L’Algérie face au défi stratégique de la voiture électrique : une souveraineté énergétique à bâtir
Les 12e Journées scientifiques et techniques de la Sonatrach, organisées au Centre de Conventions d’Oran, ont été l’occasion d’un échange exceptionnel avec le professeur Karim Zrib, chercheur algérien de renommée internationale et professeur à l’Université Concordia au Canada.
Installé sur le plateau d’AL24 News, il a partagé sans détour sa vision d’une révolution industrielle que l’Algérie ne peut plus se permettre d’ignorer : la transition vers la voiture électrique.
Dès les premières minutes, le professeur Zrib a rappelé les fondements de cette industrie, en soulignant que les brevets de base des batteries lithium-ion ont été développés à Hydro Québec, là où il a travaillé pendant 28 ans. Il est revenu sur l’exemple marquant de Tesla, qui dès 2008 a bouleversé le marché mondial en transformant une simple Lotus en modèle électrique, là où les grands constructeurs dormaient sur leurs certitudes.
Aujourd’hui, la voiture électrique n’est plus un gadget, mais un pilier incontournable de l’économie mondiale. Au Québec, où il vit, la moitié du parc automobile est déjà électrifié.
Selon lui, l’Algérie possède tous les ingrédients d’un scénario gagnant :
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Des minéraux critiques (fer, phosphate, lithium) indispensables à la fabrication des batteries.
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Un capital énergétique abondant et peu coûteux, notamment le gaz naturel.
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Une position géographique stratégique entre l’Afrique, l’Europe et le monde.
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Un potentiel humain considérable, capable de bâtir une industrie nationale.
Mais, il prévient : le lithium, c’est une question de souveraineté nationale. Il faut impérativement que cette filière reste sous contrôle étatique, comme le pétrole et le gaz, pour ne pas hypothéquer l’avenir des générations futures.
Le professeur a salué avec insistance la volonté politique actuelle, affirmant n’avoir « jamais vu un tel niveau de mobilisation » autour de ce projet. Il a cité la détermination affichée par le président de la République, ainsi que le travail d’équipe entre le ministère de l’Énergie, la Sonatrach et d’autres institutions.
Pour réussir, il appelle à focaliser les efforts sur les batteries fer-phosphate, une technologie à fort potentiel qui exploite les ressources locales, et à planifier soigneusement les partenariats industriels et financiers.
Concernant le consommateur algérien, il plaide pour des mesures incitatives fortes, sur le modèle canadien : primes à l’achat, subventions pour les bornes de recharge, suppression des droits de douane sur les véhicules électriques et hybrides rechargeables.
Avec ce soutien, estime-t-il, l’Algérie pourrait devenir en quelques années un leader africain du véhicule électrique.
Cet entretien passionnant montre qu’au-delà des discours, une stratégie nationale ambitieuse est en marche, mêlant souveraineté, innovation et responsabilité intergénérationnelle.
Pour découvrir l’intégralité de cette conversation enrichissante et inspirante, je vous invite à visionner l’entretien ici :
Hope&ChaDia