L’ancien chef du gouvernement, Sid-Ahmed Ghozali, était, hier, l’invité du forum du journal El Moudjahid à l’occasion de la commémoration du 53e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, le 24 février 1971. Il a déclaré en cette occasion que la Compagnie nationale des hydrocarbures «a besoin, aujourd’hui, de stabilité». «On doit protéger Sonatrach, mais pas en nommant un nouveau P-DG chaque deux ans…», a-t-il insisté, en rappelant «la longévité», ayant caractérisé les responsables de Sonatrach sous l’ère de l’ancien président Houari Boumediene...
Ahmed Ghozali a profité également de cette occasion pour témoigner «sa reconnaissance à tous ceux qui ont rendu l’aventure de la nationalisation des hydrocarbures possible à leur tête Belaïd Abdeslam, premier P-DG de Sonatrach de l’Algérie post-indépendance…». Toutefois, poursuit-il, «maintenant, il faut passer à une autre phase…». L’ancien P-DG de Sonatrach a fait savoir que «la nationalisation des hydrocarbures le 24 février 1971, dont la préparation a duré dix ans (…), est une étape la plus décisive et la plus marquante franchie par le pays dans sa marche vers la souveraineté et l’émancipation économique…». Cette lutte de longue haleine, dont les mesures de février et d’avril 1971 étaient le résultat final, a conduit précisément l’Algérie «à se constituer un outil lui permettant de s’insérer dans le réseau des échanges économiques internationaux…», a-t-il signifié. Il a rappelé que «la décolonisation du secteur des hydrocarbures est passée par une série de mesures dont la création en 1963 de la Sonatrach, marquant en quelque sorte le coup d’envoi du processus de réappropriation des ressources et de l’industrie pétrolière». «L’autre acte inaugural de ce processus fut également la réalisation d’un Institut africain du pétrole, devenu par la suite l’Institut national des hydrocarbures (INH) pour les besoins de formation des ingénieurs…», a-t-il ajouté. Il a rappelé dans ce contexte qu’«en 1962, après cent trente-deux années de colonisation, l’ Algérie ne comptait que 5 00 étudiant…».
Par la suite, poursuit-il, Sonatrach qui a permis au gouvernement algérien de se positionner dans le transport des hydrocarbures sahariens, activité réservée jusque-là aux entreprises françaises depuis les découvertes des gisements en 1956 dans le Sahara, devient ensuite un outil d’indépendance économique de l’Algérie… Il a indiqué dans ce sillage, que «le tout premier contrat d’approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL) a été signé par Sonatrach en octobre 1969 avec la compagnie américaine El Paso…».
L’ancien ambassadeur d’ Algérie à Paris a, en outre, affirmé sur sa lancée que «contrairement à d’autres pays, notamment sud-américains, la nationalisation des hydrocarbures n’était pas une nationalisation idéologique, mais un acte de développement». Toutefois, il a tenu à souligner que «le pétrole reste une énergie très limitée, en sachant que le pétrole d’un gisement ne peut jamais être extrait indéfiniment…». S’agissant de l’exploitation du gaz de schiste, il a indiqué que «toutes les richesses naturelles doivent être exploitées à condition que l’impact de leur extraction ne comporte pas de risques sur l’environnement…». «Nous avons besoin de cette ressource pour sortir du pétrole et créer une industrie des énergies renouvelables…», a-t-il souligné, en insistant qu’ «il est très important de dire à la population que le gaz de schiste est un pétrole contenu dans la roche-mère, située à une profondeur importante..». À ce propos, il a déploré, par ailleurs, le fait que «plus de 90% des importations sont financés par les revenus du pétrole, qui représentent également une part très importante dans les recettes budgétaires, et ce, à cause des mauvais choix politiques…».
Tout en estimant que «l’ Algérie est actuellement beaucoup plus ciblée que par le passé», il a plaidé pour la restitution de «la confiance du peuple en ses institutions et ses dirigeants», qui passe, dit-il, «par la mise en place d’une justice fiable ou d’un État de droit, la sécurité, la stabilité et la régulation économique», en somme, dit-il, «des instruments sans lesquels l’on ne pourra jamais aller de l’avant…».
Interrogé sur le gazoduc transsaharien liant l’Algérie au Nigeria, il a souligné que «même si l’idée d’un gazoduc reliant l’Algérie à l’ Afrique de l’Ouest a germé dans les années 1980, mais faut-il encore avoir assez de gaz pour l’alimenter». «L’Algérie aura besoin de ce gaz pour ses besoins propres, en sus que la consommation interne ne cesse d’augmenter, mais aussi pour financer la transition énergétique…», a-t-il soutenu.