L’augmentation de la production halieutique en Algérie passe par le développement de l’aquaculture. D’ailleurs, la nouvelle stratégie mise en place par l’Etat s’articule, principalement, sur l’aquaculture marine et intégrée, d’autant que la pêche côtière a atteint ses limites.
Par Akrem R.
Selon une étude réalisée par le ministère de la Pêche et des ressources halieutiques, l’exploitation de toutes les potentialités que recèle notre pays en matière d’aquaculture, «peuvent atteindre une production de 600 000 tonnes à horizon 2030», dira, d’emblée, le secrétaire général au ministère de la Pêche et de la Production Halieutique, Farid Harouadi.
Il expliquera, dans ce sens, que le développement de l’aquaculture est placé par le gouvernement comme étant un outil de diversification de l’économie nationale et de son émancipation des hydrocarbures. C’est un grand défi, indique-t-il, mais qui est « réalisable sur le terrain et des études le démontrent ».
À cet effet, la tutelle est en train de mettre en place les premiers piliers pour le développement de cette activité, dont le potentiel n’est pas valorisé, actuellement. La production aquacole actuelle n’excède pas, en effet, les 6000 à 7000 tonnes/an.
En effet, à travers cette stratégie et vision claires, la production nationale en ressources halieutiques sera multipliée par six, permettant de répondre aux besoins du marché local, dont la demande est estimée à 300 000 tonnes/an.
Un niveau qui permettra également d’atteindre le ratio de 6,2 kg/habitant/an, comme fixé par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Ainsi, un excédent de production de 300 000 tonnes/an sera orienté vers l’industrie de transformation et l’exportation.
Le SG du ministère de la Pêche, qui s’exprimait sur les ondes de la radio nationale, a détaillé la stratégie de son secteur pour atteindre ces objectifs ambitieux. Il a fait savoir, d’abord, que le développement de l’aquaculture marine pourra apporter une production supplémentaire de 120 000 tonnes/an, alors qu’actuellement, cette filière n’y contribue qu’à hauteur de 6000 tonnes.
196 projets d’élevage de poisson enregistrés
Grâce aux mesures de soutien et des avantages accordés aux investisseurs, pas moins de 196 projets sont enregistrés au niveau du ministère, dont 70 projets sont en cours de réalisation.
Cette filière connait, indique-t-il, une réelle dynamique et un engouement des investisseurs, et les chiffres en sont à l’appui. La production de l’aquaculture marine a, en effet, doublée en l’espace de deux ans, passant de 3000 tonnes en 2021 à 6000 tonnes en 2023.
Avec l’entrée progressive de nouveaux projets d’investissement, la production nationale de l’aquaculture marine devrait atteindre les 100 000 tonnes.
Au passage, l’intervenant a rappelé que l’investissement dans l’aquaculture est rentable, affirmant que les projets dans ce segment sont les plus rentables partout dans le monde, avec un bénéfice global de 500 milliards de dollars.
L’Algérie est, donc, appelée à s’inscrire dans cette démarche, en explorant ses potentialités. Outre l’aquaculture marine, l’Algérie dispose d’importantes autres potentialités dans le domaine de l’aquaculture intégrée ou continentale. Une stratégie a été fixée par les deux ministères, Pêche et Agriculture, pour l’exploitation des 103 000 bassins d’eau destinés à l’irrigation aquacole.
L’investissement dans ce segment d’activité porteur, aura des retombées bénéfiques, à la fois, sur l’augmentation des rendements de production agricoles de 30% et sur la production de poisson.
Afin de promouvoir cette aquaculture chez les agriculteurs, l’Etat a mis en place un dispositif incitatif, avec l’octroi d’une prime de 5 millions de centimes pour la production d’une tonne du poisson de Tilapia.
Un dispositif qui commence à porter ses fruits sur le terrain. Une centaine de demandes ont été reçues durant ces trois derniers mois, affirme-t-il, à ce propos, indiquant que cela témoigne de l’intérêt qu’accordent les investisseurs à l’aquaculture continentale.
À cet effet, une carte de développement pour chaque wilaya a été élaborée avec la mise en place d’un dispositif de remboursement et de la commercialisation de la production issue de l’élevage dans les bassins d’irrigation.
Ce sont les chambres de pêche implantées partout dans le pays qui s’occuperont de la commercialisation de la production. Un accompagnement de taille de la part de l’Etat, est prévu visant l’encouragement et le développement de l’aquaculture, au renforcement de la sécurité alimentaire et au final, à la diversification de l’économie nationale.
La pêche en haute mer pour une augmentation de moitié de la production
Par ailleurs, le SG au ministère de la Pêche, Farid Harouadi, a rappelé que la pêche côtière est saturée et les efforts consentis depuis les années 2000 pour le renouvèlement et l’augmentation de la flotte nationale de pêche (passant de 2 550 en 2000 à 6 200 en 2020), n’ont pas donné de résultats positifs et la production nationale de poissons stagne à 100 000 tonnes/an depuis 30 ans.
« La production halieutique nationale est figée depuis les années 90, avoisinant les 100 000 tonnes par an, selon une étude menée, en 2023, par un comité d’experts », a déclaré Harouadi, expliquant cette contradiction par le fait que l’activité de pêche en Algérie s’est limitée aux seules zones côtières, où la biomasse «pêchable» est estimée à 187 000 tonnes, tandis que les professionnels ne sont pas équipés pour exploiter les zones en haute mer, qui regorgent de poisson.
C’est pourquoi l’Algérie, explique M. Harouadi, mise sur la prospection et l’exploitation de nouvelles zones en haute mer en introduisant des navires adaptés et équipés pour la grande pêche. Il a mentionné, à ce propos, « l’instruction du président de la République d’importer des navires de plus de 40 mètres capables de naviguer de 15 à 30 jours au large des côtes algériennes. Ce qui nous permettra d’augmenter la production nationale de 50% à l’horizon 2026 ».
En effet, la grande pêche apportera une production supplémentaire de 40 000 tonnes /an. Concernant la pêche au Thon rouge, le même responsable a annoncé un nombre de 34 thoniers pour la pêche de la totalité du quota de l’Algérie estimé à 246 tonnes.
A. R