Les professeurs universitaires ayant pris part à ce débat académique ont mis l’accent sur l’importance de faire la guerre avant la guerre» non pas avec les moyens militaires, mais à travers une diplomatie agile et efficace qui anticipe les conflits et aborde avec sagesse un contexte en constante mutation.
Amer Mesbah, directeur du Laboratoire d’études stratégiques sur la politique étrangère algérienne et son environnement géopolitique, a expliqué d’entrée que la question abordée est «cruciale» à plus d’un titre, car elle implique l’intérêt suprême du pays. Il a souligné que la diplomatie préventive est une carte «gagnante» tant elle permet à l’Etat de préserver ses potentialités militaires et surtout sa stabilité sécuritaire. Pour éviter de reproduire les erreurs du passé ayant coûté à l’Algérie plus de 132 ans de colonialisme, il faudrait, d’après lui, développer d’autres approches de défense nationale qui soient créatives et efficientes. Il a souligné que la donne actuelle exige des Etats d’affronter l’ennemi d’abord par des pensées stratégiques, ensuite par des solutions diplomatiques qui reflètent les principes fondateurs des nations.
Le professeur Mesbah a indiqué que les expériences de conflictualité ont prouvé l’inefficacité des armes dans la consécration des objectifs politiques. D’où l’importance de miser sur d’autres capacités de prévention afin d’affronter les menaces actuelles, dont la montée du terrorisme dans notre environnement régional proche.
Amiri Abdelouahab, professeur à l’Université de Boumerdès, a axé, quant à lui, son intervention sur le processus d’activation de la diplomatie préventive algérienne dans la région du Sahel après 2019, affirmant que ce concept intervient en appui à la diplomatie ordinaire exercée dans le cadre de la politique des affaires étrangères nationale.
Garantir la stabilité du Sahel
Il a fait remarquer qu’après 2019, l’Algérie ayant initié cette rencontre de deux jours qui sera marquée par plus d’une soixantaine d’interventions, s’est focalisée notamment sur le développement de la région. Le tout en mettant en application les principes de la politique étrangère nationale dans le but de garantir la stabilité de cette région à fortes tensions géopolitiques. Il a rappelé que l’Algérie a toujours agi contre l’ingérence étrangère, favorisé les solutions rationnelles et pacifiques et la coopération internationale ainsi que l’autodétermination des peuples. Ce qui lui garantit sa sécurité et sa stabilité.
Le professeur Abdelkader Soufi a salué l’initiative que présentent les académiciens en tant que groupe de réflexion qui doit aider les décideurs à mieux comprendre l’espace géopolitique et vital de l’État algérien, notamment en ce qui concerne la gestion des crises et des conflits. Le but étant de conforter l’action déjà entreprise par le président de la République, lequel a tracé, d’après le politologue, une feuille de route qui a permis à la diplomatie algérienne de retrouver ses lettres de noblesse.
M. Soufi a affirmé que l’Algérie en a donné l’exemple en termes de diplomatie préventive à travers les approches qu’elle a développées dans les conflits de la Libye et du Mali. Il a indiqué que les alternatives proposées ont été fondées sur un axe typiquement pacifique. Ce qui a d’ailleurs conforté la diplomatie officielle.