(*) Par Hacene Kacimi
Partout dans le monde, et plus particulièrement au niveau des Etats dits fragiles, les frontières sont confrontées à des phénomènes complexes, liés au développement de l’insécurité, de l’instabilité, du sous développement, de la criminalité transnationale, de convoitises et menaces protéiformes, une faiblesse ou une absence de l’Etat, une marginalisation aiguë des populations, et une jeunesse qui rejoint les réseaux de trafic, de tout genre.
A cela viennent se greffer des mouvements irrédentistes, sous tendus par une volonté inavouée, de parties tierces, de morcellement et de partition de ces territoires.
Le contrôle et la maitrise de ces territoires, doit impliquer une forte volonté de l’Etat, de développement des espaces sahariens, et une réponse optimale aux besoins de ces populations, qui subissent une arrivée massive de migrants Subsahariens, dont certains arrivent, sur le territoire national, en éclaireurs camouflés, et non identifiés, des réseaux de la subversion.
Ce sont ces nouveaux défis vitaux, auxquels l’Etat Algérien doit répondre, au plus vite, pour garantir, dans le futur, la sécurité et la stabilité de ces territoires.
C’est dans ces conditions que l’Etat est concurrencé par des acteurs subversifs, qui ont pour ambition d’administrer illicitement ces territoires, par la force et par la violence.
L’Etat Algérien doit absolument déterrer la hache de guerre et engager le combat ultime, contre toutes ces formes de la subversion, qui se développent, de manière sournoise, aux frontières sud de l’Algérie.
La mal-gouvernance constitue l’expression d’une mauvaise anticipation, et la plus grave menace sécuritaire, à laquelle on sera confronté à l’avenir, si les pouvoirs publics ne prennent pas, à temps, les bonnes décisions.
Quand l’Etat est incapable d’administrer de vastes territoires, les interventions étrangères sont plus propices et plus faciles.
L’Etat Algérien est vivement interpelé, pour regarder de manière plus vigilante, vers ces contrées éloignées, exigeant le redéploiement rapide de l’Etat, avec force, pour équilibrer les écarts de développement, entre le nord et le sud du pays, devant assurer la sécurité et l’intégrité de ces territoires .
Au sud du pays, les familles qui ont fait fortune, grâce à la contrebande, affichant une richesse opulente, ostentatoire et provocante, regardant d’un œil discret et méfiant, le redéploiement de l’Etat, au niveau des localités frontalières.
Première partie :
Les barons de la contrebande et de la spéculation.
Le premier ministre l’a déclaré à plusieurs reprises. Les produits de large consommation sont et resteront subventionnés par l’Etat. Selon ce dernier, l’Algérie constitue l’un des rares pays où les produits de première nécessité n’ont connu aucune augmentation des prix. Si sur le plan sentimental, on souscrit de plein cœur à de telles mesures, mais économiquement, cela constitue, à long terme, une mesure suicidaire pour le budget de l’Etat.
Il n’est pas dans mon intention de plaider pour la suppression des soutiens de prix, parce que cela est trop dangereux et ne correspond pas à la doctrine sociale de l’Etat Algérien.
Allouer chaque année, environ 17 milliards de dollars, en soutien des prix, dont une partie de ces revenus tombe dans la caisse des contrebandiers, est insoutenable pour le budget de l’Etat.
Pour éviter de mettre en danger la paix sociale, comme cela est arrivé récemment, dans plusieurs pays, qui vivent un état de rébellion explosive, avec des confrontations sanglantes, opposant les populations et les services de l’ordre, les pouvoir publics doivent, avant de prendre toute mesure à ce sujet, réfléchir, sans aller dans la précipitation, avec l’aide des experts, pour réfléchir à mettre en place des mécanismes de soutien direct, en faveur des populations, les plus fragiles.
Un tel nouveau dispositif social ne doit pas, bien sûr, exclure les classes moyennes qui sont autant éprouvées par une augmentation des prix qui a touché tous les produits, suite à des fluctuations internationales très fortes.
Des produits de large consommation, avec des prix bons marchés, constituent une aubaine pour les réseaux de la contrebande transfrontalière, qui se sont bien organisés, pour transférer une partie de ces produits, de manière illicite, vers la Tunisie, le Maroc, le Mali et le Niger.
Selon les chiffres qui ont circulé, 30% des produits subventionnés, prennent le chemin des frontières, constituant des pertes sèches, en milliards de dollars, pour le trésor public.
La problématique de la disponibilité des produits de première nécessité, tels que la pomme de terre, l’huile, le lait, la semoule et la farine, qui disparaissent, de manière cyclique, ne peut pas être expliquée uniquement par des dysfonctionnements, dans la commercialisation.
La contrebande agit sur des produits subventionnés, pour les faire disparaître du marché, en les stockant dans des dépôts non déclarés, avant de leur trouver un preneur qui leur fera prendre, en temps opportun, la route des frontières, grâce à de fortes complicités.
La politique de subvention des produits de première nécessité doit être absolument réadaptée, pour qu’elle ne se transforme pas en prime aux réseaux de la contrebande, qui activent aux frontières du pays.
Les réseaux de contrebande se procurent, grâce au soutien des prix, de gros revenus qui sont recyclés dans toutes sortes d’activités illicites, notamment le trafic des armes, de la drogue, de l’orpaillage, des véhicules et du troc transfrontalier.
L’argent de la contrebande et de la mendicité des Haoussas, en Algérie, est aussi recyclé massivement à Tamanrasset, dans le but de prendre tout le contrôle du commerce, particulièrement dans cette wilaya stratégique.
C’est le cas du marché de Tafsit, à Tamanrasset, qui brasse des milliards. Ce marché communal est convoité par les Nigériens Haoussas, où plus de 150 Nigériens ont été expulsés de ce marché, en 2018, et reconduits aux frontières. Ces derniers exerçaient, depuis des années, l’activité de commerçant à Tamanrasset, dans l’informel, sans titre de séjour ou de carte de commerçant.
Avec la contrebande, de gros bonnets blanchissent leur revenu illicite, dans le commerce, au niveau des wilayas du sud du pays, en construisant, grâce à des complicités, de grands et puissants réseaux transfrontaliers de contrebande et de criminalité organisée.
Ce sont ces mêmes réseaux qui se reconvertissent, à la commande, en trafiquants de migrants, pour transférer vers l’Algérie, des milliers de migrants.
Plus le nombre de migrants qui entrent en Algérie est important, plus le volume des produits subventionnés qui quittent illicitement les frontières, est aussi important, mettant en évidence la force de ces réseaux de criminalité organisée, qui agissent aux frontières du pays.
Le blanchiment du revenu de la contrebande, au niveau des wilayas du sud, est visible à l’œil nu, avec des signes ostentatoires de richesse, de ces gros barons.
Dernièrement, les services opérationnels ont interceptés, au niveau d’Ain Guezzam, un convoi de 5 camions, venant de l’ouest du pays, portant des quantités importantes en huile, sur le point de traverser les frontières vers le Niger, déjoué par la vigilance de nos services opérationnels.
Les contrebandiers, agissant au nord et au sud du pays, se sont organisés, pour tenter de déjouer la vigilance de nos services opérationnels, au niveau de plusieurs wilayas.
L’orpaillage est un phénomène qui prend de l’ampleur. Il se développe dangereusement, au niveau des wilayas frontalières, avec une présence énigmatique, à Djanet et à Tamanrasset, d’un nombre important d’orpailleurs Maliens.
Les réseaux d’orpaillage qui agissent au niveau des wilayas de Tamanrasset et de Djanet, sont fortement encadrés par de puissants réseaux criminels, qui ont des prolongements au nord du Niger, impliquant des Français, des Emiratis et des juifs, selon certaines indiscrétions, qui pointent du doigt, des parties étrangères, et de gros bonnets Algériens, connus pour pratiquer illicitement ce métier, dans ces deux wilayas.
Selon ces mêmes informations, le réseau des orpailleurs Maliens et Toubous Tchadiens, est financé par des organisations sionistes, agissant au nord du Niger, avec la collusion des réseaux d’Areva, a Arlit , au nord du Niger.
Les Wilayas de djanet et de Ain Guezzam, constituent le prolongement du plateau aurifère de Djadau, au nord du Niger, infesté de mercenaires de tout bord.
La ruée vers l’or, au niveau du plateau de Djadau, au nord du Niger, a attiré un nombre important d’orpailleurs Maliens et Tchadiens, particulièrement les Toubous, qui se sont spécialisés dans toutes sortes de trafics, en remontant en Algérie, par la région nord est Nigérienne, de Madama, où est installé une base française de l’opération serval.
Comme les frontières du Sud du pays sont très vastes, les réseaux de contrebande arrivent à transférer vers le Mali, le Niger, la Tunisie et le Maroc, des quantités importantes, en produits divers, principalement de première nécessité.
Les bilans réguliers publiés par le Ministère de la Défense Nationale, en matière de lutte contre la contrebande, aux frontières, mettent en évidence le volume impressionnant des marchandises saisies, tout en reconnaissant que des quantités importantes, arrivent aussi à quitter le territoire national, de manière illicite, grâce à des réseaux criminels.
Il est nécessaire de relever que 90% des saisies, opérées au niveau des frontières, sont l’œuvre des services opérationnels de l’ANP. Les Services de la Sûreté Nationale et de la Douane, sont également impliqués fortement, en matière de lutte contre la contrebande.
L’Etat produit quotidiennement 4 fois les besoins quotidiens de l’Algérie, en huile de table. Cette pénurie ne se justifie pas, parce que au vu des chiffres de production, publiés par les pouvoirs publics, on peut, sans se tromper, estimer que les besoins de la population sont largement couverts, avec un excédent important, en production.
Dans ce cas, on se demande légitimement pour qui roulent ces réseaux criminels qui arrivent à faire disparaître des quantités importantes de ces produits de première nécessité, dans le but de provoquer des troubles dans le pays ?
À Tamanrasset, des commerçants Nigériens Haoussas, sans registre de commerce, ni titre de séjour, concurrencent le commerce du centre ville de Tamanrasset, exercé par des Algériens, de manière légale et régulière. Une telle situation n’a pas soulevé une réaction rapide des pouvoirs publics, face au développement dangereux d’un commerce illicite, florissant, qui se meut , en marge de la loi, menaçant dangereusement notre économie et notre sécurité nationale.
Les commerçants Haoussas Nigériens, de Tamanrasset, arrivent à récupérer au nord du Niger , les produits de première nécessité, qui quittent les frontières du sud, pour être commercialisés au Niger, et plus loin, en Guinée et au Burkina Faso.
Les produits de première nécessité, subventionnés par l’Etat Algérien, sont proposés à la vente, sur les réseaux sociaux, en Tunisie, au Maroc, au Mali et au Niger, nécessitant des réajustements dans nos dispositifs de contrôle.
Certaines spéculateurs ,au niveau des localités frontalières, se sont fait délivrer des registres de commerce, leur ayant permis de bénéficier de quantités très importantes, en denrées alimentaires, subventionnés, dépassant de très loin, les besoins des populations frontalières.
Pour faire face à ces défis, les nouvelles wilayas frontalières, doivent être missionnées, principalement, pour lutter contre la contrebande et l’immigration clandestine, pour renforcer notre sécurité nationale.
Il est également recommandé de revoir le statut des localités frontalières de Tin Zaouatine et de Timiaouine, en érigeant ces communes enclavées et isolées, en wilayas déléguées, dans la forme de forteresses et de postes avancés, avec toute la logistique correspondante, pour mieux contrôler une mobilité à haut risques, au niveau de tous ces vastes territoires.
Tin Zaouatin est une commune Algérienne, dépendant de la nouvelle wilaya d’Ain Guezzam, qui a sa sa sœur jumelle, sur le tracé frontalier, a l’intérieur du territoire Malien, et qui se dénomme aussi Tin Zaouatin. Elle est reliée à la région de Kidal, par une piste, qui a toujours été empruntée par les populations de cette région, qui disposent de forts liens de filiation.
Les localités de Tin Zaouatin et de Timiaoine, sont très éloignées des chefs lieux de Wilaya, Ain Guezzam et Bordj Badji Mokhtar, rendant ces collectivités territoriales, enclavées, isolées, avec des retards chroniques en matière d’infrastructures et de développement, pénalisant les populations de ces localités frontalières.
La contrebande est l’ennemi de notre économie et de la quiétude du citoyen. Les pouvoirs publics éprouvent beaucoup de difficultés, depuis fort longtemps, pour maîtriser le circuit de la commercialisation, du producteur au consommateur, notamment au niveau des marchés de gros, laissant de grands boulevards, à la contrebande, qui sévit, de manière récurrente, et avec force, contre la sécurité de la population.
A l’est du pays, les wilayas de Tebessa et de Tarf, connaissent une saignée importante en carburant, comme à Tamanrasset, qui est la wilaya la plus touchée par la contrebande, comparativement aux wilayas d’Adrar et d’Illizzi.
Il y’a des stations d’essence à Ain Guezzam, à Tinzaouatine et à Bordj Badji Mokhtar, qui ont bénéficié d’agréments, dans des conditions qui restent à élucider. Certains considèrent que celles ci sont complices, pour alimenter la contrebande de l’essence, qui traverse les frontières, par des voies illicites.
Au niveau des localités frontalières, le territoire douanier est fixé à 400 km à partir des frontières, nécessitant la modernisation et le renforcement des moyens d’intervention opérationnelle, pour rendre plus efficace le contrôle de tous ces vastes territoires.
Hacene Kacimi
BIOGRAPHIE
– Président du centre opérationnel au ministère de l’intérieur, chargé de la gestion des crises et des problématiques migratoires.
– Expert international des flux migratoires, reconnu par des organisations onusiennes.
– Expert du Sahel et de la gestion des crises .
– Représentation de l’Algérie , à l’étranger , en tant qu’expert.
– Plusieurs communications, à l’université de sciences politiques et l’école des sciences politiques.
– Plusieurs communications à l’école de guerre de Tamentfoust .
– Distinction de l’institut fédéral allemand des hautes études de sécurité .
Source: https://lapatrienews.dz/