206
Dans une précédente contribution, nous avions mis en évidence les liens étroits entre les conflits, de plus en plus nombreux, qui éclatent à travers la planète, et les enjeux énergétiques, vitaux, pour les économies mondiales : https://lapatrienews.dz/objet-la-crise-mondiale-ce-quon-ne-nous-dit-pas/
Il était donc évident que l’Algérie, qui aspire à jouer un rôle majeur dans la géopolitique régionale de sécurité énergétique, allait inévitablement se heurter à des projets rivaux poussés par des acteurs… très peu épris de “l’esprit Coubertin”.
Dans sa stratégie de déploiement à l’international, la Sonatrach (de même que la compagnie italienne Eni) avait signé, en 2007, un contrat de prospection avec le gouvernement malien (au détriment du français Total Energies) pour l’exploration dans le bassin de Taoudeni. En 2010, les premiers résultats faisaient état de potentialités prometteuses, notamment en gaz, domaine d’expertise algérienne. L’Algérie avait également obtenu des concessions en Lybie, au Niger et en Mauritanie.
Coincidemment, en 2011, le gouvernement de Kadhafi était renversé par une coalition occidentale et de pays du golfe, puis assassiné. Déferlèrent alors des hordes de djihadistes dans tout le Sahel, curieusement, principalement autour des bassins pétroliers et gaziers.
La suite est connue. Début 2012, l’Algérie dut se retirer pour raisons sécuritaires et céder la place aux occidentaux en général et à la France en particulier, appelée, fort opportunément pour l’occasion, par des dirigeants Sahéliens. Non sans y laisser des plumes du reste, comme en témoigne l’épisode douloureux de l’enlèvement et de l’assassinat de diplomates algériens au Mali (https://elwatan-dz.com/tebboune-concernant-lenlevement-de-diplomates-algeriens-au-nord-du-mali-nous-savons-qui-a-fait-le-coup).
Cependant, l’Algérie ne fait pas uniquement face à des rivalités dans son environnement immédiat, elle est également confrontée à des projets concurrents pour l’approvisionnement en énergie de l’Europe, que ce soit dans l’électricité (https://www.aps.dz/economie/174073-algerie-italie-sonelgaz-et-sonatrach-signent-un-protocole-d-entente-avec-eni-concernant-le-projet-d-interconnexion-electrique) ou dans l’hydrogène verts (projet SouthH2 corridor) :
– La France avait conclu un accord pour la production d’hydrogène à partir de gaz naturel avec l’Allemagne, cette dernière fournissant, par sa multinationale Siemens, les turbines nécessaires à sa transformation en électricité.
– Les Emirats entendent se lancer dans la course à l’hydrogène et ont l’ambition de devenir l’un des leaders mondiaux de ce produit, ainsi que dans les énergies renouvelables en général :
– Le Maroc s’est également invité la table des grands, avec notamment le fumeux projet de gazoduc Nigeria-Maroc, et d’autres non moins hypothétiques (https://fr.le360.ma/economie/hydrogene-vert-un-premier-investissement-de-10-milliards-de-dollars-des-emirats-arabes-unis-dans-le_GUQQ7PM2WND4NFT6Y74RSTVP5U/), mais il n’y fait figure que de domestique au service de ces suzerains occidentaux et du golfe. Il n’a été évoqué ici qu’accessoirement.
En effet, le royaume non seulement ne dispose d’aucune expérience dans le domaine énergétique, mais il n’a ni les moyens financiers ni les ressources primaires nécessaires à la transition énergétique (sources d’électricité, gaz naturel, etc).
Quant aux autres concurrents, autrement plus crédibles, au moins un élément leur fait défaut pour être décisifs dans cette bataille de l’énergie verte :
A la France, il manque le soleil, le gaz naturel. Les Émirats n’ont aucune compétence nationale formée dans les énergies renouvelables, ni les instituts pour ce faire et ils sont éloignés du marché européen.
En revanche, l’Algérie dispose de tous les avantages comparatifs pour en faire le candidat idéal et incontournable pour la transition énergétique et la fourniture d’énergie verte : moyens financiers, nombreux instituts dans le renouvelables et donc personnels qualifiés, ingénieurs et experts hautement formés, proximité de l’Europe, infrastructures déjà existantes, etc.
Il faut se l’avouer, l’Algérie, est en réalité, dans cette course à la fourniture d’énergie verte, tout simplement hors catégorie, hors concurrence.
C’est pourquoi il s’agira d’employer tous les moyens pour contrarier tous ses efforts et ses projets, car ses ennemis savent pertinemment qu’il est impossible et illusoire de l’abattre par une intervention armée, comme en Lybie ou dans d’autres états, déjà fragilisés par une population divisée. Ceux-ci portaient donc en eux les germes de l’éclatement de l’unité nationale et territoriale.
Il en va autrement de l’Algérie soudée et unie à son armée, que l’on tente en vain de dénigrer, car celle-ci est issue du peuple et est au service du peuple. C’est pourquoi elle est désignée par son appellation consacrée : ANP (Armée Nationale Populaire), une armée puissante et redoutée, qui fait la fierté de tout un peuple, grands et petits.
C’est notamment la dissuasion de nos forces aériennes et anti-aériennes (S300, S400, Buk, et autres systèmes anti-missiles et anti-aériens) qui permet le verrouillage de notre ciel et avait interdit le survol de notre territoire par les avions militaires français pour frapper le territoire malien en particulier et du Sahel en général. Une décision qui peut, en soi, être considérée comme une déclaration de guerre.
L’Algérie n’est donc pas étrangère à l’éviction de la France de ce qu’elle regarde encore comme sa chasse gardée. La Russie, également partie prenante de cette stratégie, subit pareillement une animosité atrabilaire de cette dernière. C’est pourquoi de tous les Occidentaux, la position de la France est sans doute la plus agressive, celle-ci proposant même d’envoyer des troupes au sol dans le conflit ukrainien.
Au Liban, considéré comme faisant partie de sa sphère exclusive d’influence, la France, par ailleurs alliée inconditionnelle de l’entité, est coiffée au poteau par l’Algérie, qui s’est proposée de livrer du fioul à ce qui pays, qui abrite…la résistance. Il faut imaginer qu’une partie de la livraison ira à destination de cette dernière pour concevoir les inquiétudes et la colère de l’Axe du Génocide (USA, France, entité, et tous les normalisateurs).
On l’aura compris, l’Algérie joue désormais dans la cour des grands, avec certes les défis que cela comporte. Mais que cela plaise ou non, l’Algérie est destinée et va devenir (elle l’est déjà dans une certaine mesure) une puissance de premier plan dans l’échiquier énergétique mondial. Sa position traditionnelle de non alignement et son rôle dans la sécurité énergétique de nombreux pays en ont font, au grand dam de ses ennemis, un acteur, non seulement indispensable, mais également incontournable.