par Hope&ChaDia
L’Europe est née à Rome, pas à Bruxelles
Lorsqu’Abdelmadjid Tebboune foule le sol italien ce 22 juillet 2025, ce n’est pas simplement une visite d’État : c’est une déclaration de trajectoire. Alors que Bruxelles vient de déclencher une procédure d’arbitrage contre l’Algérie, dans une tentative de coercition commerciale, Alger répond non pas par une posture défensive, mais par un mouvement latéral — vers Rome.
Il faut dire que ce déplacement présidentiel intervient dans un climat particulier : l’Union européenne, sous impulsion franco-bruxelloise, accuse l’Algérie de bloquer certains investissements et échanges, notamment l’importation de marbre. Mais derrière les clauses juridiques, il y a un message politique que l’Algérie a parfaitement saisi. Et auquel elle choisit de répondre à sa manière, en renforçant ses liens avec un partenaire méditerranéen fiable, stable, et surtout : respectueux.
Bruxelles l’administrative, Rome la civilisation
Il est tentant de croire que Bruxelles et Rome jouent à armes égales dans la diplomatie européenne. Ce serait oublier que Bruxelles n’est devenue capitale de quelque chose qu’au XXe siècle, par la grâce des institutions européennes, et non par le souffle de l’histoire.
À l’époque où Rome dictait le droit romain, construisait les routes, gouvernait la Méditerranée et accueillait les élites de la Numidie, Bruxelles n’était qu’une forêt humide, un territoire de peuplades celtiques bientôt écrasées par César. Elle n’apparaît dans les archives qu’au Xe siècle, village de la Senne, sans rayonnement ni ambition.
Rome, au contraire, fut le centre du monde. Capitale d’un empire qui intégrait Alger bien avant Paris. Une ville où l’on débattait de citoyenneté universelle quand le sol belge n’était encore que marécage et silence.
Tebboune ne choisit pas Rome par hasard
En se rendant à Rome au moment même où Bruxelles brandit le bâton juridique, Tebboune envoie un double message :
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d’abord à l’Europe : toutes vos capitales ne se valent pas ;
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ensuite à l’Algérie : nous ne cherchons pas la soumission, mais des partenaires à hauteur d’Histoire.
Car l’Italie — malgré ses propres faiblesses — n’a jamais abordé l’Algérie avec arrogance. Elle n’a pas imposé de normes politiques en échange de gaz, ni transformé les forums diplomatiques en tribunaux moralisateurs. Elle a proposé des projets concrets : Fiat à Oran, partenariats agricoles, discussions énergétiques sur l’hydrogène.
Et surtout, elle n’a pas oublié que la Méditerranée unit plus qu’elle ne sépare. Ce que Bruxelles, prisonnière de ses logiciels nordiques, ne comprend toujours pas.
De Rome à Bruxelles : l’Europe a oublié d’où elle vient
L’Union européenne, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est née du Traité de Rome signé le 25 mars 1957. Ce traité fondateur établissait la Communauté économique européenne (CEE), première brique concrète d’un projet de paix, d’intégration et de développement commun entre les peuples européens.
C’est donc à Rome que l’Europe politique et économique moderne a été conçue.
Or, ironie de l’histoire : malgré cette genèse prestigieuse, c’est Bruxelles, ville sans héritage impérial, sans philosophie civilisatrice propre, qui est devenue le siège de la majorité des institutions européennes.
Ce déplacement du cœur vers la périphérie n’a jamais été le fruit d’un choix noble ou symbolique. Bruxelles a été choisie par défaut, faute de consensus entre grandes puissances, parce qu’elle ne faisait peur à personne.
Une capitale installée sans mémoire, pour un projet censé faire mémoire.
L’histoire se venge parfois
Il y a quelque chose de savoureux à voir aujourd’hui Bruxelles convoquer Alger à la table de l’arbitrage, quand on se souvient que sans Rome, Bruxelles n’aurait peut-être jamais existé. Sans la Gallia Belgica, sans les routes romaines, sans le latin devenu français, sans les modèles administratifs exportés de la Louve, que serait ce petit bourg des brumes ?
Bruxelles impose des règles, mais Rome a fondé le droit.
Bruxelles calcule des quotas, Rome formulait des principes.
Et c’est peut-être pour cela que l’Algérie choisit de tendre la main à Rome : parce que, face à l’esprit de conquête déguisé en formulaire Excel, elle préfère dialoguer avec ceux qui ont un souvenir de l’Histoire et un goût pour la dignité.
Une diplomatie avec mémoire
Ce déplacement à Rome s’inscrit dans une géopolitique de plus en plus claire : l’Algérie tisse ses alliances selon des logiques de mémoire, de respect, et d’intérêt mutuel. Loin des injonctions de Bruxelles, elle regarde vers ceux qui partagent son horizon — pas seulement énergétique, mais civilisationnel.
Alors oui, Tebboune va en Italie, parce que quand Rome était Rome, Bruxelles n’était rien.
Et parce que dans un monde où tout le monde veut commander, l’Algérie préfère converser avec ceux qui ont su commander et savent encore écouter.
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Excellent !