Par Mohamed Ouanezar / lexpression.dz
L’Algérie a besoin d’un nouveau schéma de finances et d’un nouveau système monétaire national. Face à une digitalisation galopante et des besoins exprimés par une société rompue aux transactions dématérialisées, le système financier et monétaire algérien se doit d’inventer ses propres mécanismes. Aujourd’hui, tous les regards restent braqués sur cette nouvelle loi à laquelle on confère beaucoup de vertus pour impulser une nouvelle dynamique sur le marché financier national et, même au-delà. A priori, l’objectif primaire étant de diversifier les alternatives de financement de l’économie nationale. Mais, il y a aussi cette vitale nécessité de libérer la société de cette chape de non conformité du cadre légal et réglementaire avec les nouvelles transactions financières usitées et incrustées dans le quotidien des Algériens. Un sérieux décalage avec la réalité du marché financier digital, pratiquement parallèle, qui a pris une longueur d’avance sur le système fiduciaire officiel. Il convient de souligner que la société algérienne n’a pas attendu que les textes de lois adviennent pour pouvoir entamer toutes sortes de transactions via la Toile. Une mue progressive, mais fulgurante aussi, dans les us des Algériennes et des Algériens, qui semblent résolument rompus à ce genre de transactions et tendances digitales. En effet, technologie mobile aidant, la société algérienne est, depuis quelques années déjà, aux prises avec une mue généralisée dans les moeurs des usagers des «Market-places» et autres plates-formes de E-paiement. Les Algériens sont, en effet, de plus en plus enclins à effectuer leurs achats et transactions via les réseaux sociaux et autre toile d’araignée, pour peu que les conditions s’y prêtent. Ce sont surtout les commandes par Internet qui ont, le plus, le vent en poupe. Bien qu’elles ne nécessitent pas des opérations de E-paiement à proprement dire, certaines transactions ayant trait à des besoins et services divers, proposent des cheminements digitalisés assez complexes, parfois. Toutefois, cela n,e semble pas dissuader, outre mesure, les usagers qui sont de plus enclins à avoir recours à ces procédés numériques. Il s’agit d’opérations ayant trait à des transactions par commandes numériques, pour la livraison de repas, de vêtements, de produits de beauté, d’électroménagers, de transports ou d’émission de colis, etc… Pour ce qui est du E-paiement, les prémices d’une généralisation des transactions existent sur le terrain. Les Algériennes et les Algériens sont férus des achats offshore de toutes sortes touchant à l’électronique, en passant par les produits informatiques jusqu’aux intrants les plus invraisemblables. Or, pour pouvoir se délester des astuces et systèmes D, les Algériens ont besoin de disposer de cartes de paiement bancaires digitales internationales, telles les Paysera et autres Wise. Avec tout ce que cela comporte comme risque. L’exemple du démantèlement de ce réseau de cartes bancaires digitales illégales à Alger en est l’exemple le plus frappant. Une avancée considérable qui attend, en contrepartie, un accompagnement réglementaire et juridique adapté qui tarde toujours à venir. Une loi exhaustive qui préconisera une restructuration du système monétaire et financier en Algérie, afin de s’adapter aux transformations survenues dans la réalité et de répondre convenablement aux exigences de la réforme économique escomptée. Revêtant une dimension stratégique, le secteur financier et bancaire joue un rôle prépondérant dans l’accélération des processus d’échanges de biens et des services. Un système financier et monétaire adapté est générateur de valeur ajoutée et de plus-value contribuant à revigorer l’économie du pays. Il y a quelques semaines, une information relative à l’introduction d’une monnaie digitalisée algérienne avait fait jazzer les esprits des uns et des autres. Une monnaie numérique de Banque centrale qui devrait «promouvoir l’inclusion financière tout en bouleversant l’architecture financière et bancaire traditionnelle des pays qui l’adoptent». Mais cela suppose aussi un arsenal de systèmes d’organisation et mécanismes, y compris les systèmes de sécurité, à inclure pour se lancer dans une telle aventure. Entre adeptes et hostiles, la monnaie numérique ne devrait pas intervenir de sitôt étant donné l’état actuel des choses. En attendant, les Algériens continueront leurs achats et transactions via la Toile et les réseaux sociaux, sans trop se poser de questions.