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Algérie–Italie Ou Le Vrai Combat BRI–I2U2 : Un Enjeu Mondial Derrière Un Partenariat Bilatéral

by Hope Jzr
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By Hope&ChaDia

Quand le président Abdelmadjid Tebboune s’est rendu en visite d’État en Italie, nombreux ont salué la chaleur de l’accueil, la sincérité apparente des échanges, ou encore la signature d’une quinzaine d’accords dans des secteurs clés. Mais ce que peu de commentateurs ont osé formuler frontalement, c’est que ce partenariat, en apparence bilatéral, pourrait bien devenir l’un des points de bascule d’un affrontement géopolitique mondial silencieux : celui qui oppose la Belt and Road Initiative (BRI) chinoise à l’alliance I2U2 formée par l’Inde, Israël, les Émirats arabes unis et les États-Unis.

Un corridor logistique, énergétique et stratégique

L’Algérie et l’Italie ne se contentent pas d’échanger du gaz. Leurs projets communs touchent aujourd’hui les infrastructures numériques (câbles sous-marins), la sécurité énergétique (exploration offshore), la défense (coopération technique), la migration et même la connectivité Sud–Nord à travers des hubs logistiques. En d’autres termes, l’axe Alger–Rome est en train de devenir un véritable corridor d’échanges entre l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe.

Ce rôle de « passerelle » rappelle étrangement celui que convoitait déjà Israël au cœur de la stratégie I2U2 : offrir un pont logistique et énergétique entre l’Inde et l’Europe via les Émirats, Haïfa, l’Italie. Mais voilà : cette vision nécessite que l’Italie reste exclusivement alignée sur cet axe.

Rome, le double visage d’un pont

Officiellement, l’Italie s’est retirée de l’accord-cadre de la BRI en 2023. Mais les flux commerciaux avec la Chine n’ont jamais cessé, et les ports de Trieste et Gênes continuent d’être développés comme points d’entrée vers l’Europe du Sud. D’un autre côté, Rome multiplie les engagements stratégiques avec New Delhi, Tel Aviv et Washington.

La montée en puissance du partenariat avec Alger bouleverse cette architecture. Car l’Algérie, elle, n’est membre ni de la BRI ni de l’I2U2, mais entretient des relations actives avec la Chine, la Russie, l’Iran… et l’Italie. Une configuration non-alignée mais connectée, qui échappe aux pôles de pouvoir classiques.

Et c’est bien cela qui dérange.

Une menace pour l’axe Indo-Israélo-Atlantiste ?

Pour les promoteurs du corridor I2U2, l’émergence d’un axe Algérie–Italie–Chine n’est pas neutre. Elle remet en question plusieurs équilibres : -Le monopole logistique israélien en Méditerranée orientale, avec les ports de Haïfa et Ashdod; -Le rôle de l’Inde comme puissance d’exportation via les EAU; -L’influence des États-Unis sur le contrôle des routes énergétiques en Méditerranée.

Ce que l’on redoute à Washington comme à Tel Aviv, ce n’est pas que l’Italie fasse des affaires avec Alger. C’est qu’en faisant cela, elle ouvre la porte à une route concurrente à celle d’I2U2, et par ricochet, qu’elle réintègre discrètement les logiques de la BRI.

Le plan Mattei entre BRI et I2U2, Moussa Faki en Arbitre !

Lors du sommet Italie–Afrique de janvier 2024, Moussa Faki a publiquement exprimé ses réserves sur le plan Mattei, déclarant que l’Afrique « n’est pas un continent de mendiants ». Une critique apparemment ferme, qui semblait défendre une souveraineté africaine face à un projet perçu comme vertical.

Mais en réalité, ce plan — conçu pour faire de l’Italie un hub énergétique stratégique reliant l’Afrique à l’Europe — entre aussi en compétition directe avec le corridor I2U2, qui connecte l’Inde, les Émirats, Israël et l’Europe… sans passer par l’Afrique du Nord. Or, Meloni s’est clairement alignée sur Washington et Tel-Aviv, et le plan Mattei pourrait, à terme, servir de canal parallèle pour des intérêts extérieurs non africains.

Moussa Faki, qui avait déjà irrité Alger en 2021 en accordant unilatéralement à Israël un statut d’observateur à l’Union africaine, semble ici recadrer plutôt que rejeter le plan. Plutôt qu’un refus clair, sa posture pourrait viser à façonner les termes d’un accès contrôlé, et à laisser la porte ouverte à une intégration douce de puissances extra-africaines dans les flux du plan Mattei.

Un positionnement habile — mais qui sonne davantage comme une menace déguisée que comme un soutien panafricain.

L’énergie comme levier… ou comme prétexte

En 2025, l’Algérie est redevenue le premier fournisseur de gaz naturel de l’Italie. ENI et Sonatrach multiplient les projets, pendant que les USA tentent de pousser Chevron à entrer dans le jeu. Mais le gaz n’est que la partie visible de l’iceberg.

Ce que Pékin cherche — et ce que Moscou encourage — c’est une fracture de la Méditerranée en deux axes :

  • un Est aligné sur l’I2U2, dominé par Israël, la Grèce, l’Inde et les États-Unis ;
  • un Ouest indépendant, où l’Algérie, la Tunisie, peut-être même la Libye, convergeraient vers l’Italie, l’Espagne… et indirectement la Chine.

Quand un partenariat devient un champ de bataille discret

Le rapprochement Algérie–Italie n’est pas anodin. Il s’inscrit dans un contexte où les corridors logistiques sont devenus les nouvelles routes de la guerre froide économique. Routes du gaz, câbles internet, systèmes ferroviaires, interconnexions maritimes — tous ces éléments sont désormais des actifs géopolitiques aussi sensibles que des bases militaires.

C’est pourquoi la simple signature d’un accord sur un câble internet entre Alger et Palerme peut faire trembler un conseiller stratégique à Washington ou à Tel Aviv. Car ce câble, ce n’est pas un tuyau neutre : c’est une route. Et qui contrôle la route, contrôle l’orientation.

L’Algérie au centre du jeu, encore une fois

Ironie de l’histoire : alors que d’autres se battent pour tracer leurs routes, c’est l’Algérie — souvent décrite comme isolée — qui redevient le pivot d’un affrontement stratégique global. Non pas en adhérant à une alliance ou en signant des pactes militaires, mais simplement en approfondissant une coopération bilatérale qui redessine des équilibres régionaux. Et si c’était ça, la nouvelle puissance : être la variable qui dérange tous les calculs, sans avoir besoin de changer d’équation ?

Épilogue: Comme De Son Vivant, Mattei Tranche-t-il Encore Entre L’Occident Et Le Sud Global?

Le Plan Mattei brandi aujourd’hui par Giorgia Meloni pour réorienter l’Italie vers l’Afrique porte le nom d’un homme qui, de son vivant, n’a jamais tranché en faveur de l’Occident contre le Sud — mais bien contre l’Occident, pour une autre vision du Sud.

Enrico Mattei, fondateur de l’ENI, a été l’un des rares hommes d’État européens à refuser la domination des cartels pétroliers occidentaux. Il proposait aux peuples du tiers-monde des accords à 50/50, parlait d’égal à égal avec les dirigeants africains, et a tendu la main à l’Algérie alors qu’elle était encore en guerre. Son nom n’est pas celui d’un médiateur impérial, mais celui d’un dissident du système.

Alors, qu’on ne s’y trompe pas : si Mattei vivait aujourd’hui, il ne serait sans doute ni dans l’I2U2, ni dans une alliance à logique unipolaire. Il serait peut-être là, aux côtés de ceux qui veulent une Méditerranée à double sens. Une Méditerranée décolonisée, où l’Algérie ne serait pas une case sur une carte énergétique, mais un partenaire stratégique respecté.

Et si, malgré tous les détournements sémantiques, le nom de Mattei tranchait encore une fois — pour le Sud ?

Think Tanks et rapports stratégiques permettant d’approfondir la réflexion

  • IRIS – “Pipeline politics: Algeria, Italy and the great game in North Africa”
    Par Umberto Profazio (IISS / NATO Defence College) : comment la coopération gazière entre l’Algérie et l’Italie s’inscrit dans une stratégie méditerranéenne visant à contourner les flux russes et à redessiner la géopolitique régionale.

  • ISPI – “Algeria and Italy: A New Era, Scattered with Challenges”
    Par Caterina Roggero : les compromis diplomatiques et les jeux d’intérêt autour de l’énergie et du plan Mattei.

  • Atlantic Council – MENASource : “If well managed, Italy and Algeria could build a strong and viable geo‑economic bridge”
    Par Abdelkader Abderrahmane : potentiel d’un corridor géo‑économique structurant entre l’Europe et l’Afrique via l’Algérie et l’Italie.

  • IWEPS – Perspective italienne sur la BRI
    Étude académique analysant les impacts et les débats internes en Italie autour de sa relation avec la Belt & Road Initiative.

  • IAI – “The Belt and Road Initiative in Italy. Five Case Studies”
    Étude de cas montrant la persistance des leviers italiens liés à la BRI malgré la fin du MoU officiel.

 

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