Par Said Boucetta / lexpressiondz.com
L’épisode du Niger et le rôle majeur joué par l’Algérie ont confirmé le poids d’un pays qui a décidé d’assumer sa position de tête de pont du continent.
Au lendemain d’une audience accordée au ministre mauritanien des Affaires étrangères, le président de la République a reçu, hier, le chef de la diplomatie congolaise, Jean-Claude Gakosso. Ces deux personnalités africaines qui succèdent à beaucoup de leurs homologues qui ont foulé le sol algérien, ces dernières semaines, témoignent d’une ambition intra-africaine de tisser des liens stratégiques, dans l’objectif de mailler le continent et en faire une force de proposition dans une conjoncture régionale et internationale très instable. Une instabilité nourrie, dans le continent même, par des agissements suspects qui ont récemment révélé des intentions avérées de déstabilisation de nombreuses régions africaines. L’alliance maroco-israélienne qui a déjà tenté l’implosion de l’Union africaine à travers l’introduction en son sein de l’entité sioniste comme membre observateur, a frappé au Sahel et dans la région dans le centre de l’Afrique. Une proposition marocaine, très cynique faut-il le relever, à l’adresse du Niger, du Mali et du Burkina Faso et conditionnée par une brouille avec l’Algérie était à deux doigts de fractionner une région, dont la fragilité n’est plus à démontrer. Les mouvements d’humeur de ces pays à l’endroit de l’Algérie s’étaient, rappelons-le estompés quelques jours seulement après une «décharge électrique», dont tous les observateurs connaissent l’origine.
L’échec maroco-israélien repose principalement sur le préjugé positif qu’a toujours eu l’Algérie auprès de la quasi- totalité des capitales africaines. Mecque des révolutionnaires et soutien déterminant dans les indépendances de toutes les nations du continent, Alger est, aujourd’hui, encore incontournable dans n’importe quel processus politique régional. L’Accord d’Alger au Mali, en 2015, et la paix signée entre l’Éthiopie et l’Érythrée en 2000, témoignent de la performance reconnue de la diplomatie algérienne. Il est clair également que cet échec des manigances d’Israël et de Rabat pour déstabiliser le continent, est la conséquence d’une nouvelle dynamique insufflée par le président Tebboune dans les relations de l’Algérie à l’Afrique. Le chef de l’État algérien a ajouté une strate à la double action diplomatique et humanitaire. Il s’agit de la dimension économique proposée aux autres pays du continent. Les échanges commerciaux avec tous les pays voisins de l’Algérie ont plus que doublé en quelques années. Des comptoirs commerciaux sont une réalité en Mauritanie, Sénégal, Côte d’Ivoire, de même que les banques algériennes. Cet effort conséquent, qui s’est aussi traduit par une politique de partenariat d’égal à égal qui a vu l’Algérie effacer les dettes détenues sur des pays du continent au lieu d’en user comme un moyen de pression. Et plus encore, la volonté de l’Algérie s’est clairement exprimée à travers le milliard de dollars mis à disposition de tous les pays de l’UA pour financer des projets de développement de proximité.
Il faut reconnaître qu’avec le président Tebboune, l’on n’est pas dans la symbolique. L’ambition de l’Algérie est saine et s’exprime de manière directe, avec au bout une réelle efficacité opérationnelle. Les grandes entreprises, à l’image de Cosider, qui conduit trois autres sociétés publiques, le consortium à 100% algérien, pour réaliser la route Tindouf-Zouerate, en Mauritanie, en atteste. Sonatrach, Sonelgaz et d’autres acteurs majeurs de l’économie nationale sont déjà sur le terrain dans de nombreux pays. L’amélioration du taux de l’électrification en Afrique est une mission, d’abord économique, dans l’acception qu’a la nouvelle Algérie du développement de l’Afrique. Cela pour dire qu’Alger assume parfaitement sa profondeur africaine et travaille à consolider une vision généreuse qui met l’homme au centre du développement du continent. C’est le sens qu’il faut donner au refus catégorique de toute ingérence étrangère dans les affaires de l’ensemble des pays. L’épisode du Niger et le rôle majeur joué par l’Algérie pour éviter l’effondrement de cet État, ont confirmé auprès de tous les partenaires de l’Afrique, le poids d’un pays qui a décidé d’assumer sa position de tête de pont du continent. L’axe Alger-Abuja-Pretoria qui commence à voir le jour dans sa dimension économique avec le Nigeria et qui a démontré toute sa solidité sur le plan politique avec l’Afrique du Sud, est, de l’avis des observateurs de la scène africaine, l’avenir de l’Afrique.