Par Brahim Takheroubt lexpression.dz
Des rendez-vous qui arrivent en escadrille. Fraîchement nommé à la tête du département, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, doit faire preuve d’une ébauche d’énergie extraordinaire. La raison? Sur son bureau, une profusion de dossiers régionaux et internationaux brûlants qui ne sauraient attendre. Il doit traiter chacun de ces dossiers avec diligence, tant ils interviennent tous dans un contexte international instable et mouvant.
Ainsi, Attaf aura fort à faire pour préparer les déplacements annoncés du président Tebboune à Paris et Moscou, au cours du mois de mai prochain, et à Pékin durant cette année 2023, avant de s’attaquer à l’épineux dossier de l’adhésion de l’Algérie aux Brics en août prochain. Pas de répit durant l’été 2023 puisque le ministre des Affaires étrangères va se consacrer à l’organisation de la réunion restreinte des non-alignés annoncée, il y a quelques jours, par le chef de l’État. L’agenda de Attaf est loin d’être épuisé, car il doit préparer le Sommet arabe qui se déroulera le 19 mai à Riyadh. Un grand rendez-vous régional durant lequel l’Algérie passera le témoin à l’Arabie saoudite après un sommet très réussi d’Alger en novembre dernier, notamment par le niveau et le nombre de participants. Le ministre des Affaires étrangères se focalisera par la suite sur l’organisation du sommet du développement arabe en Mauritanie et du Sommet arabo-africain en Arabie saoudite. Les deux sommets prévus dans le courant de l’année. Mais c’est surtout les déplacements du président de la République à l’étranger qui captent l’attention du MAE. Les visites du président Tebboune dans les principales capitales du monde, Paris, Moscou et Pékin, s’annoncent déjà grandioses. À cela, il y a au moins trois raisons: les dossiers politiques et économiques qui seront traités, parce que ces pays figurent parmi les partenaires privilégiés de l’Algérie et enfin parce que «le mixte» de ces destinations reflète l’ADN de la diplomatie algérienne. Dans un souci de realpolitik, les dirigeants algériens ont toujours su admirablement garder un équilibre de leurs intérêts par une stricte position de non-alignement. C’est d’ailleurs au nom de ce même non-alignement et du refus de toute tutelle que l’Algérie «n’est inféodée, ni au Caire, ni à Londres, ni à Moscou, ni à Washington», comme proclamé tôt dans la plate-forme de la Soummam en 1956 déjà.
Partout, le message porté par les diplomates algériens est le même: l’Algérie cherche à vivre en paix en Méditerranée, et s’emploie à aider les pays qui en avaient besoin sans contrepartie politique, loin de tout alignement, en défendant le principe de rejet de l’asservissement des peuples. Elle n’a jamais dévié de cette ligne directrice. Et c’est cette même ligne que poursuivra le nouveau ministre des Affaires étrangères.
Dans sa mission, certes difficile, Ahmed Attaf est conforté par un viatique consistant fait d’une solide stabilité au plan interne. En effet, le pays connaît des mutations importantes, notamment au niveau économique et social induites par les mesures audacieuses prises par le chef de l’État: augmentation des salaires et des pensions de retraite, sauvegarde du pouvoir d’achat, l’allocation chômage et une lutte sans merci contre la spéculation. La force de la diplomatie algérienne n’est que le reflet de cette paix sociale et de la bonne santé économique. C’est à ce prix qu’elle va s’adapter à toutes leurs exigences, de même qu’au plan régional et dans les espaces auxquels nous appartenons. Ainsi, dans le voisinage immédiat, Attaf aura sur les bras le brasier malien, la crise libyenne, le dossier sahraoui, la crise avec le Maroc – relations diplomatiques rompues en août 2021 et dont le président Tebboune a dit qu’elles ont atteint un point de non-retour -, mais surtout la question des relations chancelantes avec l’Espagne et ses impacts sur les liens entre l’Union européenne (UE) et l’Algérie. Le renforcement des liens avec l’Afrique et le redéploiement de la diplomatie économique devraient également figurer sur l’agenda d’Ahmed Attaf. Il est certain que le ministre prendra tout le recul nécessaire pour maintenir la dynamique d’une diplomatie offensive d’un côté et de l’autre côté pour redonner du tonus à son ministère en mettant d’abord un terme à la vacance de certains postes stratégiques.
Le ministre a déjà insinué qu’il proposerait des «initiatives» sur ces grands dossiers notamment. Ces initiatives devraient prendre la forme d’une grande proximité avec les principaux acteurs. Indiquant avoir rencontré, il y a quelques jours, le président de la République qui lui a donné des orientations, afin de hisser la politique extérieure à de hauts niveaux d’efficacité, Ahmed Attaf, n’en a pas trop fait pour souligner que l’intérêt national est la boussole qui oriente le président de la République dans son analyse et ses évaluations, ajoutant que la politique étrangère du pays va lui permettre de réaliser de nouveaux progrès qualitatifs, à la hauteur de la place de l’Algérie dans le concer des nations. Avec une tonalité sans faille et une sémantique en langue nationale des grands jours, Attaf a déclaré que le président de la République a fixé les priorités indiqué les approches et défini la méthodologie à suivre dans chaque dossier. Il a souligné dans ce sens que son département ministériel aura l’occasion de déterminer, dans les tous prochains jours, chaque chantier pour le transformer en plan d’action indiqué par le président de la République comme prioritaire et urgent.