Home Algérie Algérienne Du 1er Novembre 1954 à Gaza 2025 : l’image comme témoin et comme arme

Du 1er Novembre 1954 à Gaza 2025 : l’image comme témoin et comme arme

by Hope Jzr
0 comment
A+A-
Reset

(D’après l’émission « Débat politique » du 01/11/2025, Radio Alger Chaîne 3)


Présentée par Souhila El Hachemi, l’émission du 1er novembre 2025 réunissait trois figures intellectuelles majeures : Dr Ahmed Ben Saada, chercheur et spécialiste des questions géopolitiques, M. Madjed Nehme, politologue et directeur du magazine Afrique-Asie, et Pr Rudolf El Kareh, sociologue et professeur d’université. Ensemble, ils ont exploré un thème d’une puissance rare : l’image comme arme, mémoire et champ de bataille culturelle.


L’image fondatrice : de la photo des Six à la mémoire nationale

Le Dr Ahmed Ben Saada a ouvert le débat en redonnant à la photographie des Six historiques du 1er Novembre 1954 sa dimension symbolique. Il en a fait une lecture visuelle et politique : quatre debout, deux assis, les regards perçants, la droiture des corps, la mise en scène rigoureuse.
Cette photo, dit-il, “parle sans mots”. Elle condense le sens de la révolution, l’unité, la discipline et la foi dans la libération. « Elle reste gravée dans la mémoire collective », souligne-t-il.

Pour Ben Saada, l’image agit comme un artefact culturel, doublement encodé : « par son sens et par sa symbolique. » Elle transmet une idée et une émotion, inscrivant la nation dans une mémoire visuelle partagée. C’est la première grande leçon de la guerre de libération : l’image, avant même le cinéma, fut la première ambassade d’une Algérie libre.


De René Vautier à Labudović : la caméra comme témoin et arme

Le chercheur cite René Vautier, le cinéaste engagé, pour rappeler que « la caméra est une arme de guerre aussi bien que les fusées et les chars. »
Il évoque aussi Stefan Labudović, le caméraman serbe du maréchal Tito, venu filmer la révolution algérienne durant trois ans. Ces images, diffusées à l’international, ont contribué à la reconnaissance mondiale de la lutte algérienne.

À travers ces exemples, Ben Saada démontre que l’image forge la légitimité culturelle des peuples opprimés : elle humanise la résistance, elle matérialise la dignité, et elle raconte une histoire que les vainqueurs ne peuvent confisquer.


De Gaza à l’Ukraine : la guerre de l’image à l’ère numérique

Le débat s’est ensuite déplacé vers le présent. Madjed Nehme a observé que, dans les conflits contemporains, l’image a remplacé le son. « Avant, on vivait dans l’instantanéité des radios. Aujourd’hui, c’est l’immédiateté des images. »
À Gaza comme en Ukraine, les vidéos de civils, souvent tournées sur smartphone, court-circuitent la propagande officielle. Elles deviennent des témoignages directs, viraux, incontrôlables.

Le politologue souligne qu’à Gaza, “les Palestiniens ont gagné la guerre de l’image.”
Face à la censure israélienne et à la complicité médiatique occidentale, la diffusion massive de vidéos sur TikTok ou X a renversé le récit dominant. Selon lui, « les réseaux sociaux ont permis de casser le mensonge et de montrer la réalité du génocide. »

Ben Saada renchérit avec des chiffres : pour chaque vidéo pro-israélienne, on en comptait 17 pro-palestiniennes avant leur suppression massive sous pression. Même les campagnes sponsorisées — « 7 000 dollars par publication pour les influenceurs pro-israéliens » — n’ont pas inversé la tendance.
La vérité émotionnelle de l’image a dépassé la propagande algorithmique.


Rudolf El Kareh : de Hollywood au Pentagone, la fabrique du récit

Le Pr Rudolf El Kareh a replacé cette bataille de l’image dans une histoire longue. Il rappelle la photo du Vietnam — l’enfant brûlée au napalm — comme un tournant mondial : « cette image a fait basculer l’opinion. »
Dès lors, les puissances militaires ont compris qu’il fallait contrôler le regard. « L’armée américaine a inventé le journalisme embarqué, le journaliste pris dans la même matrice que le soldat. »

El Kareh forge une formule frappante : « je ne dis plus Hollywood et Pentagone, mais Penta et Hollygone », soulignant la fusion entre industrie culturelle et appareil militaire.
Le cinéma, la télévision et la guerre participent d’une même fabrique narrative.
Aujourd’hui, dit-il, « l’image n’est plus seulement un outil, elle devient une pièce à charge dans le dossier criminel des guerres modernes. »


L’intelligence artificielle : le nouvel empire du regard

Les intervenants ont aussi exploré la mutation actuelle : l’entrée de l’IA dans la guerre de l’image.
Ben Saada explique que « nous vivons à l’ère de la post-vérité, où le narratif appartient au puissant. » Les algorithmes filtrent, amplifient, ou effacent. Ils favorisent certaines opinions, en étouffent d’autres.
Les deepfakes brouillent les repères, et les images générées — si crédibles qu’elles paraissent — deviennent des armes cognitives.

Face à cela, il appelle à la création d’une structure nationale de guerre cognitive : investir dans nos propres algorithmes, former nos jeunes à la lecture critique des images, et bâtir un contre-récit souverain.


L’image : héritage de lutte et culture de souveraineté

Au fil du débat, un fil rouge s’impose : la culture de l’image est un enjeu de souveraineté.
Qu’il s’agisse de la photo des six historiques, des images de Gaza ou de la désinformation sur les réseaux, tout se joue dans la capacité d’un peuple à se représenter lui-même.

L’émission s’est conclue sur une note de mémoire et de dignité :
« Chaque millimètre carré de notre pays a été arrosé par le sang de nos martyrs », a rappelé Ben Saada.
Et Souhila El Hachemi de clore : « L’image témoin de l’histoire, mais aussi champ de bataille du présent. »


Mon opinion : dans cette heure dense, “Débat politique” a fait plus qu’un exercice médiatique — c’était une leçon de culture nationale et universelle. L’image y apparaît comme la langue invisible des peuples : celle qui transmet la vérité quand les mots se dérobent.

Hope&ChaDia

You may also like

Leave a Comment

Quick Links

À propos de nous

L’idée de créer le site JAZAIRHOPE.ORG est née durant la période du Hirak où l’on a pu observer la prolifération d’une multitude de médias, tous supports confondus, véhiculant des affirmations fallacieuses, et fake news visant à le faire dévier le Hirak de son caractère pacifique et entraîner la nation dans une spirale de violence et de chaos. S’inspirant des principes inscrits dans la Charte du 1er Novembre 1954 et guidé par ses valeurs, JAZAIRHOPE.ORG sera le média de tous les Algériens et Algériennes  patriotes, fiers de leur pays Continent et de sa diversité culturelle. Ce média  portera VOTRE voix.

Qui nous sommes

Hope JZR, fondateur du site et également détenteur de la chaîne youtube éponyme, a réuni autour de son projet une équipe de bénévoles issus du territoire national et de la diaspora, aux profils aussi divers que variés. Un cercle de patriotes qu’il ne tient qu’à vous et à votre enthousiasme d’agrandir. En effet, nous invitons tous les patriotes animés d’une volonté positive et constructive à nous rejoindre dans cette entreprise d’édification de l’Algérie de demain que nous appelons de tous nos vœux. Attachés à la devise   « Du peuple, par le peuple, pour le peuple », nous sommes  convaincus  que votre voix compte et sera entendue.

Ce que nous faisons

Nous œuvrons continuellement et scrupuleusement à procurer au public une information fiable, objective et éminemment positive. Fidèles au credo du fondateur « semer l’espoir », notre ambition est de créer une dynamique suscitant l’enthousiasme et fédératrice de compétences  au service de leur patrie. Sans pour autant verser dans le satisfecit ou l’euphorie béate. Notre site se veut  une plateforme consacrée à la promotion d’une image positive de l’Algérie, nos publications se focalisent essentiellement sur les performances et les réalisations allant dans ce sens. Toutefois cette démarche n’exclut pas de porter un regard critique sur les carences, les échecs ou les difficultés auxquelles font face nos concitoyens dans leur vie quotidienne, mais celle-ci ne peut s’envisager que dans une perspective constructive en y proposant les solutions idoines ou en alertant nos élites pour qu’elles y remédient. Notre seule exigence et notre leitmotiv : positivité,  « constructivité », et espoir.

Notre mission

Notre objectif est de faire de JAZAIRHOPE.ORG le premier média consacré exclusivement à l’information positive, afin de semer l’espoir parmi nos jeunes et moins jeunes et susciter en eux  l’envie de participer à l’essor et au développement de la mère-patrie. L’édification de l’Algérie de demain dont nous rêvons et à laquelle nous aspirons sera une œuvre collective de tous les citoyens jaloux de la grandeur de leur nation et de son rayonnement. Elle sera garante de la préservation de son indépendance et de sa souveraineté et fera honneur aux legs et aux sacrifices de nos valeureux chouhadas. 

© 2023 – Jazair Hope. All Rights Reserved. 

Contact Us At : info@jazairhope.org

Letest Articles