Par Akrem R.
Avec un taux de couverture du marché local de plus de 70% et l’ambition de le porter dans le moyen et court termes, à 80%, l’industrie pharmaceutique nationale veut s’internationaliser et aller conquérir des parts sur le marché africain notamment.
En effet, l’internationalisation de l’industrie pharmaceutique via l’export, figure parmi les axes stratégiques majeurs définis par les autorités nationales, a indiqué, hier à Alger, Dr Nabil Cheraieb, responsable à l’Agence nationale de la production pharmaceutique (ANPP).
Dans une communication présentée en marge de l’organisation de la 18e édition du Salon international de la pharmacie en Algérie (SIPHAL 2024), placé sous le thème : «Les enjeux de l’internationalisation de l’industrie pharmaceutique algérienne», Dr. Cheraied a précisé que cet effort vise à conquérir des parts de marché et à positionner les produits médicaux fabriqués localement, à l’export.
Les principaux enjeux étant de relancer le commerce extérieur et de contribuer à la diversification de nos sources d’entrées en devises. Actuellement, les exportations de l’Algérie en ces produits sont infimes et ne totalisent que près 50 millions de dollars (selon les chiffres officiels de 2022). Ce chiffre reste loin du potentiel dont regorge l’Algérie et qui n’est pas à la hauteur de ses ambitions dans ce domaine.
Le continent africain a cruellement besoin de nombreux médicaments pour faire face à plusieurs maladies et épidémies, mais un travail reste encore à faire en matière de réglementation et surtout de marketing.
La volonté politique existe maintenant et des facilitations et accompagnements sont accordés aux opérateurs économiques. Il ne reste que de relever le défi de la conformité de produits pharmaceutiques destinés à l’exportation. En termes clairs, il faut produire selon les normes exigées par le marché cible.
Jeudi dernier, le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun a mis l’accent, sur l’importance de renforcer la présence des produits pharmaceutiques nationaux sur les marchés étrangers, notamment africains, et de promouvoir la compétitivité du secteur à l’échelle internationale.
Dans une allocution prononcée en son nom par le directeur de la promotion de la production, Aoun a fait savoir que «la stratégie de renforcement de la production pharmaceutique nationale a permis la création d’un tissu industriel dense et diversifié jouissant de capacités de production considérables dont certaines ne sont pas suffisamment exploitées, d’où, la nécessité de s’ouvrir aux marchés continentaux et internationaux».
Evoquant le développement du secteur, ces dernières années, le ministre a rappelé l’expérience de la COVID-19 qui a permis à l’Algérie de «développer une production pharmaceutique locale en vue de faire face à l’embargo industriel imposé par les grands pays producteurs en fermant leurs frontières».
Cette démarche s’inscrit dans le cadre de «la consécration de notre souveraineté pharmaceutique», a fait savoir le ministre, relevant que, grâce à son tissu industriel et l’engagement des 203 opérateurs pharmaceutiques locaux, l’Algérie a pu relever le défi de la Covid-19 et assurer une large couverture des besoins nationaux en produits pharmaceutiques.
Et d’ajouter que ces efforts sont renforcés de plus en plus, par une profonde conviction de la nécessité de développer la production pharmaceutique qui est devenue un secteur stratégique sur décision des hautes autorités du pays en vue de la diversification économique du pays, selon M. Aoun.
Des facilitations en faveur des producteurs
Des mesures importantes ont été prises par les pouvoirs publics, dont le but est de faciliter l’investissement, et toutes les procédures en lien avec l’homologation et l’adaptation de la réglementation afin qu’elle soit en conformité avec la norme internationale.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la création de deux annexes de l’ANPP régionales d’Oran et de Constantine. Une démarche visant à se rapprocher des producteurs et industriels pharmaceutiques.
«Constantine, tout comme Oran étant des pôles de l’industrie pharmaceutique par excellence où se trouvent nos plus grands établissements pharmaceutiques. Ces deux annexes superviseront le marché à l’échelle régionale pour renforcer les capacités de nos activités techniques et surtout les décentraliser», souligne-t-il, en notant au passage que l’Agence nationale des produits pharmaceutiques a mis en place diverses mesures nécessaires pour faciliter cette démarche stratégique, à savoir l’internationalisation.
Le même responsable a rappelé que dès 2020, les plus hautes autorités du pays ont établi comme axe stratégique la promotion du domaine des dispositifs médicaux, un domaine très vaste, innovant et créateur de richesses.
Parmi les premières mesures prises, indique-t-il, l’élaboration de textes réglementaires régissant tout dispositif médical, permettant le recensement et l’enregistrement de tous les dispositifs médicaux commercialisés en Algérie, afin de s’assurer de leur efficacité et performance.
«Ces dispositifs réglementaires sont complétées par l’obligation faite aux établissements pharmaceutiques de fabrication, du respect des normes internationales notamment les normes ISO», ajoute-t-il.
La volonté manifeste des pouvoirs publics de promouvoir l’export s’est exprimée dernièrement, par la levée d’obstacles rencontrés par nos opérateurs, à savoir, le transport par l’ouverture de plusieurs lignes aériennes, maritimes et l’ouverture de banques notamment dans les pays subsahariens, permettant toutes les transaction financières.
En somme, toutes les conditions sont maintenant réunies pour l’internationalisation du médicament et autres produits pharmaceutiques «made in Algeria».
La balle est le camp des producteurs nationaux et étrangers installés en Algérie pour aller à la conquête du marché africain.
A.R.