Le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères ne laisse pas de place à une quelconque autre interprétation que celle voulue par l’Algérie en réaction à la reconnaissance par la France de la prétendue marocanité du Sahara occidental.
Le gouvernement algérien a décidé le «retrait avec effet immédiat» de son ambassadeur auprès de la République française.
Il n’est donc pas question de «rappeler», mais carrément de «retirer» le représentant diplomatique algérien à Paris. En termes diplomatiques, cela renvoie à l’ultime niveau d’alerte avant la rupture pure et simple des relations entre les deux pays. En 62 ans de relations algéro-françaises, c’est bien la première fois que la crise atteint pareil sommet. Très proche du «zéro absolu», la tendance que prennent ces relations était impensable, il y a quelques semaines.
La visite d’État du président Tebboune en France, en cas de succès à la présidentielle du 7 septembre, était encore de mise. Quelque peu «secoué» par des déclarations intempestives de l’extrême droite, à quelques jours des législatives en France, le climat algéro-français est revenu à la normale après l’échec du parti raciste aux élections. De fait, Alger et Paris devaient, logiquement se parler, après la constitution du nouveau gouvernement à Paris. Mais contre toute attente, Emmanuel Macron remet la pendule algéro-française aux heures les plus sombres de l’Histoire entre les deux pays, en informant Alger d’intentions dangereuses à tout point de vue.
Quelques jours après la réaction algérienne, il écrit au roi du Maroc et confirme personnellement une dérive «qu’aucun autre gouvernement français avant lui n’avait cru devoir franchir», rappelle le ministère des Affaires étrangères. Il y a eu certes des louvoiements, des tergiversations et autres lâchetés, voire un soutien militaire assumé au Maroc de la part du gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing, mais il n’y a pas dans les annales de la Ve République française, un président qui ait considéré le plan d’autonomie marocain comme constituant «désormais la seule base pour aboutir à une solution», à la question du Sahara occidental, comme le suggère Emmanuel Macron dans sa lettre à Mohammed VI. Ainsi, le président français «a fini par donner sa caution franche et catégorique au fait colonial imposé au Sahara occidental», retient le ministère des Affaires étrangères.
Cette décision remet totalement en cause la position diplomatique de la France et s’apparente à un véritable coup de poignard dans le dos du peuple sahraoui, des cadres onusiens qui travaillent à mettre en oeuvre le processus d’autodétermination, à l’Union africaine, dont le Sahara occidental est un membre fondateur. C’est également une offense caractérisée à la liberté de tout un peuple de s’émanciper d’une tutelle qu’il refuse. Les Algériens qui savent la valeur de la lutte pour l’indépendance et l’importance de l’autodétermination des peuples voient le retournement de veste du président Macron comme un relent colonialiste très proche des thèses de l’extrême droite française. En prenant fait et cause pour le régime marocain, Emmanuel Macron confirme une situation de colonisation et tourne le dos au droit international et à toutes les résolutions de l’ONU concernant la question sahraouie. Il rejoint, dans sa fuite en avant, la puissance administrante, l’Espagne pour ne pas la citer qui, en 1975 déjà, avait failli à sa mission. Cet énième renoncement de la France à son devoir de pays membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU est l’aboutissement naturel d’une politique africaine chaotique qui voit les pays subsahariens se détacher de l’attelage de la France-Afrique, en raison précisément d’un comportement néo-colonial inadmissible de la France.
Avec cet alignement sur les thèses du Maroc, indigne d’un État qui prétend prôner les droits de l’homme, Paris fait un saut dans son passé colonial crasseux et met toute la région du Maghreb sur un véritable chaudron. La posture que prend Macron dans une région déjà infestée par l’entité sioniste et un vaste trafic de drogue piloté par le Maroc, ne règle aucunement les problèmes des peuples. Bien au contraire, le président français a allumé la mèche d’une véritable bombe qui peut exploser à tout moment.
Communiqué du Ministere des Affaires étrangères
Le gouvernement algérien a décidé le retrait de son ambassadeur auprès de la République française avec effet immédiat et la représentation diplomatique algérienne en France est désormais du ressort d’un chargé d’affaires, suite à la reconnaissance par la France du plan d’autonomie marocain comme «seule base» de règlement du conflit du Sahara occidental dans le cadre de la prétendue souveraineté du Maroc. Le gouvernement français a fini par donner sa caution franche et catégorique au fait colonial imposé au Sahara occidental. Ce pas qu’aucun autre Gouvernement français avant lui n’avait cru devoir franchir, le gouvernement actuel l’a fait avec beaucoup de légèreté et une grande désinvolture, sans en mesurer lucidement toutes les retombées potentielles. En reconnaissant le plan d’autonomie marocain comme la seule base de règlement du conflit du Sahara occidental dans le cadre de la prétendue souveraineté du Maroc, le gouvernement français bafoue la légalité internationale, prend fait et cause pour la négation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, se démarque de tous les efforts patients et persévérants déployés par les Nations unies à l’effet de parachever la décolonisation du Sahara occidental et manifeste une abdication des responsabilités particulières qu’il doit assumer, en toutes circonstances, comme membre permanent du Conseil de Sécurité. En conséquence, le gouvernement algérien a décidé le retrait de son ambassadeur auprès de la République française avec effet immédiat. La représentation diplomatique algérienne en France est désormais du ressort d’un chargé d’affaires, ajoute la même source.