Sanâa (Jazair)
Sanâa signifie « maîtrise musicale ». C’est le nom spécifique attribué en Algérie, à la Nouba de l’école d’Alger, à coté du gharnati de l’école de Tlemcen et du malouf de l’école de Constantine. Toutefois, selon Taoufik Bestandji, « école » est un terme impropre et flou, il n’y a pas de différences structurelles entre les spécificités de ces « Écoles ». Par ailleurs, le terme sanâa désignant le répertoire algérois a été introduit assez tardivement et il demeure peu utilisé par les musiciens. Le mot sanâa est également utilisé par les autres écoles.
La tradition rattache cette école à la ville de Cordoue en Espagne musulmane, elle englobe Alger, et ses environs, notamment les villes de Koléa, Blida et Cherchell, et les villes de Mostaganem, de Miliana, Médéa et de Béjaia. La sanâa d’Alger a beaucoup de similitudes avec le gharnati de Tlemcen, ce n’est que avec la création de l’orchestre classique arabo-andalou de Radio d’Alger en 1946 qu’a eu véritablement la dissociation entre les deux écoles.
Fettouma el blidia
éditions Columbia
istikhbar djerka + Fine douak ya taleb (1927)
Structure
Modes
Il existe seize modes (الطبع: Ṭabʿ, الطبوع : ) répartis en sept modes fondamentaux (définis sur la base de sept Istiḥbār) et neuf dérivés.
Istiḥbār de référence | Modes fondamentaux | Modes dérivés |
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Istiḥbār Mawwāl | Mawwāl (الموال) |
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Istiḥbār Zīdān | Zīdān (الزيدان) |
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Istiḥbār Raml əl-Māya | Raml əl-Māya (رمل الماية) |
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Istiḥbār ‘Iraq | ‘Iraq (العراق) |
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Istiḥbār Ǧārkā | Ǧārkā (الجاركاه) | |
Istiḥbār Ṣīkā | Ṣīkā (السيكاه) | |
Istiḥbār Məzmūm | Məzmūm (المزموم) |
1er Festival Algérien de Musique Andalouse en 1967
(Volume 3, 33T, Face A)
l’Orchestre de la société des concerts du conservatoire d’Alger, OSCCA
Direction : Abderrezak Fakhardji
Chant : Mahieddine Bachtarzi
Extraits d’une nouba du mode Raml Maya
La Nouba
Une Nouba est une suite ordonnée de pièces vocales et instrumentales qui s’articule autour de cinq mouvements dont le rythme progresse du très lent au très léger et qui sont réparties en deux phases théoriques, la première comportant les trois premiers mouvements (Mṣeddar, Bṭāyḥī et Derǧ) et la seconde, les deux derniers (Inṣirāf et H̱alās). Enfin, le nom de chaque mouvement est tiré du rythme cyclique qui le soutient.
Pièce | Description | Rythme |
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Première phase | ||
Dāyrā | Pièce vocale (prélude) non mesurée consistant en la vocalisation de syllabes vides (tlāliyāt) composées des consonnes L et N, ainsi, les musiciens chanteront en chœur « Len yā lālān ! » en passant en revue, toutes les notes caractéristiques du mode considéré.Sur les seize modes connus, deux uniquement, conservent leur Dāyrā ; le Dil et le Gherib. | |
Məstəẖbar ə-Ṣan’a | Egalement connue par Tūšiyyet e-taqʿīda ou Mšālyā, est une pièce instrumentale (prélude) non mesurée servant à l’exposition du mode (principal et des modes voisins utilisés dans son développement) –exposition des notes caractéristiques- et à introduire l’auditoire dans son atmosphère, elle sert également à l’accord des instruments et joue le rôle d’une pré-introduction rythmique (à la Tūšiyya). | |
Tūšiyya | Ouverture instrumentale mesurée et composée de plusieurs phrases (chacune se répétant une fois) dans lesquelles se succèdent une série de signatures rythmiques rappelant les cinq mouvements qui constituent la Nuba (du mode considéré), il s’agit donc d’une ouverture à programme.Dans la pratique, d’autres pièces peuvent se substituer à la tūšiyya, à l’instar de l’inqilāb1, notamment dans les enregistrements actuels14. |
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Krîsi al-Mṣeddar | Assise mélodico-rythmique du premier mouvement.kūrsi (ou Krîsi) signifie littéralement “chaise”. | |
MṣeddarPremier mouvement | Pièce vocale et instrumentale (une ou plusieurs), lente et solennelle, elle est considérée comme la pièce maîtresse de la Nuba. |
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Krîsi al-Bṭāyḥī | Assise mélodico-rythmique du second mouvement. | |
BṭāyḥīSecond mouvement | Seconde pièce vocale et instrumentale (une ou plusieurs). |
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Istiḥbār | Prélude vocal non mesuré où le musicien fait étalage de son inspiration et de sa virtuosité.Il existe des Istiḥbārāt dans les modes fondamentaux : Mawwāl, Zîdān, Ğārka; Raml al-Māya, ‘Irāq, Sîka et Mazmûm. | |
Krîsi ad-Derǧ | Assise mélodico-rythmique du troisième mouvement. | |
DerǧTroisième mouvement | Troisième pièce vocale et instrumentale (une ou plusieurs). |
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Seconde phase | ||
Tūšiyyet al-inṣirāfāt | Long interlude instrumental servant à introduire le quatrième mouvement (Inṣirāf) et permet aux musiciens de reposer leur voix.NB Il n’en reste que deux pièces, celle du mode Gherîb et celle du mode Hsîn. NB2 En son absence, un Krîsi al-inṣirāf le remplace. | |
InṣirāfQuatrième mouvement | Quatrième pièce vocale et instrumentale (une ou plusieurs). |
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Dlīdla | Pièce vocale issue du répertoire populaire consistant en un court poème de deux vers en arabe dialectal. Elle s’intercale entre deux Inṣirāf. | Mesure à 6/8 (Mîzān Inṣirāf) |
H̱alāsCinquième mouvement | Cinquième pièce vocale et instrumentale (une ou plusieurs).NB contrairement au quatre autres mouvements, le H̱alās suit directement l’Inṣirāf sans kūrsi. |
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Qadriyya | Pièce vocale issue du répertoire populaire féminin d’Alger consistant en un court poème de deux vers en arabe dialectal (voir plus bas).Outre al-Qadriyya al-Mqenṭra, les Qadriyyat existent dans les modes Iraq, Raml əl-Māya, Zīdān, Ṣīkā, Mawwāl et Mǧənba. | Mesure à 6/8 (Mîzān Inṣirāf) |
2ème Festival Algérien de la Musique Andalouse 1969
Volume 11 Face B
- Ensemble d’Alger et ensemble de la chorale d’Alger
- Direction : Abderrezak Fakhardji
- Chant : Mahieddine Bachtarzi
Nouba Maya – Nouba Rasd Dhil
Nouba Mezdj
Il s’agit d’un jumelage (مزج, Mazǧ) savant entre deux modes et repose sur des critères particuliers.
On en connaît cinq Nuba Mezdj : (NB l’ordre indiqué des modes est inchangé (premier mode & deuxième mode):
- Dīl & Mǧənba
- Raml əl-Māya & Raml
- Ġrīb & Zīdān
- Raṣd & Məzmūm
- Māya & Raṣd ə-Dīl
La Nuba Mezdj suit des règles strictes et se caractérise par:
- Ouverture instrumentale (Tūšiyya) : premier mode.
- Mṣeddar : le premier Mṣeddar doit être dans le premier mode.
- Bṭāyḥī : deuxième mode.
- Derǧ : le dernier Derǧ doit être dans le même mode que le premier Inṣirāf.
- Inṣirāf :
- le premier Inṣirāf doit être dans le même mode que le dernier Derǧ.
- le dernier Inṣirāf doit être dans le deuxième mode.
- H̱alās :
- le premier H̱alās doit être dans le deuxième mode.
- le dernier H̱alās doit être dans le premier mode (comme l’ouverture instrumentale).
1er Festival Algérien de Musique Andalouse en 1967
(Volume 5, 33T, face B)
l’Orchestre de la société des concerts du conservatoire d’Alger, OSCCA
Direction : Abderrezak Fakhardji
Chant : Sadek lebdjaoui
Extraits d’une Nouba du mode sika
Btayhi Sika : Maachouqou min gheid el hissane
Nubat əl-Inqilabat
Il s’agit d’une suite de pièces vocales (Mouachah et Zedjel) nommées Inqilābāt (الانقلابات (ara), Inqilāb (انقلاب) au singulier, litt. inversion) et instrumentales (ouvertures (Tšambar) & assises mélodico-rythmiques (Krîsi əl-Inqilāb)) où se succèdent les sept modes fondamentaux contrairement à la Nuba classique qui s’articule principalement, autour d’un seul mode et différentes structures rythmiques (2/4, 4/4, 6/4, 7/4, 8/8)).
La structure d’une Nuba Inqilābāt est:
- Tšambar : ouverture instrumentale typique des Nubat əl-Inqilābāt, il en existe cinq pièces:
- Tšambar Ṣīkā (تشمبار السيكاه)
- Tšambar ‘Iraq (تشمبار العراق)
- Tšambar Raml əl-Māya ou Nubat e-Sultān (تشمبار رمل الماية او نوبة السلطان)
- Tšambar Zīdān (تشمبار الزيدان)
- Tšambar ʿAǧamī (تشمبار عَجَمي)
- Istiḥbār : Prélude vocal non mesuré consistant en un court poème de deux à trois vers en arabe classique, chaque Istiḥbār annonce le mode dans lequel seront jouées les Inqilābāt à venir:
- Istiḥbār Mawwāl : annonce les Inqilābāt du mode Mawwāl.
- Istiḥbār Ǧārkā : annonce les Inqilābāt du mode Ǧārkā.
- Istiḥbār Raml əl-Māya : annonce les Inqilābāt du mode Mawwāl.
- Istiḥbār Zīdān : annonce les Inqilābāt du mode Zīdān.
- Istiḥbār ‘Iraq : annonce les Inqilābāt du mode ‘Iraq.
- Istiḥbār Ṣīkā : annonce les Inqilābāt du mode Ṣīkā.
- Istiḥbār Məzmūm : annonce les Inqilābāt du mode Məzmūm.
- Krîsi əl-Inqilāb : assises mélodico-rythmiques (Mīzān) ou courte introduction musicale précédant une pièce Inqilāb.
- Inqilābāt : pièces vocales (Mouachah et Zedjel) de différentes structures rythmiques (2/4, 4/4, 6/4, 7/4, 8/8):
- Inqilābāt Mawwāl.
- Inqilābāt Ǧārkā.
- Inqilābāt Raml əl-Māya.
- Inqilābāt Zīdān.
- Inqilābāt ‘Iraq.
- Inqilābāt Ṣīkā.
- Inqilābāt Məzmūm.
- Inṣirāfāt Məzmūm
- H̱alāsāt Məzmūm
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