Une réponse nécessaire à une lecture précipitée
Dans une chronique publiée sur le journal ElWatan à propos du drame du 5 Juillet Intitulee Commentaire : Comités de supporters. Les Ultras sur le gril, une analyse avance que les groupes de supporters Ultras seraient en voie de devenir les « coupables désignés » de la tragédie. Cette lecture, suggérant que la dissolution de ces groupes pourrait être accélérée, appelle une réponse de principe.
Une commission vient tout juste d’être installée
La commission d’enquête, ordonnée par le président de la République et installée par le ministre de l’Intérieur, vient à peine de commencer son travail. Elle réunit des représentants de plusieurs ministères, des services de sécurité, de l’urbanisme et des clubs concernés. En amont de toute conclusion ou hypothèse, il convient de rappeler qu’aucun rapport n’a encore été publié. Anticiper des responsabilités ou annoncer des solutions avant même les premières auditions reviendrait à vider l’enquête de son sens.
Une priorité : laisser l’enquête faire son travail
Le drame du 5 Juillet implique plusieurs dimensions : infrastructure vieillissante, sécurité des installations, gestion des flux de supporters, encadrement organisationnel. Réduire l’analyse à la seule implication des Ultras revient à détourner le regard des responsabilités systémiques, potentiellement plus graves, et à déplacer le débat vers une cible commode.
Ce serait comme si, après l’accident d’un bus ou d’un tramway, on accusait les usagers réguliers de s’être mal assis ou d’avoir été trop agités — au lieu d’interroger l’état du véhicule, l’etat de la route, les intemperies, ou encore la compétence du chauffeur ce jour-là. Une telle manière d’aborder les choses ne vise ni la vérité, ni la justice, ni la prévention réelle.
Une mise en garde citoyenne
Oui, il faut regarder en face toutes les causes — y compris les comportements collectifs, parfois déviants — mais sans évacuer les faits matériels : les premières images du stade, les alertes antérieures sur l’état des tribunes, les contrats de réfection non exécutés. Si, parmi des dizaines de milliers de jeunes présents, une poignée a commis des imprudences, cela ne suffit pas à éclipser les responsabilités techniques, structurelles, ou organisationnelles.
En ciblant trop vite une catégorie entière de la jeunesse, on risque de lui inculquer un sentiment d’injustice et de rancœur envers les institutions de l’État, au moment même où celui-ci a exprimé une volonté claire de vérité. Ce serait non seulement injuste, mais aussi inefficace et dangereux — surtout dans une Algérie nouvelle qui a tout à gagner à unir plus que jamais.