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Dissoudre ALGEX pour libérer l’Algérie économique : Lecture critique et propositions

by Hope Jzr
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Dans son analyse percutante, le Professeur Kamel Dib revient sur une décision phare du Président de la République : la dissolution de l’Agence nationale de promotion des exportations (ALGEX). Derrière cette annonce, c’est tout un modèle économique qui vacille, offrant l’occasion inédite de repenser l’organisation des flux d’importation et d’exportation en Algérie. À notre sens, ce moment n’est pas uniquement administratif : il est politique, économique et symbolique. C’est une fenêtre d’action pour refonder l’architecture du commerce extérieur algérien.

ALGEX : un potentiel sacrifié sur l’autel de la bureaucratie

Créée avec l’ambition d’accompagner les exportations hors hydrocarbures, ALGEX avait pour mission d’ouvrir les marchés internationaux aux produits algériens, en soutenant les producteurs et exportateurs locaux dans leurs démarches. Cependant, l’intention louable s’est heurtée à une exécution administrative rigide, voire étouffante. À la faveur de réformes post-2019, ALGEX a progressivement vu son rôle glisser vers le contrôle des importations, devenant une entité de plus en plus bureaucratique, opaque et, pour tout dire, contre-productive.

Le constat est sévère : au lieu d’être un catalyseur de performance à l’export, ALGEX est devenue une entrave à l’activité économique, rendant les procédures d’importation complexes, arbitraires, et parfois entachées de corruption. Les chiffres le disent : malgré les ambitions initiales, les exportations hors hydrocarbures n’ont que difficilement franchi la barre des 5 milliards de dollars, un chiffre bien en-deçà du potentiel national.

La décision présidentielle : rupture ou rustine ?

En décidant de dissoudre ALGEX et de créer deux entités distinctes – l’une dédiée à l’exportation, l’autre à l’importation –, le Président semble vouloir mettre fin à une confusion de rôles qui paralysait tout un pan de l’économie. L’intention est bonne, mais le risque est immense si on reproduit les mêmes logiques dans un emballage différent.

Comme le souligne à juste titre Kamel Dib, si ces deux nouvelles agences restent prisonnières des mêmes pratiques opaques, non digitalisées et non coordonnées, elles risquent d’entrer en collision au lieu de coopérer. Or, ce que l’économie algérienne réclame aujourd’hui, c’est de la fluidité, de la transparence, et de la cohérence stratégique.

Réforme systémique : vers un « organe de souveraineté économique »

Le professeur Dib propose alors une piste audacieuse, qu’on partage pleinement : la création d’un organe de veille, d’analyse et de stockage stratégique de toutes les données économiques. Cet organisme, qu’on pourrait nommer “Observatoire national de l’économie réelle”, devrait être indépendant, doté d’une immunité institutionnelle, et capable de fournir à l’État une vision intégrée, actualisée et fiable de l’économie nationale.

Une telle structure est indispensable pour prendre des décisions fondées, cibler les politiques publiques, anticiper les crises et assainir le système. Elle offrirait ce que le professeur appelle une “tableau de bord économique”, indispensable à toute gouvernance moderne.

Le levier numérique : urgence et clé de voûte

Mais aucun changement durable ne sera possible sans la dématérialisation complète des procédures. Le recours à des plateformes numériques intégrées, interconnectées et sécurisées entre douanes, fiscalité, banques, ports et ministères n’est plus un luxe, c’est un impératif.

Ce que propose Kamel Dib ici n’est pas simplement une numérisation fonctionnelle, mais une véritable armature légale anti-corruption. Une procédure digitale bien conçue réduit drastiquement les possibilités de clientélisme, d’arbitraire et d’extorsion. Plus encore, elle responsabilise chaque agent et trace chaque décision. Le mot-clé ? Traçabilité.

L’intelligence réglementaire : faire peur au système, pas aux cadres

L’un des passages les plus puissants de l’analyse du professeur Dib concerne la peur ressentie par les cadres publics : « Je crains la prison si je signe ». Cette peur, selon lui, doit être désamorcée non pas en allégeant les lois, mais en les rendant intelligentes, préventives et dissuasives envers les pratiques frauduleuses.

C’est une idée capitale : plutôt que de menacer après coup, créons des procédures qui empêchent les fautes d’avoir lieu. C’est la différence entre une administration punitive et une administration sécurisée. Cette logique doit gouverner les nouvelles agences si elles veulent survivre à leur propre naissance.

L’intelligence de la législation : prévenir au lieu de punir

En effet, le Professeur Kamel Dib met en lumière un concept souvent négligé mais pourtant essentiel à toute réforme profonde : l’intelligence de la législation. Il ne suffit pas de multiplier les textes de loi ou de brandir la menace de sanctions pour espérer moraliser la vie économique. Au contraire, une loi véritablement intelligente est celle qui structure les comportements, rend les abus techniquement impossibles, et sécurise à la fois les agents économiques et les cadres publics. En d’autres termes, il faut des procédures qui ne laissent aucune place à l’arbitraire, ni aux interprétations multiples.

Une législation intelligente est proactive, pas répressive. Elle conçoit des parcours administratifs clairs, traçables, digitalisés, où chaque étape est logée dans un système qui enregistre, vérifie, alerte, et rend compte. Elle n’attend pas que la faute soit commise pour réagir — elle la rend simplement improbable. Ce type de législation donne confiance aux cadres, leur ôtant la peur d’agir, car la responsabilité individuelle est encadrée par des règles impersonnelles et des outils technologiques qui garantissent l’intégrité des processus. C’est à ce niveau d’exigence qu’il faudra tendre pour bâtir une administration moderne au service de la production nationale.

L’enjeu du foncier industriel : nerf de la guerre

Le professeur n’oublie pas d’évoquer le casse-tête du foncier industriel. Plus de 11 000 projets seraient enregistrés, mais peu trouvent des terrains adaptés. Là encore, le problème est structurel : manque de transparence, favoritisme, lenteurs administratives.

Le foncier industriel doit être régi par un cadastre ouvert, digitalisé, accessible en ligne, avec des critères d’attribution lisibles et des délais garantis. C’est le minimum pour éviter que la logique de rente supplante la logique de production.

Une ambition chiffrée, un cap politique

L’objectif affiché du Président est clair : atteindre un PIB de 400 milliards de dollars d’ici 2027. C’est ambitieux, peut-être trop, mais la direction est la bonne. Dans un monde où les chaînes de valeur se recomposent sous la pression des crises, de Trump et de la fragmentation géopolitique, l’Algérie peut jouer sa carte. À condition de créer un environnement propice, compétitif et régulé.

Nos propositions concrètes pour que cette transition réussisse :

  1. Créer un Observatoire économique national indépendant, garant de la transparence des flux économiques.

  2. Lancer une plateforme unique et sécurisée pour toutes les procédures d’import/export, interconnectée avec les administrations clés.

  3. Numériser et centraliser le cadastre industriel, avec publication publique des terrains disponibles, des critères d’attribution et des délais.

  4. Former une nouvelle génération de cadres administratifs formés à la dématérialisation, à l’éthique publique, et à l’évaluation d’impact.

  5. Évaluer régulièrement la performance des agences, sur la base d’indicateurs mesurables (temps de traitement, satisfaction des opérateurs, volumes traités).

La numérisation : le nœud gordien du redressement économique algérien

Le Professeur Kamel Dib identifie avec justesse la numérisation comme le nœud gordien du dispositif économique national. Une fois tranché, ce nœud pourrait libérer l’économie algérienne de décennies d’entraves bureaucratiques, de blocages structurels et de pratiques informelles. Car en Algérie, ce ne sont pas les lois qui manquent, mais leur effectivité, leur cohérence et leur capacité à s’incarner dans des systèmes simples, rapides et traçables. La transformation numérique n’est donc pas un chantier secondaire : elle est la condition première de toute modernisation.

Mais à ce jour, une question reste entière, soulevée déjà dans l’article « L’Algérie sur la voie de la numérisation : Quand la loi sur la numérisation sera-t-elle enfin promulguée ? » partagé par Hope Jzr en janvier 2025. La ministre Meriem Benmouloud avait promis une promulgation avant la fin de 2024, or le texte tarde à apparaître. Où en est cette loi censée structurer tout l’écosystème numérique algérien ? Si cette législation tarde encore, c’est toute la crédibilité des engagements deja soulignés au début du premier mandat du president Tebboune sur numérisation qui s’effrite, et avec elle, les espoirs des acteurs économiques pour une rupture nette avec les pratiques anciennes.

Il faut la graver la numde numérisationrisation dans le droit, la mettre en œuvre rapidement, et la rendre inattaquable. Car tant que les procédures resteront opaques et manipulables, aucune agence, aussi novatrice soit-elle, ne pourra fonctionner de manière équitable. Ce projet de loi, qui promet de connecter les administrations, de sécuriser les données, de garantir l’identité numérique et d’assurer la souveraineté numérique du pays, est plus qu’une réforme : il est un verrou stratégique pour sortir de la dépendance bureaucratique et entrer dans l’économie du XXIe siècle. Le peuple, les entreprises, et les institutions attendent : le moment est venu de trancher le nœud gordien. 

En conclusion sans dire “conclusion”

La dissolution d’ALGEX ne doit pas être l’enterrement d’un échec, mais l’acte fondateur d’un nouveau modèle économique, fondé sur la transparence, la traçabilité et la compétitivité.

L’Algérie a le potentiel, elle a désormais un cap. Il est temps que l’appareil administratif cesse d’être une montagne à gravir pour les opérateurs économiques, et devienne enfin un tremplin.

L’enjeu n’est pas la libération d’une agence. C’est celle de toute l’économie du pays.

Par Hope&ChaDia à partir de l’intervention du Professeur Kamel Dib

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