L’histoire de la gymnastique en Algérie débute à la fin du XIXe siècle, un héritage lié à l’époque coloniale. À cette époque, la France introduit plusieurs disciplines sportives dans ses colonies, et la gymnastique devient rapidement l’un des sports les plus pratiqués. En 1880, la création du Gymnaste club d’Alger marque un tournant significatif. Ce club fut suivi par la fondation de plusieurs autres associations, telles que le Club de gymnastique de Mustapha en 1886, la Patriote d’Alger en 1887, et l’Avant-garde d’Alger en 1895. L’Avant-garde d’Alger est particulièrement notable pour avoir été fondée sous l’égide de Cheikh Omar Ben Mahmoud Ali Raïs, une figure clé qui a encouragé les Algériens “Musulmans” ou “Indigènes” de l’époque à s’engager dans le mouvement sportif. Omar Benmahmoud, de par son influence et son rôle de précurseur, est souvent considéré comme le père du sport algérien, ayant introduit la gymnastique à une population qui, jusque-là, n’avait que peu accès à ce type de pratiques.
Un siècle plus tard, l’héritage de ces pionniers est magnifiquement honoré par Kaylia Nemour, une jeune gymnaste algérienne de 17 ans, qui a marqué l’histoire lors des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Née à Saint-Benoît-la-Forêt en France, Kaylia aurait pu concourir pour l’équipe française. Cependant, un problème médical a bouleversé ses plans. Après une poussée de croissance ayant causé une ostéochondrite, elle subit des opérations aux genoux qui l’éloignent temporairement des compétitions. Bien que son chirurgien l’ait autorisée à reprendre la gymnastique, la Fédération française de gymnastique refuse de la laisser poursuivre au niveau compétitif. Ce rejet a conduit Kaylia à un tournant décisif de sa carrière.
Face à cette impasse en France, Kaylia trouve un nouveau foyer sportif en Algérie, le pays de ses racines paternelles. La Fédération algérienne, reconnaissant son talent et son potentiel, l’accueille à bras ouverts. Ce geste symbolise non seulement un retour aux sources pour Kaylia, mais aussi un nouveau chapitre de sa carrière, où elle peut concourir sous les couleurs de l’Algérie. Cette opportunité lui permet de réaliser son rêve olympique et de représenter fièrement ses origines. C’est ainsi qu’elle entre dans l’histoire en devenant la première médaillée d’or en gymnastique pour l’Algérie, avec une victoire impressionnante aux barres asymétriques.
En effet, cet héritage sportif a été magnifiquement honoré par Kaylia Nemour, une jeune gymnaste algérienne de 17 ans. Le 3 août 2024, aux Jeux Olympiques de Paris, Nemour est entrée dans l’histoire en remportant la médaille d’or aux barres asymétriques. Ce succès fait d’elle la première médaillée d’or en gymnastique pour l’Algérie et la troisième femme à remporter l’or pour le pays, après Hassiba Boulmerka en 1992 et Nouria Benida en 2000.
Ce triomphe revêt une signification particulière dans le monde de la gymnastique, une discipline dominée depuis des décennies par les États-Unis et la Chine. Battre ces deux géants mondiaux, représentés respectivement par l’Américaine Susina Lee et la Chinoise Qiu Qiyuan, ajoute une dimension symbolique à sa victoire. En obtenant un score impressionnant de 15.700, surpassant les 15.500 de Qiu Qiyuan et les 14.800 de Susina Lee, Kaylia Nemour a démontré non seulement sa maîtrise technique mais aussi la montée en puissance de la gymnastique algérienne sur la scène internationale.
En se tenant sur le podium, la médaille d’or autour du cou, avec le drapeau algérien flottant derrière elle, Kaylia Nemour a incarné le rêve de nombreuses générations de sportifs algériens. Son exploit est un pont entre l’héritage de pionniers comme Omar Benmahmoud et l’avenir prometteur de la gymnastique en Algérie. La symbolique de battre les États-Unis et la Chine dans une discipline où ces nations règnent en maîtres, renforce encore plus la portée de sa victoire, représentant un moment historique non seulement pour l’Algérie mais aussi pour le continent africain dans son ensemble.
Kaylia Nemour a non seulement marqué l’histoire algérienne, mais elle a également placé l’Algérie sur la carte mondiale de la gymnastique, défiant les attentes et brisant les barrières.
Par Hope Jzr