À bord de la Freedom Flotilla, ce 8 juin 2025, Rima Hassan s’apprête à vivre l’une des heures les plus critiques de sa mission humanitaire : l’entrée dans les eaux territoriales palestiniennes.
Après une semaine de navigation depuis les côtes siciliennes, le navire de la flottille approche désormais des rivages de Gaza, contournant prudemment les zones sous contrôle égyptien. “Nous sommes à proximité de Gaza, sur la côte égyptienne. L’interception de notre bateau aura très probablement lieu demain matin, à l’entrée des eaux territoriales palestiniennes que contrôle Israël,” explique la députée européenne lors de notre entretien en direct.
Un isolement diplomatique assumé
Si la mobilisation citoyenne a permis de sensibiliser l’opinion publique et de prévenir jusqu’à présent des attaques directes, l’absence de soutien étatique reste une profonde déception pour Rima Hassan : “Nous sommes déçus de ne pas avoir été appuyés par des États pour garantir un passage sûr et acheminer cette aide humanitaire jusqu’à Gaza.”
Malgré l’appel de dix rapporteurs spéciaux de l’ONU en faveur d’un passage sécurisé, aucune garantie n’a été obtenue. L’Union européenne, pour sa part, a pris contact avec les autorités israéliennes concernant la sécurité des ressortissants européens à bord, mais sans engagement sur la mission elle-même. “La France, par la voix du Quai d’Orsay, a simplement fait savoir qu’elle se tenait prête à intervenir en cas d’attaque ou pour un éventuel sauvetage,” précise Hassan.
La force d’une mobilisation citoyenne
En parallèle, une grande marche internationale se prépare depuis l’Égypte : des ressortissants de plus de 60 pays convergeront vers Gaza. “C’est une dynamique qui vient combler le vide politique créé par l’incapacité des États à mettre fin au blocus,” souligne Rima Hassan.
Les actions citoyennes, qu’il s’agisse de cette marche ou de la Freedom Flotilla, constituent aujourd’hui l’un des rares leviers concrets pour maintenir la pression internationale. “Nous recevons des milliers de messages de personnes qui nous disent : ‘Vous nous redonnez espoir.’ Il est essentiel de dépasser l’impuissance face à l’inertie politique.”
L’heure décisive approche
Mais les prochaines heures seront déterminantes. En cas d’interception, la communication avec le navire sera coupée. “Nous nous préparons à plusieurs heures d’arrestation : menottés, sans boire ni manger, sous surveillance, avant d’être transférés à Ashdod et interrogés,” détaille-t-elle.
Son appel est clair : “Restez mobilisés ! C’est maintenant que nous avons besoin de toute l’attention de l’opinion publique pour peser sur nos gouvernements et exiger non seulement la fin de ce blocus mais aussi celle du génocide en cours à Gaza.”
Le sort de la Freedom Flotilla se jouera dans les heures à venir. Plus qu’une simple traversée, c’est un acte de résistance face à un blocus qui affame et opprime une population entière. Et face à ce combat pour l’humanité, le silence ne saurait être une option.
🛑 DERNIÈRE HEURE : BLACKOUT COMMUNICATIONNEL EN COURS
Alors que nous publions cet article, un développement crucial vient de survenir.
Il y a tout juste deux heures, l’équipage de la Freedom Flotilla a annoncé que le blackout communicationnel avait officiellement commencé — signe que l’interception par les forces israéliennes est imminente.“If you don’t hear from us in the coming hours, it means we have been cut off from the world.”
Le signal GPS lui-même a été brouillé, renvoyant une localisation absurde vers un aéroport jordanien, alors que le navire se trouve encore à 162 milles nautiques des côtes de Gaza.Un ultime message d’alerte a été lancé par les militants à l’adresse de l’opinion publique : « If we mobilize enough, if we pressure enough the nation states, we can still save this humanitarian aid, this mission, and ourselves. We count on you right now. »
📢 Dernier message public de Rima Hassan sur X (@RimaHas), avant le blackout :
Quand ils procéderont à notre arrestation je les regarderai comme Larbi Ben M’Hidi a regardé les colonisateurs de sa terre : sereine, assurée de la libération de la Palestine. Ils sont les occupants de cette terre, nous sommes ses racines.
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On pense libérer la Palestine mais… pic.twitter.com/7PROxkikSp