Par Hope&ChaDia
Une visite hautement symbolique au cœur de la puissance d’État
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, chef suprême des Forces armées et ministre de la Défense nationale, a effectué une visite stratégique au siège du ministère de la Défense nationale. Accueilli par le général d’armée Saïd Chengriha, il a salué la hiérarchie militaire, reçu les honneurs, et s’est adressé, via visioconférence, à l’ensemble des commandements, unités et écoles à travers le territoire.
Cette intervention, dense et méthodique, a pris des allures de feuille de route globale pour l’Algérie contemporaine. Au-delà des formules protocolaires, le chef de l’État y a esquissé une doctrine nationale nouvelle : l’équilibre entre la puissance économique et la puissance militaire comme garant de la souveraineté et de la stabilité.
Le message était clair : “Un pays indépendant dans ses positions doit être fort à l’intérieur. Il faut une économie solide et une armée forte.”
I. Le redressement productif : de la dépendance à la souveraineté
Le président a dressé un diagnostic sans détour de l’économie nationale. L’industrie, qui représentait près de 18 % du PIB dans les années 1970, ne pèse plus que 3 % en 2019. “Nous avions basculé dans une économie d’importation et abandonné la production,” a-t-il regretté. Son objectif désormais est de ramener l’industrie à 12–13 % du PIB en quatre ans, grâce à la relance des investissements et à la fin du “raisonnement idéologique stérile”.
Tebboune a vanté les progrès accomplis dans la facilitation de l’investissement grâce au guichet unique, qu’il a décrit comme “l’ennemi juré de la corruption et de la bureaucratie”. Ce dispositif permettrait à l’investisseur d’obtenir toutes ses autorisations et son financement en une vingtaine de jours.
Plus de 17 000 projets seraient déjà en cours de traitement. Les institutions internationales, du FMI à la Banque mondiale, saluent d’ailleurs la trajectoire macroéconomique du pays, avec une croissance proche de 3,9 %, quand l’Europe plafonne à 1 %.
Le chef de l’État a aussi défendu la stratégie du non-recours à la dette : “Nous ne nous endetterons pas. Nous finançons nos projets avec nos moyens, avec nos partenaires du BRICS et de la Banque africaine de développement.”
Dans cette logique, le phosphate devient une priorité : le projet d’exploitation et de transformation vise 10 millions de tonnes/an à l’horizon 2026, avec des retombées équivalentes à celles des hydrocarbures. Ce chantier s’accompagne de la finalisation du corridor ferroviaire reliant les Hauts-Plateaux au port d’Annaba.
L’économie du savoir n’est pas en reste. Les start-ups, passées de 2 000 en 2019 à 10 000 aujourd’hui, devraient atteindre 20 000 d’ici la fin du mandat. Certaines sont déjà introduites en bourse. “Ces jeunes créent de la valeur, de la technologie et des emplois. Ils participent à la défense et à l’économie du pays,” a-t-il souligné.
II. L’ANP : pilier de la souveraineté et acteur de modernisation
Le président Tebboune a consacré une large partie de son discours à l’ANP, saluant “une armée respectée, adaptée à son époque, et redoutée par ceux qui voudraient l’approcher.”
L’ANP, selon lui, a franchi un seuil historique en s’adaptant aux guerres hybrides, aux conflits cybernétiques et à l’intelligence artificielle. “C’est aujourd’hui une école supérieure de patriotisme et de professionnalisme,” a-t-il affirmé.
Le président a souligné le développement rapide de l’industrie militaire, devenue capable de répondre non seulement aux besoins nationaux, mais aussi d’exporter vers des pays amis. “Nos partenaires ont été impressionnés par ce qu’ils ont vu — et ils n’ont vu qu’une partie de nos capacités,” a-t-il confié.
Il a également rappelé le rôle décisif de l’ANP dans la sécurisation du territoire, des frontières et des événements internationaux, citant l’IATF d’Alger comme vitrine du savoir-faire logistique et sécuritaire algérien, ayant mobilisé plus de 20 000 hommes et généré plus de 11 milliards de dollars de contrats commerciaux.
Tebboune a conclu cette partie par une promesse : “En 2026, nous entrerons dans la modernisation électronique complète du pays et de l’armée.” Une déclaration qui lie directement la digitalisation nationale à la défense.
III. L’État social et la cohésion nationale : fondement du modèle algérien
Fidèle à la promesse du 1er Novembre, le président a rappelé que l’Algérie restera une République sociale, “comme l’ont voulu les martyrs”. Il a cité des chiffres impressionnants :
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12,2 millions d’élèves, 1,08 million d’étudiants, près de 600 000 stagiaires en formation professionnelle.
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1,5 million de logements livrés, sur 2 millions prévus.
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Revalorisation des salaires et des retraites pour protéger le pouvoir d’achat.
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Allocation chômage pour accompagner les jeunes diplômés.
Il a insisté sur la différenciation des tarifs de gaz et d’eau pour éviter les subventions excessives aux entreprises tout en préservant le citoyen.
Le président a par ailleurs martelé que la lutte contre la corruption reste la condition de toute réussite : “Nous avons réduit les importations de 62 milliards à des niveaux soutenables, parce que nous avons fermé la porte aux fausses facturations et aux conteneurs remplis de pierres.”
Il a aussi confirmé la récupération d’actifs appartenant à “l’ancienne oligarchie”, dont des usines et des hôtels à l’étranger, pour un montant estimé à 30 milliards de dollars.
Sur le plan de la santé, Tebboune a salué les progrès de la production pharmaceutique nationale, couvrant désormais 74 % des besoins du pays, y compris l’insuline et les traitements anticancéreux : “Nous avons retrouvé la fierté industrielle de Saïdal après l’avoir vue tomber à 3 % de part de marché en 2019.”
Une doctrine complète : puissance intérieure et crédibilité extérieure
Le président a relié ce redressement interne à la politique étrangère de l’Algérie, marquée par deux lignes rouges : la Palestine et le Sahara occidental.
Sur la Palestine, il a répété que la solution unique est celle de l’État sur les frontières de 1967 avec Al-Qods pour capitale, dénonçant “l’extermination du peuple palestinien vue en direct par l’humanité entière”. Il a rappelé l’engagement algérien depuis 1948, l’accueil d’Arafat en 1982, la proclamation de l’État palestinien à Alger et l’introduction de la Palestine à l’ONU.
Concernant le Sahara occidental, il a parlé d’une question de décolonisation onusienne, et réaffirmé : “Nous acceptons la solution que les Sahraouis acceptent eux-mêmes. Personne ne leur imposera quoi que ce soit tant que nous sommes à leurs côtés.”
Enfin, il a insisté sur la stabilité intérieure, la vigilance face aux menaces régionales et la nécessité de préserver la cohésion sociale. “Un pays fort se protège par la conscience de ses citoyens avant les armes,” a-t-il dit.
L’esprit de la doctrine Tebboune : unir la production, la défense et la justice sociale
Ce discours, prononcé au cœur de l’appareil militaire, allait bien au-delà du protocole. Il redéfinit la grammaire de la puissance algérienne : produire, protéger, et partager.
Dans la pensée présidentielle, la souveraineté n’est pas qu’une posture diplomatique — c’est une architecture intérieure fondée sur l’économie réelle, la compétence nationale, et la justice sociale. L’armée y est à la fois le bouclier et le miroir : un modèle d’organisation, de discipline et de loyauté appliqué à l’ensemble du corps national.
Tebboune ne cherche pas à décrire l’Algérie telle qu’elle fut, mais telle qu’elle doit devenir : un pays qui n’emprunte pas, ne quémande pas, et ne plie pas.
— Hope&ChaDia