Trois festivals, trois atmosphères, une même Algérie qui respire par la culture. À Alger, Béjaïa et Constantine, les scènes se sont animées ces derniers jours, révélant une mosaïque d’arts et de sensibilités qui dialoguent entre elles.
Alors que la rentrée sociale ramène son lot de débats et de préoccupations, trois festivals viennent rappeler qu’il existe une autre manière d’entrer dans la saison : par la culture, la mémoire et l’ouverture au monde. Alger, Béjaïa et Constantine ont vibré à travers trois rendez-vous majeurs, qui chacun à leur manière, ont porté un message d’unité et d’espérance.
À Alger, le festival international de danse contemporaine s’est ouvert avec « ô Gaza », une création où le geste est devenu cri de liberté. Des danseurs venus d’Algérie, de Palestine et de Syrie ont incarné par leurs mouvements la douleur et la résistance du peuple palestinien. Dans les soirées suivantes, la Chine et la Russie ont apporté leur touche, confirmant que la danse est un langage universel qui traverse frontières et idéologies. Ce festival a transformé la scène en miroir des luttes humaines, un hymne à la paix et à la résilience.
À Béjaïa, le festival national de la chanson amazighe a choisi d’honorer Youcef Abdjaoui, l’une des grandes voix kabyles. Autour de ce souvenir, les chanteurs confirmés et les jeunes talents se sont relayés pour chanter en tamazight, dans une ambiance populaire et chaleureuse. La musique a servi à la fois de mémoire et de tremplin, rappelant que la chanson amazighe est un patrimoine vivant, porté par la ferveur de ceux qui refusent de laisser se perdre leurs racines. C’était un hommage, mais aussi une promesse : celle d’une culture amazighe qui continue de grandir.
À Constantine, le festival du malouf a déroulé toute la richesse d’un art andalou intemporel. Les voix de Leila Borsali, d’Adlène Fergani ou encore d’artistes tunisiens et turcs ont rappelé combien cette musique mêle tradition, profondeur spirituelle et ouverture méditerranéenne. La soirée consacrée aux maqams ottomans, les noubas raffinées, ainsi que les prestations libyennes et algériennes ont créé une passerelle entre des mémoires partagées et un avenir commun. Le malouf n’était pas ici un musée du passé, mais une célébration vivante de ce qui unit au-delà des générations et des frontières.
Pris ensemble, ces trois festivals dessinent une Algérie culturelle multiple : moderne et résistante, enracinée et universelle. En danse, en chanson, en musique andalouse, c’est la même idée qui s’impose : l’art n’est pas accessoire, il est respiration collective.
Dans un contexte de rentrée sociale souvent marqué par les inquiétudes du quotidien, la culture rappelle à chacun qu’il existe un socle commun plus fort : celui de la mémoire, de la créativité et du partage. C’est peut-être là la plus belle leçon de septembre : une Algérie qui danse, qui chante, qui enchante.
— Hope&ChaDia