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Certes le Général Giap déclarait avec raison dans son fameux discours du 6 janvier 1976 à Alger : “Les impérialistes sont de mauvais élèves (…) : ils apprennent mal les leçons, bien que ce soit des leçons de portée historique”. Et de citer les débâcles du colonialisme en Algérie, à Cuba et au Vietnam.
Cependant force est de constater que d’aucuns pays colonisés n’ont pas bien retenu les leçons non plus et connaissent bien des divisions sur nombre de dossiers qui nécessiteraient consensus pour leur résolution afin d’amorcer enfin le développement dans certaines parties du monde, en Afrique notamment : Lybie, Niger, etc.
Quant au conflit palestinien, certains pays ont conclu avec l’entité la fameuse truanderie du siècle, autrement dénommée “accords d’Abraham”, alors même que la raison d’être de cette entité est d’entraver le développement des pays de la région et d’anéantir les insoumis. Tout ceci au détriment des Palestiniens, qui du reste, bien que concernés en premier chef, n’ont aucune espèce de part dans ce “deal”. Principal objet de marchandage, ils n’y ont, en effet, rien gagné. Bien au contraire, les normalisateurs ont pour ainsi dire légitimé les violations des droits de l’homme infligées aux Palestiniens par l’entité.
Des nombreux conflits mondiaux, le cas palestinien est sans conteste le plus clivant car il symbolise la lutte d’un peuple pour sa liberté, pour ses droits, la justice, en un mot le combat contre le colonialisme, c’est-à-dire de l’opprimé contre l’oppresseur.
A l’ère des médias de masse, se déroule sous nos yeux toute l’horreur, la barbarie de l’impérialisme, et la lutte tragique et inégale d’un peuple pour sa survie. En effet, à la différence du siècle passé, des images qui soulèvent le cœur et la consternation de la communauté humaine (nous ne dirons pas internationale car un certain groupe s’est auto-approprié ce qualificatif exclusif) nous parviennent par des professionnels de la presse, dont nous saluons le courage et la mémoire pour celles et ceux qui ont perdu la vie dans cette noble mission.
Or une sorte de cécité semble frapper une certaine “communauté internationale” qui ne daigne voir le conflit que sous la lorgnette de l’impérialisme, ne reconnaissant aucun droit au peuple palestinien si ce n’est celui de disparaître physiquement. Du reste, considérant que ce peuple n’existe pas, ou tout au plus qu’il s’agit “d’animaux humains”, il ne saurait être question de nettoyage ethnique ou de génocide.
Aussi, la cause palestinienne a cette particularité singulière de diviser le monde en deux camps et constitue, en ce sens, un véritable test à la raison et à l’humanité en tout individu, plaçant les uns du côté du droit et de la justice et les autres du côté de l’arbitraire.
Quant à la constance de l’Algérie dans son soutien à cette cause juste, celle-ci n’est plus à démontrer. Chère à son peuple et à son gouvernement, la cause palestinienne (ainsi que celle des Saharaouis) a été inscrite au frontispice de sa constitution.
Du reste son histoire révolutionnaire et sa lutte avec ses propres moyens contre le colonialisme la rapproche plus que toute autre nation du combat palestinien.
En effet, au cours du sombre épisode colonial de son histoire, le peuple algérien aura connu napalm, déportations, enfumades, camps de concentration, exécutions sommaires, viols, éradication de villages entiers soupçonnés d’aider les moudjahidins et où femmes, enfants, vieillards jusqu’aux animaux ont été massacrés, ne laissant aucune trace de vie. La barbarie coloniale poussera sa sauvagerie jusqu’à mutiler les combattants, se faisant des trophées de leurs oreilles, leurs parties génitales ou leurs têtes, dont on trouvera un certain nombre exposées dans des musées en France, etc.
Quant au massacre de Guelma, Sétif et Kherrata de mai 1945, il aura fait 45000 victimes civiles côté algérien et une centaine côté européen. Ce carnage dura 7 semaines.
Confrontés à des forces disproportionnés, les résistants algériens (qualifiés de terroristes) luttèrent avec les moyens du bord. Arrêté le 15 février 1957, Larbi Ben M’hidi fit cette célèbre déclaration à propos des attentats : “Donnez-nous vos chars et vos avions, et nous vous donnerons nos confins et nos couteaux”. Torturé durant sa détention, il sera pendu pour avoir refusé de parler.
Comment donc un pays qui a connu les mêmes affres que ce peuple courageux qui subit encore aujourd’hui le joug du colonialisme pourrait-il se détourner de celui-ci ou formuler ne serait-ce qu’une quelconque réserve à son égard ?
Cette douleur, cette fletrissure communes, infligées par les mêmes bourreaux coloniaux confèrent, en quelque sorte, à l’Algérie, une légitimé pour organiser un forum au CIC regroupant toutes les forces progressistes de tous les continents (syndicats, ONG, associations, écrivains, journalistes, etc) afin d’élaborer un programme ou feuille de route à même de faire pression sur leurs pays respectifs et mettre un terme à cette injustice qui n’a que trop duré.
En effet, l’échec du sommet égyptien pour la paix était somme toute prévisible en raison des divergences des dirigeants du monde sur la question contrairement au forum d’Alger où il va de soi que participeront uniquement les groupes à qui la cause tient à cœur. Car, malgré la propagande et les graves entorses à la liberté d’expression, la majorité des peuples de la planète sont en faveur de cette dernière.
Toutefois rien n’empêche que des chefs d’État appartenant au même courant politique ou acquis à la cause puissent y intervenir (les présidents Lula du Brésil, Maduro du Vénézuela, Diaz-Canel de Cuba, etc).
Le mot d’ordre ou la thématique de ce forum international pourrait être “L’union et la solidarité des peuples pour un monde de paix et de justice”. Car il s’agit d’organiser et unifier les différents mouvements de protestation qui se manifestent à travers le monde pour parler d’une seule voix, et qui, en ordre dispersé, n’auront pas le moindre effet.
Il est temps que l’on donne aux peuples la parole qui leur a été confisquée jusqu’ici et que l’Algérie reprenne, à cette heure critique de l’Histoire, son propre flambeau, celui qui en avait fait la Mecque des révolutionnaires, pour redonner espoir aux opprimés et aux oubliés de ce monde.