Dans un entretien accordé au quotidien italien La Repubblica et rapporté par le Guardian, l’écrivain israélien David Grossman – figure majeure de la littérature et critique de longue date des gouvernements successifs – a déclaré qu’il ne pouvait plus éviter d’utiliser le mot « génocide » pour décrire la campagne menée par Israël à Gaza.
Grossman, lauréat du Prix d’Israël en 2018, confie qu’il a longtemps refusé de prononcer ce terme, conscient de son poids historique. Mais aujourd’hui, « après ce que j’ai lu, vu et entendu de témoins directs, je ne peux plus m’en empêcher ». Il souligne que l’association entre les mots « Israël » et « faim » est un choc moral, d’autant plus venant d’un peuple qui se réclame d’une sensibilité particulière à la souffrance humaine.
Il pointe la responsabilité historique de l’occupation des territoires palestiniens depuis 1967, qu’il considère comme « la malédiction » ayant corrompu Israël : une puissance militaire devenue tentée par « l’absolu pouvoir » et la croyance de pouvoir tout se permettre.
Alors que la France et le Royaume-Uni s’apprêtent à reconnaître l’État de Palestine, Grossman se dit favorable à cette reconnaissance sous conditions strictes : absence d’armes, élections transparentes et exclusion de toute personne prônant la violence contre Israël. Il reste attaché à la solution à deux États, qu’il juge être « le seul plan », tout en appelant à la maturité politique des deux camps face aux inévitables attaques.
Ces déclarations interviennent quelques jours après que deux grandes ONG israéliennes de défense des droits humains ont également accusé Israël de commettre un génocide à Gaza, dans un contexte d’alerte mondiale croissante sur la famine dans l’enclave.