Le décret exécutif n°24-320, récemment paru au Journal officiel, établit le cadre juridique à la création de l’Université des Sciences de la Santé à Alger, une institution exclusivement dédiée à la formation dans les domaines de la médecine et de la pharmacie. Cette nouvelle entité représente une avancée pour l’enseignement supérieur en Algérie et pourrait même transformer en profondeur l’organisation des études de santé dans le pays.
Dans le détail, il s’agit d’un établissement public regroupant les facultés de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie, et qui bénéficiera d’une personnalité morale ainsi que d’une autonomie financière, comme prévu dans l’article 1er du décret. En ce sens, cette nouvelle université se démarquera des facultés de médecine actuellement intégrées dans des universités généralistes, comme c’est le cas pour l’Université d’Alger 1. Dans les universités généralistes, les facultés de médecine sont souvent gérées aux côtés de nombreuses autres disciplines, ce qui peut diluer les ressources et disperser les priorités. En revanche, une université exclusivement dédiée aux sciences de la santé permettra une concentration totale des efforts sur les besoins spécifiques de ces filières.
Ce recentrage ne pourra être qu’un facteur d’amélioration de la qualité de l’enseignement et de la recherche dans des secteurs aussi importants que la médecine et la pharmacie. Les étudiants et chercheurs pourront ainsi bénéficier d’une infrastructure favorisant une meilleure synergie entre formation théorique et pratique clinique, comme stipulé dans les objectifs visés à l’article 3 dudit décret.
Pour ce qui est du choix d’implanter cette nouvelle institution dans la wilaya d’Alger, il est tout sauf anodin. En tant que cœur névralgique du pays, la capitale s’affirme comme un pôle essentiel pour la formation des futurs professionnels de la santé. Cette université n’aura pas seulement pour mission de répondre à la demande croissante de formation dans les domaines médicaux, mais elle agira également comme un catalyseur pour le développement de la recherche scientifique appliquée, en phase avec les besoins de santé publique et les défis médicaux à venir.
Un modèle de gouvernance élargi
L’autre aspect notable du décret est sa prévision d’une gouvernance partagée impliquant divers secteurs clés de l’économie et de l’industrie, notamment la santé, l’agriculture, l’industrie pharmaceutique et l’économie du savoir, selon les dispositions de l’article 3. Cette approche multi-secteurs favorise une interaction renforcée entre le monde académique et les industries de la santé, créant ainsi un environnement propice à l’innovation, mais également à la recherche appliquée.
Cette initiative pourrait ainsi s’avérer déterminante pour dynamiser le secteur pharmaceutique en Algérie en encourageant la collaboration entre l’université et les entreprises du secteur, notamment dans le développement de nouveaux médicaments. Cette synergie est également cruciale pour d’autres secteurs stratégiques, tels que l’environnement et les énergies renouvelables, qui sont de plus en plus corrélés aux enjeux de santé publique et qui bénéficieront d’une représentation au sein du conseil d’administration de cet établissement.
Des défis à relever
Toutefois, cette transformation du paysage académique ne sera pas sans défis. La mise en place de cette nouvelle université nécessitera un transfert d’infrastructures et de personnel, comme stipulé dans l’article 5 du décret, mais aussi une période de transition pendant laquelle les deux structures – l’Université des Sciences de la Santé et l’Université d’Alger 1 – devront coexister. Le transfert des facultés de médecine et de pharmacie d’Alger 1 à cette nouvelle université doit se faire sans affecter la qualité de l’enseignement pour les étudiants actuels.
De plus, la réussite de ce projet dépendra largement de la capacité des acteurs de l’enseignement supérieur et du gouvernement à assurer une gestion efficace de cette nouvelle institution. Il faudra veiller à ce que les ressources humaines et matérielles soient optimisées pour éviter tout obstacle au bon fonctionnement de cette université, en particulier durant la phase de démarrage, comme le souligne l’article 6 concernant l’inventaire des biens à transférer.
La création de l’Université des Sciences de la Santé représente donc une avancée majeure pour l’enseignement médical en Algérie, promettant une formation spécialisée répondant aux besoins du secteur de la santé, mais également à ceux de secteurs stratégiques liés à celui de la santé.