Assia Boucetta
Les Algériens sacrifient plus de 3 millions de moutons annuellement. Et, la plupart des peaux écorchées sont mal préservées et souvent abandonnées à même les trottoirs ou jetées dans la nature, bien qu’elles constituent une richesse très importante pouvant être exploitée comme matière première dans la maroquinerie, l’industrie textile et autres.
Le ministère de l’Industrie a fait procéder, dès 2018, à la collecte des peaux des sacrifices, laquelle collecte s’était arrêtée en 2020 et en 2021en raison de la pandémie de la Covid-19, avant de reprendre en 2022. Cette opération a pour but de préserver l’environnement, d’exploiter le potentiel de la richesse animalière et de promouvoir l’industrie des cuirs. Un objectif difficile à atteindre sans vulgarisation avec la participation de la société civile et des opérateurs économiques qui sont appelés à investir dans la tannerie et les métiers annexes. Il ne s’agit pas, toutefois, d’augmenter le taux des peaux de mouton exploitables seulement. Aujourd’hui, il y a un réel défi à conserver cette matière première dans sa forme naturelle, à savoir dépecée et transformable. Car, en dépit des résultats positifs relevés lors de ces trois dernières années, le taux de récupération des cuirs de bonne qualité demeure relativement faible.
Il reste que peu de familles se soucient de ce détail économique crucial qui demande le respect de certaines étapes essentielles pour assurer la récupération de peaux saines, aseptisées et nettoyées, au niveau du site désigné comme point de collecte dans le quartier. Pour l’Aïd El Adha de cette année, le département d’Ali Aoun a procédé à l’installation d’une cellule pour le suivi de la collecte et la préservation des peaux. «L’Agence nationale des déchets (AND) est partie prenante de cette cellule qui a pour mission de gérer cette opération qui ne se limite plus à l’Aïd El Adha puisqu’elle elle est opérationnelle à longueur de l’année», a indiqué le directeur général de l’AND. Selon Karim Ouamane, l’objectif du ministère est de booster la filière d’exploitation des peaux d’ovin. Et ce, dit-il, «en engageant tous les acteurs concernés par cette opération, depuis la collecte jusqu’à la transformation de cette matière première».
Il s’agit, ajoute-t-il, d’«impliquer le citoyen dans cette démarche pour assurer la bonne qualité du produit récupéré jusqu’à son acheminement vers les tanneries». Toutefois, de l’avis du DG de l’AND, ce mécanisme est difficile à mettre en place même s’il est bien pris en charge et devrait évoluer positivement. «L’Agence compte, pour sa part, appuyer techniquement ce comité pour atteindre les objectifs escomptés, bien qu’il soit difficile de couvrir l’ensemble du territoire national », précise-t-il. Selon lui, pour pouvoir collecter toutes les peaux des ovins sacrifiés sur l’ensemble des wilayas du pays, il serait plus judicieux de penser à des petits projets pilotes capables de prendre en charge cette matière première en vue de l’exploiter dans la création de richesse.
«Nous devons également, estime Ouamane, maîtriser un certain nombre d’étapes pour mieux appréhender ce secteur comme cela est le cas dans beaucoup de pays développés qui, eux aussi, ont pris beaucoup de temps avant d’avoir une industrie aussi performante dans ce domaine».
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