sud algérien), pas une ampoule ne s’allume grâce à lui. Les brevets s’empilent, là-bas dans des bureaux climatisés de Californie, tandis qu’Alger tousse sous le froid et la bureaucratie.” »
Qu’on le veuille ou non, ce genre de phrases reste dans les esprits. Et ce qu’elles disent à nos jeunes, c’est simple : ici, rien ne sert à rien. Seul l’ailleurs a du sens.
Vous n’êtes pas le premier : on a vu la même mise en scène avec des sportifs, des artistes, des chercheurs — toujours les mêmes ficelles.
Mais ce qui est plus grave, c’est que, volontairement ou non, vous contribuez à cette mécanique.
Lors de vos retours en Algérie, vous sillonnez les universités, vous racontez votre “rêve américain”, votre réussite en Californie.
Vous le faites, sans doute, avec l’intention sincère d’inspirer.
Mais ce que retient notre jeunesse, en mal d’espoir et de perspectives, c’est surtout ceci : « Ici, je n’ai pas d’avenir. Là-bas, je peux briller. »
Vous n’êtes pas le seul responsable : le système a ses faiblesses, nos élites politiques doivent encore mieux soutenir nos scientifiques.
Mais en ce moment précis, en ces temps difficiles où le patriotisme économique et intellectuel est vital, ce discours d’exil devient un poison.
Pendant ce temps, sur notre sol, des chercheurs, des professeurs, des ingénieurs restent, travaillent, innovent, souvent dans des conditions bien plus rudes que les vôtres. Ceux-là méritent qu’on les mette à l’honneur.
Alors, Monsieur Haba, cette lettre n’est pas un procès.
Vous avez eu un parcours remarquable. Vous méritez le respect.
Mais je vous appelle, fraternellement, à mesurer l’impact de ce que vous dites, de ce que certains écrivent sur vous, et à quelle guerre ces discours participent malgré vous.
Le vrai message que nous attendons, et que notre jeunesse a besoin d’entendre, est simple : « Nous sommes partis pour apprendre davantage, mais la base de notre réussite, c’est l’Algérie. Et de là où nous sommes, ou en revenant, nous contribuons à son développement — dans l’enseignement, la recherche, l’économie, ou d’autres domaines. »
Voilà le récit dont notre pays a besoin : un récit de liens, de retour, de contribution, et non d’abandon.
Vous êtes aujourd’hui une figure publique. Vous avez une responsabilité.
Notre pays a besoin de ses forces vives.
Pas de récits qui incitent à l’abandon.
Enfin, à Jeune Afrique, à ses commanditaires déclarés ou masqués, nous disons ceci :
Votre jeu est éventé. Votre guerre hybride ne passera pas. Le peuple algérien, malgré ses blessures et ses difficultés, relève la tête. Il ne se laissera pas convaincre qu’il est condamné à l’échec.
À Belgacem Haba et à nos frères expatriés, nous tendons la main : venez, ou à distance, contribuer à bâtir ici, sans alimenter les récits de ceux qui rêvent de voir l’Algérie exsangue de sa jeunesse.
Hope&ChaDia