Home Économie Culture de tournesol-Développement de la filière : L’objectif fixé

Culture de tournesol-Développement de la filière : L’objectif fixé

by Toufan
0 comment
A+A-
Reset
La guerre en Ukraine a entraîné une flambée des cours des huiles végétales. Confrontés à l’impératif de souveraineté alimentaire, beaucoup de pays se sont, dès lors, engagés dans une course pour augmenter leurs productions dans un contexte international troublé et fortement perturbé. Il n’y a pas de solution miracle pour y arriver : produire plus et mieux et tout mettre en œuvre pour rendre  les  filières stratégiques  compétitives.
Le gouvernement entend booster la filière des oléagineux, notamment la culture du tournesol. Le ministère de l’Agriculture annonce le lancement, dès ce mois de mars, d’un programme national. Une annonce qui tombe à pic alors qu’on déplore  une pénurie d’huile générée par la guerre en Ukraine. Le département d’Abdelhamid Henni se veut rassurant et assure que toutes les «conditions de réussite ont été réunies». Il précise que «les wilayas, les opérateurs et les intervenants ont été définis et les techniciens mobilisés à cet effet». Le développement du tournesol vise un double objectif : réduire la facture d’importation de ce produit et atteindre l’autosuffisance en huile de table. Le ministre ne cache pas, en tout cas, son optimisme.
Quels sont les points clés pour un semi de tournesol réussi ?  Quels en sont les avantages économiques et agronomiques? Quelle est la différence entre l’huile de tournesol oléique et linoléique? Autant de questions que nous avons  posées aux professionnels du secteur et autres économistes.  .
 L’expert agricole Laâla Boukhalfa rappelle que ce programme s’inscrit dans le cadre du programme du président de la République visant à garantir la sécurité alimentaire et sanitaire, surtout pour «les produits alimentaires stratégiques que nous continuons d’importer, notamment les céréales, la poudre de lait, les viandes rouges, le sucre et les huiles de table», dit-il. «Cela coûte au Trésor public plus de 10 milliards de dollars», rappelle t-il.
Pour la production des huiles de table, il souligne qu’une importance particulière a été accordée par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural au programme de culture des plantes oléagineuses. «La culture du tournesol a retenu l’attention du département de l’Agriculture. Une série de réunions et de rencontres ont été prévues pour vulgariser les techniques de culture de cette plante, les avantages accordés aux investisseurs intéressés par ce programme ambitieux et  propriétaires de structures de stockage et de transformation», affirme-t-il.
Une qualité supérieure
Il estime que les aides allant de 3.000 à 3.500 DA le quintal octroyées aux producteurs sont satisfaisantes. Les uns agissent à titre personnel dans un cadre de coopérative agricole. Quant au suivi, il est assuré par les techniciens de l’ITDAS. « Suivant les essais réalisés au niveau de la wilaya d’Ouargla, les résultats obtenus sont prometteurs en matière de rendement et d’extraction des huiles végétales», précise l’expert.  Selon lui, le début du programme national est prévu durant le mois de mars et pourra se poursuivre jusqu’en avril. Les résultats sont appréciables surtout en matière d’extraction qui peut aller au-delà de 40 litres par quintal de grains de tournesol.
La qualité de l’huile extraite est de niveau supérieur. Ces huiles végétales contiennent surtout les vitamines E et B6. En général, l’huile de tournesol est avantageuse pour la santé humaine», explique Boukhalfa. Et de noter que les déchets après extraction des huiles sont utilisés dans d’autres industries, surtout la production d’aliments de bétail. Selon lui, la différence entre l’huile linoléique et oléique est dans les acides gras. «L’huile linoléique de tournesol  contient plus de 67% d’acides gras très bénéfiques pour la santé», fait-il savoir.
La production d’huile de tournesol occupe la première place à travers le monde avec plus de16 millions de tonnes par an. L’Ukraine vient en tête avec une production de 4,5 millions de tonnes par an, suivi de la Russie avec une production de 4 millions de tonnes par An, l’Argentine vient en troisième position. L’Algérie occupe le 60e rang avec une production de 1.200 tonnes.
Avec ce programme ambitieux prévu dans le cadre du programme du président de la République, notre pays peut améliorer sensiblement son rang et mettre un terme définitif à l’importation des grains de tournesol, tout en améliorant sa sécurité alimentaire. Toutefois, à en croire Boukhalfa qui a livré ces chiffres, la réussite de toute culture est conditionnée par le respect de l’itinéraire technique, spécialement le choix de semences s’adaptant au sol et au climat, la maîtrise d’utilisation des engrais. «La réussite repose également sur la prise en charge de la récolte en aval en matière de transport, de stockage et surtout la transformation dans le cadre de l’agriculture contractuelle pour éviter les problèmes rencontrés déjà avec la culture du colza», conclut-il.
Amokrane H
Benali Abdelghani, SG du Conseil national interprofessionnel des céréales  : «Les oléagineuses ont un bel avenir»
Dans cet entretien, le secrétaire général du Conseil national interprofessionnel des céréales,  Abdelghani Benali aborde les modalités de lancement du programme de culture du tournesol et les perspectives que celle-ci ouvre à l’économie nationale.
Le ministère de l’Agriculture a annoncé le lancement du programme national de culture du tournesol. De quoi s’agit-il au juste ?
L’intérêt pour cette plante remonte à plusieurs années, mais le programme qui date de deux ans vise à soutenir le développement  des cultures oléagineuses, notamment le tournesol et le colza. Le ministère de l’Agriculture a bien ficelé le dossier d’accompagnement de la filière, notamment l’élaboration d’un dispositif de subventions pour encourager les agriculteurs à adhérer au programme. Les pouvoirs publics accordent des primes de production de 3.000 DA par quintal aux agriculteurs individuels. La prime passe à 3.500 DA pour les agriculteurs structurés en coopératives. Par ailleurs, une prime d’intégration de 500 DA par quintal sera accordée aux unités de transformation disposant d’un contrat avec les producteurs afin de les inciter à introduire les graines oléagineuses produites localement. Toutes les études ont été faites pour développer cette culture qui constitue une des  principales filières de la production agricole, en plus d’être facile à pratiquer et d’une grande rentabilité économique. Les expériences menées dans de nombreuses wilayas ont donné des résultats encourageants en qualité et en quantité.
Etes-vous optimiste ?
Il ne faut pas oublier que durant les années 1960 le tournesol dont l’huile peut être classée  juste après celle d’olive, était cultivé un peu partout  en Algérie. Aujourd’hui, le pays s’apprête à lancer sa production pour assurer aux citoyens la disponibilité de l’huile de table et  mettre définitivement fin aux tensions qui affectent ce produit. Nous avons commencé avec le colza, il y a de cela deux ans et c’était une réussite.  Le tournesol devrait donner la même satisfaction.
Quelles sont les wilayas retenues?
Le ministère de l’Agriculture, le Conseil national interprofessionnel des céréales, les agriculteurs, les directions et les chambres d’agriculture travaillent en étroite coordination. La mise en œuvre du programme de culture du tournesol est prévue entre le 15 mars et le 15 avril. Nous avons une grande marge de manœuvre pour travailler dans la sérénité et dans les meilleures conditions. Wilayas, opérateurs et intervenants ont été mobilisés pour la réussite de l’opération. Les zones côtières sont propices au développement de la culture du tournesol, sans oublier le Sud entre juin et juillet. On aura ainsi deux saisons de culture. Nous organisons des journées de sensibilisation au niveau de wilayas concernées. Le ministère de l’Agriculture est en train de travailler avec les DSA pour expliquer l’opportunité de cette culture, les conditions climatiques sachant qu’elles sont réunies en Algérie.
L’Algérie envisage de consacrer à cette culture entre 45.000 et 50 000 hectares répartis entre le Sud et le Nord.  Ces superficies devraient augmenter progressivement au fil des années pour atteindre, l’année prochaine, 500.000 hectares. C’est un objectif facile à atteindre car cette culture s’exerce en rotation et aide les cultures stratégiques telles que les céréales. Plusieurs wilayas ont affiché leur disponibilité à  cultiver  cette culture. Dans le Nord, nous avons environ 38 wilayas. Le potentiel est différent d’une région à l’autre. Nous avons Annaba, El Tarf,  Skikda,  le nord de  Mila et de Constantine,  Guelma, Bejaïa, Tizi-Ouzou, Boumerdès, Alger, Tipasa,  Aïn Defla, Chlef, Mostaganem et  Tiaret. Nous allons travailler tous ensemble afin de réussir la campagne. Dans le Sud, nous avons dans les 200  et 250 000 hectares et de  nombreux investisseurs ont affiché leur volonté d’y  lancer des projets.  Nous aurions de très grandes superficies et cette région va nous nous surprendre avec une production  très exceptionnelle qui va  équilibrer entre le Maïs, le Maïs forage et  le tournesol
La culture du colza a eu de bons rendements durant la première saison. Les résultats étaient moins bons la deuxième année. Les raisons sont-elles connues ?
Dire que ce n’est pas une réussite pour la deuxième année, c’est complètement faux ! Nous sommes parvenus à dépasser les objectifs tracés pour la première expérience de culture du colza au pays en 2020-2021. Le colza nécessite une haute technicité qui n’est, malheureusement, pas à la portée de tous les agriculteurs. Mais ceux qui ont ce mérite ont pu avoir de très bons rendements et leur production a été écoulée. Aujourd’hui, nous avons retenu les leçons de toutes les expériences et nous avons pris les devants en veillant à ce que les erreurs ne se reproduisent plus. Nous avons mis en place un système qui est un peu mal mis en œuvre. Nous allons éviter que cela se reproduise avec le tournesol.  Il y a eu une incompréhension dans la  gestion de cette graine très fragile.  Nous allons aider les agriculteurs à prendre en charge cette culture.
Quelles sont les mesures à prendre pour soutenir les agriculteurs après la récolte ?
La mise en place, le suivi de l’itinéraire technique et la prise en charge de cette culture à la fin de la récolte sont importants. Le ministère  mettra à disposition tous les moyens et les conditions pour réussir. On ne peut pas exiger aux agriculteurs de produire plus sans les assister au moment de la récolte. Sinon pourquoi gaspiller cette énergie et cet argent? Le ministère de l’Agriculture y veille et nous travaillons en étroite coordination avec lui. Nos recommandations ont été  toujours prises en compte, notamment  l’augmentation des  prix d’achat des blé tendre et dur auprès des agriculteurs pour les encourager à doubler la  production. Le prix d’achat du blé dur est passé de 4.500 DA à 6.000 DA, le blé tendre de 3.500 DA à 5.000 DA, l’orge de 2.500 DA à 3.400 DA et l’avoine de 1.800 DA à 3.400 DA. Nous avons le soutien des prix des engrais à hauteur de 50% et l’autorisation, par le président de la République, de l’importation de matériel agricole et de tracteurs de moins de cinq ans. La mesure vise la promotion des cultures stratégiques et industrielles. On ne doit pas nier les efforts du gouvernement pour le développement des cultures stratégiques.
Qu’en est-il des autres plantes oléagineuses telles que le soja…
Notre ministère y travaille. Les cultures oléagineuses ont beaucoup  d’avenir. La crise ukrainienne a provoqué une flambée des cours mondiaux du blé et du maïs et a fortement perturbé l’approvisionnement en huile de tournesol et en engrais. L’Ukraine produit à elle seule 35% de la production mondiale de tournesol. La flambée des prix de beaucoup de produits alimentaires sur le marché international doit être une leçon pour essayer de parvenir à l’autosuffisance dans certains produits stratégiques, à l’instar du blé et du tournesol. La situation financière du pays permet de réaliser cet objectif, et l’Algérie est en train de mettre le paquet. En tant que producteurs et acteurs du monde  agricole, nous devons tous adhérer  à un programme de production afin d’assurer notre sécurité alimentaire et permettre aux générations futures d’avoir le savoir et les moyens de subvenir à leurs besoins.
Entretien réalisé par Amokrane H.
Slimane Draïbine, secrétaire national à l’UNPA : «Les agriculteurs doivent se mettre à jour»

L’intérêt pour la culture du  tournesol changera sûrement le décor des champs, dans les mois à venir. Ces derniers vont se parer d’une belle couleur jaune. Qu’en pensent les agriculteurs ? Comment ont-ils accueilli l’annonce du ministère ? Pour le  secrétaire national de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), Slimane Draïbine, «ils sont prêts à accompagner le ministère dans ce programme et réussir sa mise en œuvre». Toutefois, il estime qu’il aurait été plus judicieux pour le ministère de mener auparavant des actions de sensibilisation et organiser des sessions de formation pour les  agriculteurs retenus pour le programme sur les nouvelles techniques de la culture qui demande un niveau de technicité. Pour lui, «on devrait passer par une  période de sensibilisation car il s’agit d’une nouvelle culture qui exige beaucoup de savoir-faire». «La mise à jour des agriculteurs est impérative», lance-t-il. «D’autant plus que le programme annoncé vise à cultiver plus de 40.000 hectares. Or, cela demande un niveau de mécanisation plus élevé», ajoute-t-il. Concernant les techniques de semis, il soutient que  le semoir monograine doit être privilégié, en ce sens qu’il  garantit la régularité  des semis. «Il y a un monde entre les discours et la réalité», s’empresse-t-il de faire remarquer. «En tant que représentants d’agriculteurs, nous demandons la mise à jour des agriculteurs retenus pour le développement de cette culture pour connaître mieux la plante et ses exigences en associant les instituts de recherche», a-t-il recommandé, non sans mettre l’accent sur l’importance pour l’Etat «d’accompagner les agriculteurs pour éviter les risques de pertes».
Le responsable propose aussi au ministère de l’Agriculture de procéder, pour déterminer les  surfaces de culture, de manière progressive et par ordre croissant. «On envisage de consacrer environ 40.000 hectares à la culture. Je crains que les agriculteurs n’aillent à l’aventure. Il ne s’agit pas nullement d’un manque d’ambition mais de faire preuve de prudence. La culture est peu connue  et demande des techniques nouvelles que  les agriculteurs ne maîtrisent pas», argumente-t-il. Et de recommander : «On aurait pu aller graduellement en commençant par 1.000, 2.000 pour ensuite atteindre des superficies de 15.000 et 20.000 hectares. Cela nous donnera l’avantage de maîtriser l’itinéraire technique de la culture pour obtenir le meilleur rendement, acquérir des techniques adaptées et réaliser une étude technico-économique pour éviter la navigation à vue.»
A.H.
 
Chaïb Baghdad, économiste : «Une initiative louable»
L’universitaire Chaïb Baghdad, professeur à la faculté des sciences économiques de l’Université de Tlemcen estime que cette nouvelle culture s’inscrit dans les productions oléagineuses et constitue une matière première essentielle pour la production de différents types d’huile de table, qui reste un produit de première nécessité pour les ménages et manque dans certaines régions du pays. Il qualifie la décision du ministère de l’Agriculture de lancer la production, du mois de mars jusqu’à avril, d’initiative louable au vu des répercussions sur les marchés internationaux suite au conflit entre la Russie et l’Ukraine, de la mauvaise production dans les pays pionniers de cette culture,de tensions commerciales entre les Etats, des coûts faramineux des transports et de l’inflation mondiale qui persiste.
Il  fait savoir que  la culture de tournesol est d’une importance cruciale pour notre économie. Selon lui, elle permettra de renforcer la souveraineté alimentaire, une réduction de la facture alimentaire concernant ce produit et un équilibre et une stabilité sur les  marchés locaux.
A. H.

horizons.dz

You may also like

Leave a Comment

Quick Links

À propos de nous

L’idée de créer le site JAZAIRHOPE.ORG est née durant la période du Hirak où l’on a pu observer la prolifération d’une multitude de médias, tous supports confondus, véhiculant des affirmations fallacieuses, et fake news visant à le faire dévier le Hirak de son caractère pacifique et entraîner la nation dans une spirale de violence et de chaos. S’inspirant des principes inscrits dans la Charte du 1er Novembre 1954 et guidé par ses valeurs, JAZAIRHOPE.ORG sera le média de tous les Algériens et Algériennes  patriotes, fiers de leur pays Continent et de sa diversité culturelle. Ce média  portera VOTRE voix.

Qui nous sommes

Hope JZR, fondateur du site et également détenteur de la chaîne youtube éponyme, a réuni autour de son projet une équipe de bénévoles issus du territoire national et de la diaspora, aux profils aussi divers que variés. Un cercle de patriotes qu’il ne tient qu’à vous et à votre enthousiasme d’agrandir. En effet, nous invitons tous les patriotes animés d’une volonté positive et constructive à nous rejoindre dans cette entreprise d’édification de l’Algérie de demain que nous appelons de tous nos vœux. Attachés à la devise   « Du peuple, par le peuple, pour le peuple », nous sommes  convaincus  que votre voix compte et sera entendue.

Ce que nous faisons

Nous œuvrons continuellement et scrupuleusement à procurer au public une information fiable, objective et éminemment positive. Fidèles au credo du fondateur « semer l’espoir », notre ambition est de créer une dynamique suscitant l’enthousiasme et fédératrice de compétences  au service de leur patrie. Sans pour autant verser dans le satisfecit ou l’euphorie béate. Notre site se veut  une plateforme consacrée à la promotion d’une image positive de l’Algérie, nos publications se focalisent essentiellement sur les performances et les réalisations allant dans ce sens. Toutefois cette démarche n’exclut pas de porter un regard critique sur les carences, les échecs ou les difficultés auxquelles font face nos concitoyens dans leur vie quotidienne, mais celle-ci ne peut s’envisager que dans une perspective constructive en y proposant les solutions idoines ou en alertant nos élites pour qu’elles y remédient. Notre seule exigence et notre leitmotiv : positivité,  « constructivité », et espoir.

Notre mission

Notre objectif est de faire de JAZAIRHOPE.ORG le premier média consacré exclusivement à l’information positive, afin de semer l’espoir parmi nos jeunes et moins jeunes et susciter en eux  l’envie de participer à l’essor et au développement de la mère-patrie. L’édification de l’Algérie de demain dont nous rêvons et à laquelle nous aspirons sera une œuvre collective de tous les citoyens jaloux de la grandeur de leur nation et de son rayonnement. Elle sera garante de la préservation de son indépendance et de sa souveraineté et fera honneur aux legs et aux sacrifices de nos valeureux chouhadas. 

© 2023 – Jazair Hope. All Rights Reserved. 

Contact Us At : info@jazairhope.org

Letest Articles