par Hope & ChaDia
Quand M. Steve Witkoff, nouvel émissaire américain, déclare qu’il « travaille sur un accord de paix entre l’Algérie et le Maroc », on pourrait sourire de la bonne intention si elle ne trahissait pas, en même temps, une méconnaissance profonde du Maghreb.
Car parler de paix entre deux pays qui ne sont pas en guerre est un contresens diplomatique. L’Algérie n’est pas une puissance belligérante ; c’est une nation souveraine, attachée à la stabilité régionale, qui a déjà payé de son sang le prix de la paix. Ce que M. Witkoff appelle “peace deal” n’est donc pas un appel à la paix — c’est une tentative d’habillage politique d’un deal utile à Washington.
L’Algérie n’est pas un terrain d’expérimentation
L’Algérie n’a jamais fermé la porte au dialogue. Ce sont les principes qu’elle défend — non-ingérence, autodétermination, équité — qui dérangent ceux qui veulent transformer la région en vitrine diplomatique.
La rupture avec le Maroc n’est pas une guerre ; c’est une conséquence d’actes hostiles répétés, d’une surveillance, d’une propagande, et d’un appui militaire étranger sur une question — le Sahara occidental — qui relève du droit international.
En appeler à un “peace deal”, c’est ignorer cette réalité. C’est surtout nier la souveraineté algérienne, comme si les différends maghrébins pouvaient se régler sur un plateau de télévision à Washington ou sur une photo-op avec un golfman devenu diplomate.
La “paix utile” américaine : un concept à géométrie variable
M. Witkoff aurait pu parler de paix entre les États-Unis et Cuba, deux pays séparés par un embargo vieux de plus de soixante ans.
Ou entre Washington et Téhéran, où les sanctions et la méfiance tiennent lieu de dialogue depuis 1979.
Ou encore entre Washington et Pyongyang, où la guerre n’a jamais été officiellement close.
Mais non : le “deal-maker” choisi par M. Trump concentre ses efforts sur l’Algérie et le Maroc. Peut-être pour infléchir la position algérienne et imposer une normalisation par étapes, en commençant par un rapprochement forcé avec un Maroc devenu vassal d’Israël, pays ami et protégé de Washington.
Ce n’est pas un hasard si M. Witkoff est lui-même un philanthrope pro-israélien, donateur déclaré d’organisations israéliennes et soutien public à la sécurité de l’État hébreu.
Derrière l’appel à la “paix” se cache donc un objectif plus politique : accrocher l’Algérie au train de la normalisation régionale sous parapluie américain.
L’Algérie ne se “réconcilie” pas sur commande
La diplomatie algérienne ne fonctionne pas à la promesse de 60 jours. Elle s’appuie sur la patience, la cohérence et la dignité. L’Algérie a reconstruit des États, aidé à résoudre des crises, abrité des négociations de paix de véritables guerres : du Mali à l’Éthiopie, du Liban à l’Iran. Elle n’a donc pas de leçon à recevoir d’un négociateur improvisé qui confond la paix avec la communication.
Que M. Witkoff travaille pour la paix entre ceux qui s’affrontent vraiment — à Gaza, en Ukraine, au Yémen, ou en Haïti.
Mais qu’il laisse au Maghreb le droit de respirer selon ses propres équilibres, sans le prisme utilitaire des “success stories” américaines.
Une “paix” sans guerre n’est pas une paix — c’est une mise en scène
L’Algérie ne cherche pas d’armistice : elle cherche du respect. Elle n’a pas besoin d’un “deal” : elle a besoin que ses principes soient entendus. Et si M. Witkoff veut vraiment comprendre le Maghreb, qu’il sache qu’ici, la dignité n’est pas négociable. Ce que l’Amérique appelle “peace deal”, l’Algérie l’appelle souveraineté.
Opinion de Hope & ChaDia
P.-S. — Biographie philanthropique de Steve Witkoff
Steve Witkoff est un homme d’affaires américain, fondateur du groupe Witkoff, dont la carrière dans l’immobilier lui a permis de bâtir un réseau influent et diversifié. events.therealdeal.com+1
Parallèlement à ses activités professionnelles, il s’est engagé dans plusieurs projets philanthropiques, notamment orientés vers la communauté juive et l’État d’Israël.
Parmi les gestes notables :
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En 2025, lors d’un gala organisé par United Hatzalah (organisation de secours d’urgence israélienne), Witkoff a pris la parole et déclaré un « soutien inébranlable » à la sécurité d’Israël. Cet événement a permis de réunir plus de 18 millions de dollars à des fins de secours en Israël. Jerusalem Post
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Il est cité par les médias comme « donateur de longue date » auprès de réseaux de donateurs juifs américains, et a lui-même déclaré avoir « aidé à mobiliser des grands donateurs juifs » dans le cadre de collectes de fonds pro-Israël. The Bulwark+1
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Witkoff a été qualifié de soutien actif de l’alliance américano-israélienne : à son entrée au rôle d’envoyé spécial pour le Moyen-Orient, l’Appel de l’American Jewish Committee (AJC) mentionnait que sa nomination contribuerait à « renforcer la relation États-Unis–Israël, et à promouvoir les liens entre la diaspora américaine et Israël ». JNS.org
Ce profil philanthropique, centré sur l’aide humanitaire, le soutien à des structures israéliennes et la mobilisation de réseaux juifs américains, constitue un élément important pour comprendre les liens particuliers qui unissent Witkoff à Israël — et qui peuvent éclairer sa posture actuelle.