Professeur Des universités, docteur d’Etat 1974 Expert international Abderrahmane MEBTOUL
Le Président Tebboune a fait part, hier soir, de nouveaux projets de coopération conclus entre l’Algérie et la Chine, lors de sa visite dans ce pays, dont principalement celui lié au transport ferroviaire dans le Sud. Ce nouveau projet sera «entamé avec nos amis chinois», a-t-il déclaré, soulignant que c’est incontournable, la Chine reste un «partenaire fiable de l’Algérie». Il s’agit de la réalisation d’environ 6.000 km de voies ferrées.
Abordant cette question, Dr Abderrahmane Mebtoul, expert en économie, a de prime abord défini la nature de la relation entre l’Algérie et la Chine, précisant que «Pékin a été l’une des premières capitales à reconnaître le gouvernement provisoire algérien, durant la guerre de Libération».
Sur le plan économique, la Chine a été «le plus grand constructeur en Algérie avec la Grande mosquée d’Alger, l’autoroute Est-Ouest, le complexe olympique d’Oran et autres grands projets en cours de réalisation», a-t-il noté. Il précise, dans ce sens, que «nous avons des projets toujours en négociation, dont l’exploitation de Gara Djebilet et le projet du port d’El Hamdania financé en partie par Exim Bank of China, d’une capacité de 25,7 millions de tonnes/an et d’un coût d’investissement prévu entre 5 et 6 milliards de dollars». Ajoutant dans ce même registre que «l’Algérie mise sur la Chine pour les grands projets structurants, lui permettant d’enclencher le processus de développement économique et la création de la richesse et de l’emploi».
Mebtoul rappelle, dans ce même contexte, que le 8 novembre 2022, l’Algérie et la Chine ont signé le «deuxième plan quinquennal de coopération stratégique globale pour les années 2022-2026, visant à intensifier la communication et la coopération entre les deux pays dans tous les domaines, y compris l’économie, le commerce, l’énergie, l’agriculture, la science et la technologie, l’espace, la santé et la communication humaine et culturelle». Sur le plan de la balance commerciale, les «échanges sont fortement déséquilibrés au profit de la Chine. Ce pays accapare plus de 18% des importations algériennes, suivi de la France (9,72%), de l’Allemagne (6,89%)», a-t-il fait savoir.
S’agissant des exportations algériennes vers la Chine, l’économiste a précisé que «le montant de 1 milliard de dollars est insignifiant. Selon les statistiques douanières algériennes de 2010 à fin 2020, les exportations de la Chine à destination de l’Algérie ont totalisé environ 76 milliards de dollars. Ainsi, la Chine demeurait le principal fournisseur de l’Algérie avec une moyenne annuelle depuis 2013 de 8 milliards de dollars d’exportations vers l’Algérie». Alors que «ses importations depuis l’Algérie, constituées essentiellement d’hydrocarbures, se sont chiffrées à seulement 14,793 milliards de dollars, avec donc un déficit commercial de l’Algérie avec la Chine à plus de 61 milliards de dollars», a-t-il informé.
Revenant sur les visites officielles du président de la République en Russie et en Chine, l’orateur a indiqué qu’elles ont pour objectif essentiel de renforcer la coopération économique avec ces pays.
Elles sont également à situer dans le nouveau contexte géostratégique mondial, avec des tensions à plusieurs niveaux interdépendants, à la fois militaires, politiques et socio-économiques, ne devant pas oublier un facteur déterminant du XXIe siècle, le facteur culturel qui influe à terme sur les décisions politiques et les échanges économiques, a-t-il analysé. Avant d’ajouter qu’avec le «vieillissement démographique qui touche l’Europe y compris la Russie et la Chine, les dérèglements climatiques qui perturbent les productions agricoles, l’épuisement des terres fertiles, pour bon nombre d’experts, les solutions pourraient être en Afrique où l’Algérie pourrait être un relai efficace, et il en est de même pour l’Europe», a-t-il conclu.
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