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Ce que cachent les semeurs de désespoir : harragas, fantasmes et vérité des chiffres

by Hope Jzr
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D’OU VIENNENT LES IMMIGRÉS ? CHIFFRES MONDIAUX ET RÉALITÉS ALGÉRIENNES

La carte publiée par Statista à partir des données des Nations unies attire l’œil : elle montre d’où viennent les immigrés selon les pays d’accueil. Chaque couleur, chaque trait illustre un fait simple mais souvent oublié : aucun pays n’échappe au phénomène migratoire, qu’il s’agisse d’accueil ou de départs. Pourtant, le traitement médiatique de ces chiffres reste sélectif. Certains cas sont montés en épingle, d’autres relégués dans l’ombre. C’est particulièrement vrai pour l’Algérie, dont la jeunesse migrante est trop souvent présentée comme le signe d’une crise singulière. Replacée dans le contexte mondial, cette lecture ne résiste pas à l’examen.

Les chiffres des Nations unies (Division de la population, UN DESA, 2020) offrent un panorama clair de la réalité mondiale des diasporas. En proportion, les pays qui se vident le plus de leurs habitants ne se situent pas en Afrique du Nord, mais dans les Balkans et en Europe de l’Est. La Bosnie-Herzégovine détient le record, avec 34 % de sa population vivant à l’étranger. L’Albanie suit de près, avec 30,7 %. La Syrie, pays ravagé par la guerre, compte près d’un habitant sur trois à l’extérieur de ses frontières. La Moldavie, l’Arménie ou encore le Salvador affichent également des proportions vertigineuses, allant d’un quart à près d’un tiers de leur population. Même au sein de l’Union européenne, certains États connaissent une émigration massive : la Roumanie (18,2 %) ou le Portugal (16,6 %) illustrent à quel point la mobilité des habitants peut devenir une réalité structurelle.

Dans ce classement, l’Algérie occupe la 19ᵉ place mondiale, avec environ 7 % de sa population vivant à l’étranger, soit une personne sur quatorze. Ce chiffre est loin d’être négligeable, mais il ne relève pas de l’exception. Il situe l’Algérie dans une moyenne mondiale, bien derrière les pays où un tiers des citoyens a déjà quitté le territoire. La comparaison est encore plus parlante si l’on rappelle que certains États de très grande population – l’Inde, la Chine, l’Égypte – comptent des diasporas immenses en valeur absolue (plus de 18 millions d’Indiens à l’étranger, par exemple), mais qui, rapportées à leur poids démographique, représentent une proportion très faible. La Chine, avec plus d’un milliard d’habitants, ne compte qu’un expatrié sur 130.

Certains objecteront que ces statistiques ne reflètent pas la réalité clandestine. C’est vrai : l’ONU ne mesure que les personnes nées dans un pays et résidant officiellement ailleurs. Les départs irréguliers, eux, échappent en grande partie aux recensements. Mais l’expérience des chercheurs en migrations est claire : il existe une corrélation forte entre flux légaux et flux clandestins. Là où une population manifeste une forte propension à émigrer, les deux phénomènes coexistent. Ceux qui disposent de ressources, de diplômes ou de réseaux accèdent aux canaux légaux. Ceux qui en sont privés tentent la voie irrégulière. En ordre de grandeur, les pays qui envoient massivement des migrants par des voies officielles sont aussi ceux qui connaissent une pression clandestine plus élevée. Autrement dit, si l’on pouvait classer les flux irréguliers avec la même précision statistique, la hiérarchie des pays d’origine ne serait pas fondamentalement différente de celle observée pour l’immigration légale.

Cela change profondément la lecture du cas algérien. Les départs clandestins, les harragas, sont un drame humain et social, mais ils ne font pas de l’Algérie une exception mondiale. En proportion de population, d’autres pays connaissent des flux bien plus lourds. Le paradoxe est là : des nations européennes comme le Portugal ou la Roumanie affichent des taux de départ largement supérieurs, mais sans être stigmatisées comme des pays en crise existentielle. L’Algérie, elle, est régulièrement désignée comme un pays « qui se vide de sa jeunesse », comme si le phénomène n’existait qu’à ses frontières.

Cette insistance n’est pas neutre. Elle traduit un agenda médiatique et politique clair. Amplifier le drame des harragas algériens, c’est alimenter un récit négatif sur un pays qui dérange par ses positions internationales indépendantes, qu’il s’agisse du soutien à la Palestine, du Sahara occidental ou du refus de s’aligner sur les blocs occidentaux. La surmédiatisation sélective construit un imaginaire : celui d’un État incapable de retenir sa jeunesse, condamné à l’instabilité. Or, les chiffres replacés dans le contexte global racontent une autre histoire : celle d’un pays inséré dans une tendance mondiale, ni plus ni moins.

Héritage colonial et migrations algériennes

Aussi, On ne peut comprendre les flux migratoires algériens sans rappeler l’impact de 132 ans de colonisation française. Dès la fin du XIXᵉ siècle, l’Algérie devient un réservoir de main-d’œuvre pour la métropole. Des dizaines de milliers d’Algériens, souvent recrutés de force ou poussés par la misère rurale, traversent la Méditerranée pour travailler dans les mines, les usines et les chantiers français. Au lendemain des deux guerres mondiales, ce mouvement s’amplifie : l’économie française, détruite, s’appuie massivement sur les travailleurs algériens. Dans les années 1950, la guerre de libération intensifie encore les flux, une partie des exilés étant à la fois ouvriers et relais politiques de la cause indépendantiste. Cet héritage explique en partie l’ampleur et la structuration de la diaspora algérienne aujourd’hui. Contrairement à d’autres pays comparables, l’Algérie a une histoire d’émigration « encadrée » par la colonisation, où le départ vers la France n’était pas une option individuelle, mais une conséquence directe de la domination coloniale. Cet arrachement historique continue d’alimenter les imaginaires et de renforcer les liens familiaux et sociaux entre les deux rives, rendant les migrations contemporaines à la fois plus visibles et plus politisées.

Reste une question stratégique. L’émigration est souvent présentée comme une perte sèche, un signe de décomposition interne. Mais l’histoire récente montre qu’elle peut être aussi une ressource. L’Inde, le Portugal, le Liban ou encore la diaspora chinoise ont su transformer l’exode en levier d’influence et de puissance économique. Les transferts de fonds, mais aussi les réseaux d’affaires, la circulation des savoirs et les relais diplomatiques constituent autant d’atouts lorsqu’un État sait mobiliser sa diaspora. L’Algérie dispose d’un potentiel similaire : près de cinq millions de ses enfants vivent à l’étranger. La question n’est pas seulement de réduire l’irrégularité, mais de transformer cette présence mondiale en force nationale.

En conclusion, il faut se garder des simplifications médiatiques. Oui, les harragas existent et coûtent des vies. Oui, l’émigration massive est un défi pour un pays qui aspire à la stabilité. Mais non, l’Algérie n’est pas un cas extrême. Avec une personne sur quatorze vivant à l’étranger, elle se situe dans une moyenne mondiale, loin des nations où un tiers de la population a quitté le territoire. Le récit de « l’hémorragie algérienne » relève donc plus de la propagande que de l’analyse. Les chiffres replacés dans leur contexte montrent une vérité plus sobre : l’Algérie, comme tant d’autres pays, connaît une mobilité importante de sa population. La différence ne réside pas dans l’ampleur, mais dans la manière dont cette réalité est racontée – ou instrumentalisée.

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