Hier, depuis le parlement algérien, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a délivré un discours d’une puissance historique qui résonne au-delà des frontières de l’Afrique. Devant les parlementaires algériens, il a incarné une voix claire et forte de tout un continent, rejetant les impérialismes anciens et modernes et appelant à une souveraineté africaine renouvelée.
En contraste frappant avec le discours du président français Emmanuel Macron au parlement marocain le mois dernier, marqué par un paternalisme à peine voilé et des relents d’approche coloniale, Ramaphosa a présenté une vision enracinée dans l’autonomie africaine, la justice internationale et la solidarité avec les peuples opprimés.
Un appel à la souveraineté et au panafricanisme
Le président sud-africain a ouvert son discours en rappelant que l’Afrique possède les ressources nécessaires pour son développement. Il a souligné que la véritable voie vers la prospérité passe par l’autonomie des nations africaines, le rejet de toute forme d’ingérence extérieure et une unité panafricaine renforcée.
Ramaphosa a insisté sur le rôle des Africains eux-mêmes comme moteurs du progrès économique et social du continent, dénonçant les tentatives occidentales de maintenir les États africains dans une dépendance économique et politique.
En mettant l’accent sur la souveraineté, il a critiqué le rôle des institutions internationales qui, bien que censées représenter une gouvernance globale, servent souvent les intérêts des grandes puissances aux dépens des pays en développement.
Les causes palestinienne et sahraouie : des luttes pour la liberté
Deux moments forts de son discours ont été consacrés aux causes palestinienne et sahraouie, qu’il a qualifiées de luttes fondamentales pour l’émancipation et la dignité. Ramaphosa a réitéré le soutien indéfectible de l’Afrique du Sud à la cause palestinienne, affirmant que « la libération de l’Afrique reste incomplète tant que la Palestine demeure occupée ».
Il a également mis en lumière la question du Sahara occidental, une lutte profondément ancrée dans le droit à l’autodétermination des peuples. Dans une déclaration sans équivoque, il a affirmé que le continent africain ne se détournerait pas de cette cause, dénonçant les manœuvres des puissances coloniales qui soutiennent le statu quo.
La réforme du Conseil de sécurité : une priorité africaine
Ramaphosa a également abordé la nécessité urgente de réformer le Conseil de sécurité des Nations unies. Il a décrit cette institution comme obsolète et inadaptée aux réalités contemporaines, marquée par une représentation disproportionnée des puissances occidentales.
« Le système actuel est une relique d’un passé colonial », a-t-il déclaré. Il a plaidé pour une représentation équitable des nations africaines et des pays du Sud global dans les organes décisionnels de l’ONU, insistant sur le fait que sans une réforme significative, l’ONU continuerait à perdre en crédibilité.
Un contraste saisissant avec le discours de Macron
Ce discours vibrant et engagé de Cyril Ramaphosa contraste fortement avec celui d’Emmanuel Macron, prononcé au parlement marocain le mois dernier. Macron avait principalement axé son intervention sur des alliances avec le Maroc pour promouvoir les intérêts européens en Afrique, tout en soulignant la dépendance du continent à l’aide et à l’expertise occidentales. Là où Ramaphosa a mis en avant l’autonomie africaine et une coopération horizontale entre nations souveraines, Macron s’est inscrit dans une continuité coloniale déguisée, cherchant à renforcer l’hégémonie économique et culturelle de la France sur le continent.
En outre, Macron a évité toute référence aux causes fondamentales du sous-développement africain, notamment le pillage des ressources naturelles orchestré par des multinationales occidentales. À la place, il a prôné une vision paternaliste où l’Europe resterait la « bienfaitrice » de l’Afrique, consolidant ainsi des relations inégales. Ce discours, largement applaudi par un parlement marocain présenté comme aligné sur les positions françaises, a été perçu comme une tentative désespérée de maintenir un contrôle sur un continent de plus en plus réfractaire à l’influence occidentale.
Le Maroc : dernier bastion de l’influence imperialiste en Afrique
Ce contraste s’accentue davantage lorsque l’on considère la situation du Maroc, présenté aujourd’hui comme le dernier bastion de l’influence française en Afrique. Autrefois et mediatiquement pretendant etre moteur de la coopération africaine, le Maroc semble s’enfoncer dans un rôle d’allié servile des puissances occidentales, notamment la France, dans leurs tentatives de reconquérir un continent de plus en plus autonome.
Cette position de subordination s’illustre par une série d’échecs diplomatiques et économiques qui fragilisent le royaume sur la scène internationale. Soutien inconditionnel des politiques impérialistes françaises, le Maroc apparaît isolé dans un continent où des puissances émergentes comme l’Algérie et l’Afrique du Sud ou le Nigeria, prônent des politiques résolument panafricaines. Le rapprochement entre le Maroc et Israël, notamment à travers des accords militaires et économiques, est perçu comme une trahison des causes africaines et arabes, en particulier celles de la Palestine et du Sahara occidental.
Par ailleurs, le soutien indéfectible du Maroc à la France est devenu un fardeau diplomatique. Alors que la 5eme republique en France s’effondre economiquement et socialement, et est de plus en plus marginalisée en Afrique – expulsée de plusieurs pays du Sahel et contestée par des mouvements populaires et des dirigeants souverainistes – le Maroc reste l’un des rares pays à s’accrocher à une relation obsolète. Cette dépendance envers une France en déclin, minée par des crises internes et son incapacité à renouveler ses relations avec l’Afrique, enfonce le Maroc inexorablement.
Le contraste est frappant : d’un côté, l’Algérie et l’Afrique du Sud, voix fortes et souveraines d’un panafricanisme en marche ; de l’autre, le Maroc, relais docile d’une puissance étrangère en perte de vitesse. Ce déséquilibre met en lumière les choix stratégiques divergents des nations africaines face aux défis contemporains, entre soumission aux vieilles dynamiques impérialistes et affirmation d’un futur émancipé et autonome. Ainsi, la posture du Maroc dans ce contexte illustre non seulement une incapacité à répondre aux aspirations panafricaines, mais également une mise à l’écart croissante des dynamiques continentales. Cela le place en décalage total avec les nouvelles réalités géopolitiques, où la souveraineté et l’unité africaines prennent le dessus sur les logiques coloniales.
Le rôle de l’Algérie : Une Mecque révolutionnaire
Dans son hommage appuyé à l’Algérie, Ramaphosa a salué le rôle central de ce pays dans les luttes pour la libération en Afrique. Il a qualifié l’Algérie de « Mecque des révolutionnaires » et a rappelé son soutien historique aux mouvements anti-coloniaux. Ce passage a également servi de réponse indirecte aux critiques formulées par Macron lors de son passage au Maroc, où il avait évoqué les relations historiques entre le Maroc et la France dans un cadre qui renforçait davantage une narration coloniale.
Le souhait de voir l’Algérie rejoindre le G20 en 2025
Mr Ramaphosa exprime le souhait que l’Algérie puisse rejoindre en 2025 le G20 que l’Afrique du sud préside actuellement. il indique qu’il a demandé au Président Tebboune de participer au prochain sommet devant intervenir l’année prochaine. «Avançons ensemble main dans la main. Nous avons l’honneur d’être vos amis et nous vous invitons à visiter votre 2e patrie», sous les acclamations de la salle.
Futur Africain face aux défis mondiaux
Ramaphosa a conclu en mettant en avant la nécessité pour l’Afrique de jouer un rôle actif et décisif dans les grandes questions mondiales, qu’il s’agisse de la sécurité alimentaire, du changement climatique ou des droits humains.
Il a également lancé un appel à l’action collective pour contrer les tentatives de division orchestrées par les puissances extérieures. « Une Afrique unie et souveraine est la clé pour remodeler le système mondial », a-t-il affirmé. Ce discours marque un tournant dans la diplomatie africaine. Tandis que des leaders comme Macron continuent de promouvoir une Afrique intégrée aux ambitions européennes, Cyril Ramaphosa a rappelé que l’avenir du continent repose sur son unité, sa souveraineté et son engagement en faveur de la justice.
Ce discours historique rappelle que l’Afrique a toujours été un terrain de lutte entre oppression et libération. En ces temps incertains, les paroles de Cyril Ramaphosa résonnent comme un appel à tous les peuples du continent à se rassembler et à proteger leur place légitime dans le monde.
Hope&Chadia