Les derniers indicateurs de confiance sont au rouge vif : le moral des ménages est tombé plus bas qu’au plus fort du Covid-19 et des Gilets jaunes, l’investissement cale, la consommation s’étiole et le chômage menace. À l’antenne hier soir, l’économiste Marc Touati a parlé d’un “cercle vicieux” déjà enclenché : activité en baisse → emploi en berne → déficits qui grossissent → intérêts qui montent → activité qui replonge.
Sur la dette, le signal d’alarme est clair : plus de la moitié (≈54 %) est détenue par des investisseurs étrangers. S’ils se détournent, les taux grimpent mécaniquement, renchérissant le crédit des ménages, des entreprises et de l’État. L’ombre d’un déclassement de la note souveraine plane, avec des contraintes statutaires pour de nombreux fonds qui ne pourraient plus acheter la dette française en cas de passage à “A simple”.
Sur le terrain, le malaise se chiffre : records de défaillances d’entreprises “jamais vus” selon les données citées, au-dessus même du pic 2008-2009 en excluant les micro-structures ; fréquentation des supermarchés en berne ; hausse des taux immobiliers qui gèle des projets ; indicateurs de climat des affaires en zone de récession. Tout cela avant même le test politique du 8 septembre.
Le diagnostic budgétaire est, lui aussi, sans fard : les économies envisagées (≈40 Md€) restent loin du compte au regard d’une dépense publique toujours ascendante, dont les dépenses de fonctionnement auraient bondi d’environ 22 % depuis 2021, quand les dépenses sociales progressaient d’environ 11 %. Touati cible en particulier le “mille-feuille” administratif, évoquant quelque 700 ODAC pour un coût agrégé d’environ 150 Md€ par an.
Le verrou des taux d’intérêt apparaît comme le facteur le plus explosif. La dette française étant détenue à plus de 50 % par des investisseurs étrangers, toute dégradation de la note souveraine rendrait mécaniquement inéligible une partie de cette dette pour de nombreux fonds et banques. Cela se traduirait par une envolée automatique des taux, aggravant le coût du crédit immobilier, de la consommation et de l’investissement, et entraînant à son tour plus de faillites, plus de chômage et plus de déficit. C’est un engrenage dont il est quasiment impossible de sortir à court terme.
Face à cette spirale, l’économiste plaide pour une “thérapie de choc bienveillante” : réduire les dépenses de fonctionnement improductives, auditer et rationaliser les couches administratives, puis rendre du pouvoir d’achat net par une baisse ciblée de la CSG et du coin fiscalo-social, sans casser l’État protecteur mais en l’obligeant à mieux dépenser. Message connexe : réindustrialiser par des actes (fiscalité, énergie, normes) plutôt que par des slogans.
Notre lecture : cette “thérapie de choc” reste, en réalité, hors d’atteinte à court terme. Comme Touati le rappelle, la haute fonction publique oppose une inertie puissante, protégeant ses privilèges et multipliant les dépenses clientélistes. La majorité parlementaire fait défaut, empêchant toute réforme d’ampleur. Les gouvernements successifs n’ont jamais eu le courage de réduire les dépenses improductives, préférant augmenter les impôts ou laisser filer la dette. À cela s’ajoute une population dont 60 % dépend directement ou indirectement de la puissance publique, donc peu encline à accepter un tel choc. Ce verrouillage institutionnel rend impossible toute solution immédiate, ce qui condamne la France à l’attente d’une crise encore plus brutale avant que les réformes ne s’imposent.
APPEL AU 10 SEPTEMBRE — POUR UNE DÉSOBÉISSANCE CIVILE PACIFIQUE ET VISIBLE
Le 10 septembre, deux francais sur trois compte agir pour que chacun transforme l’inquiétude en geste civique, ferme mais non violent : boycotts ciblés et déclarés, grèves de la consommation sur la journée, rassemblements déclarés en préfecture, port d’un signe distinctif commun, interpellation coordonnée des députés et maires avec des demandes précises (audit des dépenses de fonctionnement, calendrier de baisse du coin social, feuille de route énergie-industrie). La France a besoin d’un électrochoc démocratique qui rappelle que la souveraineté économique commence par la clarté des comptes et la dignité des revenus.
1 comment
Je pense que la mobilisation sera générale et bien suivie.
Un ressentiment profond doit s’exprimer..