L’économie algérienne a confirmé en 2024 une dynamique de croissance appréciable, malgré un contexte international marqué par la volatilité des prix énergétiques. Selon les comptes économiques publiés par l’ONS, le produit intérieur brut (PIB) réel a progressé de 3,7 %, porté principalement par l’agriculture, l’industrie et les services.
En valeur, le PIB atteint 36 103 milliards de dinars, soit environ 269 milliards de dollars, en hausse de 7,2 % par rapport à 2023. Ce résultat reflète aussi une évolution de l’indice implicite des prix du PIB de +3,4 %, traduisant une inflation maîtrisée à l’échelle macroéconomique.
Hors hydrocarbures, une croissance plus vigoureuse
Le PIB hors hydrocarbures enregistre une progression de +4,8 %, contre 4,3 % un an plus tôt. L’agriculture (+5,3 %), l’industrie agroalimentaire (+5,2 %), le textile (+10,3 %) et le commerce (+7,4 %) ont fortement contribué à ce dynamisme. Le secteur de l’électricité et du gaz a également affiché une solide performance (+6,1 %), tandis que la construction poursuit sa reprise (+3,8 %).
Les services restent le socle de l’économie, représentant 47,2 % de la valeur ajoutée totale. Ils confirment leur rôle central avec de bons résultats dans le commerce, les transports et l’hôtellerie-restauration (+8,2 %).
Consommation et investissement en hausse
La demande intérieure a continué de progresser, avec une hausse de 6,9 %. La consommation des ménages a crû de 3,9 %, soutenue malgré un déflateur de 4,8 %, tandis que les dépenses publiques ont légèrement ralenti (+2,8 %).
L’investissement connaît un véritable bond : la formation brute de capital fixe (FBCF) progresse de +9,8 % en volume et de +15,3 % en valeur, signe d’une intensification des projets d’équipement.
Commerce extérieur : le talon d’Achille
La principale ombre au tableau reste le commerce extérieur. En 2024, les importations de biens et services ont encore augmenté (+11,9 %), alors que les exportations reculaient de 2,4 %.
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Les exportations d’hydrocarbures, malgré leur poids stratégique, ont diminué de 1,9 % sous l’effet de la baisse des prix du pétrole.
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Les exportations hors hydrocarbures enregistrent une chute inquiétante de 20,8 %, après une progression en 2023.
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Seuls les services affichent une embellie notable (+14,3 %), mais insuffisante pour rééquilibrer la balance.
Résultat : le déficit commercial se creuse, confirmant la dépendance persistante du pays vis-à-vis des importations.
Une économie en transition
L’Algérie donne des signaux de diversification encourageants. La part des hydrocarbures dans la valeur ajoutée est tombée à 17,9 %, contre près de 50 % il y a deux décennies. Mais l’industrie hors hydrocarbures reste faible (4,9 % du PIB), ce qui limite l’impact de cette diversification sur les équilibres extérieurs.
En résumé, l’économie algérienne a connu en 2024 une croissance solide et plus diversifiée, soutenue par l’investissement et les services. Mais le déficit commercial et la fragilité des exportations hors hydrocarbures rappellent l’urgence d’un renforcement structurel de la base productive et exportatrice.
Ce tableau s’inscrit dans un contexte mondial marqué par une croissance modérée (environ 3,2 % en 2024), une inflation qui reste sous pression dans plusieurs économies avancées, et des prix énergétiques en repli mais toujours volatils. La région MENA connaît une expansion plus faible (2,6 % attendus en 2025), contrainte par les tensions géopolitiques et les déséquilibres extérieurs. En Algérie, l’inflation a ralenti à environ 4,3 % en 2024, après les pics de 2022-2023, mais la reduction de la la facture importation doit continuer.
Source ONS
Hope&ChaDia