Par Hope&ChaDia
Alors que le projet « Communes Vertes II » amorce sa montée en puissance sur le terrain local, l’Algérie s’affiche à Rotterdam comme futur leader mondial de l’hydrogène vert. À première vue, deux dynamiques différentes. Pourtant, les enjeux et les acteurs sont les mêmes. Reste une question centrale : l’Algérie peut-elle ambitionner l’exportation d’une énergie du futur, tout en peinant à faire fonctionner pleinement ses propres installations solaires domestiques ?
Une stratégie énergétique ambitieuse, aux deux échelles
D’un côté, le programme Communes Vertes, né en 2020 en coopération avec l’Allemagne, poursuit un objectif clair : verdir les collectivités locales à travers un maillage d’équipements solaires, d’éclairage LED, et de véhicules convertis au GPL. Sa deuxième phase, lancée en 2025, concernera trente communes sur six wilayas. L’idée est simple : faire de la commune un acteur clé de la transition énergétique.
De l’autre, l’hydrogène vert s’impose comme l’un des nouveaux chevaux de bataille de la diplomatie énergétique algérienne. À Rotterdam, lors du Forum mondial de l’hydrogène en mai 2025, l’Algérie a annoncé vouloir devenir un producteur et exportateur majeur, grâce à son gisement solaire, ses infrastructures, et sa position géostratégique. Ce positionnement est soutenu par Sonatrach, Sonelgaz, et l’État à travers le concept de « Hydrogen Valley ».
Un même socle : le solaire comme matrice
Le lien fondamental entre ces deux projets réside dans le levier solaire. Qu’il serve à alimenter une école en électricité à Tindouf ou à produire de l’hydrogène exportable vers Anvers, c’est bien le rayonnement solaire algérien qui constitue la matière première de cette transition.
Mais cette convergence soulève aussi une tension. À l’heure où des systèmes solaires déjà installés dans des communes attendent encore l’autorisation d’injection sur le réseau national, comment justifier à l’international que l’Algérie soit prête à exporter une énergie verte complexe, à base d’électrolyse alimentée… par ce même réseau ?
Un paradoxe d’efficacité et de crédibilité
L’atelier de planification de « Communes Vertes II » organisé le 11 juin 2025 à Alger a rappelé les succès du premier volet : plus d’un million de points lumineux installés, 1 086 écoles solarisées, 7 220 kits solaires distribués, et plus de 4 300 véhicules convertis. Pourtant, une quinzaine de systèmes photovoltaïques rénovés ne peuvent toujours pas injecter leur électricité, faute de validation par Sonelgaz et la CREG.
Or ce sont précisément ces deux entités – Sonelgaz en particulier – qui sont également en première ligne pour piloter la filière hydrogène vert. Ce double rôle met en lumière un risque de dissonance : vouloir incarner la modernité énergétique mondiale, sans résoudre les blocages réglementaires les plus élémentaires à domicile.
Construire une transition cohérente
Les universités algériennes, très actives sur le dossier hydrogène, insistent sur la nécessité d’un plan d’action stratégique, d’une politique publique claire, et d’investissements dans le stockage et le transport. Mais ces recommandations valent tout autant pour les projets à l’échelle municipale.
En réalité, l’hydrogène vert et les communes vertes ne s’opposent pas : ils se complètent. Le défi est de synchroniser les échelles, de créer une trajectoire nationale continue, du foyer isolé jusqu’au terminal de méthanier.
Une opportunité à saisir
Si l’Algérie parvient à harmoniser sa stratégie locale et sa diplomatie énergétique, elle pourrait devenir un modèle de transition intégrée : une énergie propre, produite localement, consommée nationalement, et exportée à valeur ajoutée. Mais cela suppose un déclic politique et administratif majeur.
Aujourd’hui, les lampadaires LED des communes et les électrolyseurs de demain dépendent tous du même réseau, des mêmes institutions, et du même courage politique. Ce n’est pas la technologie qui manque. C’est la cohérence.
Analyse croisée a partir du poste facebook et de l’article d’el moudjahid