On dit souvent qu’Alger se contemple depuis la mer, ses collines blanches plongeant dans le bleu profond. Mais ce week-end, ce sont les baskets qui l’ont redessinée, au rythme de 3 000 foulées enthousiastes venues s’approprier ses ruelles, ses monuments et son histoire vivante.
Pour sa deuxième édition, le Trail d’Alger a confirmé qu’il n’est pas qu’une simple course : c’est une invitation à découvrir la capitale autrement, à mêler effort sportif, curiosité patrimoniale et rencontre humaine. Pendant 18 kilomètres, les participants ont traversé des lieux emblématiques : le jardin d’Essai, les artères qui longent le métro, les musées, jusqu’aux ruelles plus confidentielles où l’âme de la ville se cache derrière des murs séculaires.
La capitale a vibré hier au rythme du sport, de la culture et du patrimoine à l’occasion de la deuxième édition du Trail urbain d’Alger.
Un cap impressionnant a été franchi : 3 000 participants – soit trois fois plus que l’année précédente – se sont élancés à la découverte des ruelles et monuments de la ville blanche, confirmant le succès grandissant de cette compétition unique, portée par la Wilaya d’Alger et un millier de bénévoles et partenaires mobilisés.
Je trouve que cette progression spectaculaire témoigne d’une soif de rassemblement et d’appartenance collective.
Dès le départ donné au stade Wagnouni, le ton était donné : ici, on oublie le chrono et on se souvient de sourire. Les coureurs, venus de tout le pays et même de l’étranger, ont plongé dans l’atmosphère vibrante de la Casbah, portée par la ferveur populaire et les musiques traditionnelles.
Puis ce fut une traversée presque intime de la ville : les voûtes d’Alger, les quais du port, le siège historique de la Wilaya – exceptionnellement ouvert aux 3 000 coureurs – et, plus loin, la Grande Poste, la rue Didouche Mourad, le boulevard Mohamed V. Les participants ont arpenté la bibliothèque nationale, les jardins du Hamma, l’école des Beaux-Arts, jusqu’à franchir l’arrivée, au pied du monument du Martyr illuminé par le crépuscule.
À mes yeux, ce parcours symbolique est une façon poétique de réconcilier passé et présent.
Chaque rue traversée racontait un fragment de l’histoire collective, chaque pas résonnait comme un hommage discret à ceux qui ont façonné la ville.
Les témoignages des coureurs parlaient d’émerveillement :
« On a redécouvert encore des coins d’Alger qu’on croyait connaître. Ça prouve que cette ville a mille visages à nous dévoiler. »
Le doyen qui a ému l’Algérie
Abdelkader Benguella, 92 ans, symbole vivant de la mémoire et du courage
Parmi les 3 000 participants, son visage restera gravé dans toutes les mémoires. À 92 ans, Abdelkader Benella a parcouru les 18 kilomètres avec une dignité bouleversante.
Ancien résistant de la révolution, il a marché et couru porté par ses souvenirs et par une conviction simple : montrer aux jeunes que le sport n’a pas d’âge.
« J’essaierai toujours d’être là pour leur donner envie de bouger », a-t-il soufflé, la voix pleine d’émotion, à l’arrivée.
Je trouve que sa présence était une leçon de vie, un rappel que l’effort est aussi un hommage silencieux aux combats passés.
Salué par des applaudissements nourris, il est devenu, le temps d’un soir, le héros discret d’un peuple qui n’oublie pas ses anciens.
Le Trail urbain d’Alger, c’est bien plus qu’une course : c’est une passerelle entre générations, entre l’effort et la découverte, entre la mémoire et la modernité.
Pour ma part, je suis persuadé que cet événement a quelque chose d’universel.
Il rappelle qu’une ville ne se comprend pas seulement avec les yeux, mais surtout avec le cœur et les jambes.
Et quand la nuit est tombée sur l’esplanade de Riadh El Feth, on sentait que la flamme de cette édition continuerait de briller encore longtemps dans l’esprit de chacun.
Hope&ChaDia
Hope&ChaDia