« S’il y a une géopolitique dont El Jazayer devrait s’inspirer, c’est bien la géopolitique indienne.
S’inspirant de l’Arthashâstra un ancien traité politique, économique et surtout stratégique datant du 4e siècle avant l’ère chrétienne, ce traité part du postulat que l’Inde est insulaire. D’après cette représentation géopolitique, les États sont divisés en cercles et leurs relations mutuelles dépendent, à la fois, de leur proximité géographique et de leurs puissances. » (Extrait de l’essai : Géopolitique de la Grande Algérie)
Selon l’Arthashâstra, il faut considérer tous nos voisins comme des rivaux, car comme nous le démontre l’histoire, El Jazayer a toujours connu des invasions depuis les territoires voisins. Les derniers évènements en Lybie, dans lesquels il a été question de normalisation avec Israël, démontrent qu’il n’y a pas d’amitié en politique. Malgré le fait qu’Alger est un soutien quasi inconditionnel au gouvernement d’unité nationale de Tripoli. Le président Tebboune avait en effet mentionné qu’une attaque sur Tripoli par les forces de Maréchal Haftar, est une ligne rouge, le gouvernement d’unité nationale a malgré cela, trouvé le moyen de négocier et de ramener sur son territoire un ennemi de l’Algérie.
Il ne s’agit pas d’être belliqueux à l’égard de nos voisins, mais tout simplement de se rappeler que par le passé, El Jazayer a été envahie depuis ses territoires voisins (Empire Romain, Omeyyades, Berbères…) et qu’il faut se donner les moyens de faire de la prévention géopolitique.
Selon l’Arthashâstra, il faut s’allier aux rivaux de nos rivaux. À titre d’exemple, le resserrement de nos relations diplomatique avec le Portugal, mais aussi avec l’Italie peut être vu comme l’application de l’Arthashâstra à l’égard de l’Espagne, voir la France. Toutefois, cela n’est pas suffisant, puisqu’on a pu voir dernièrement comment l’Italie a contribué à la tentative d’installer Israël en Lybie. Pour équilibrer la relation avec l’Italie et se prémunir de ce type de surprise, il est nécessaire d’entretenir des relations aussi avec l’un des rivaux de l’Italie.
On a pu voir cette Arthashâstra à l’œuvre au courant de dernier sommet des BRICS, qui a suscité pas mal de question au sujet des critères de sélection des nouveaux adhérents. En effet, si l’Inde a permis l’adhésion de l’Arabie Saoudite, des Émirats arabe unis (EAU) et l’Iran c’est pour contrer son rival, le Pakistan. Être dans la même organisation que le pays abritant les principaux lieux de l’Islam, donne à l’Inde des arguments et un allié de taille pour contrer tout discours religieux musulmans aussi bien interne que face au Pakistan. Avoir l’Iran, principal pays chiite dans le monde, comme autre adhérent et dont les coreligionnaires sont victimes de persécutions au Pakistan, c’est s’assurer d’encercler géographiquement ce dernier, puisque l’Iran est frontalier de Pakistan. Enfin avoir les Émirats qui a accueille pendant une partie de l’élite militaire et économique, et qui est connu pour ses positions anti-islam politique, c’est s’assurer une autre carte pour faire pression sur le Pakistan.
En une seule date, l’Inde avec son Arthashâstra a pu avoir dans une même organisation les principaux rivaux de son principale rival, le Pakistan et l’annihiler dans le monde musulman, même.
l’Arthashâstra n’est pas qu’un simple traité politique, mais bien une doctrine géopolitique qu’applique l’Inde dans ses relations et dont l’Algérie pourrait s’en inspirer.