Réponse à un ami qui n’arrête pas de me faire part, en privé, de ses interrogations sur la crédibilité des résultats communiqués par la Cour constitutionnelle.
Mon cher ami, si aujourd’hui encore tu continues de douter des institutions de ton pays, il faut alors douter de l’Algérie post-Hirak dans son ensemble, mais pas à demi-mot.
Je te le dis d’emblée, je ne partage pas tes interrogations. Au contraire, je me réjouis de la victoire de la stabilité institutionnelle dans notre pays. D’ailleurs, l’histoire ne retiendra que la réélection d’Abdelmadjid Tebboune pour un second mandat en tant que président de l’Algérie indépendante ; une réélection reconnue par la communauté internationale, qui ne se laisse pas tromper par l’insignifiance politique de la prétendue opposition, laquelle sème la confusion et rêve de rééditer le scénario irakien ou libyen dans notre pays.
Pour paraphraser le grand Oulianov, substituer l’abstrait au concret est une grave erreur dans une conjoncture internationale difficile et menaçante. Il est donc important de tenir compte des situations et particularités concrètes à ce moment de l’histoire de notre pays, et du rapport des forces en présence de la manière la plus objective. Ainsi, pour apprécier la situation, on doit se fonder sur le réel, c’est-à-dire sur les faits.
Alors regardons la réalité en face et commençons par nous poser la question de la nature historique de la situation de notre pays (âgé d’à peine 62 ans), après près de quatre décennies de libéralisme qui l’ont laissé dans un état de délabrement effarant (économique, social, politique et idéologique). C’est une situation caractéristique du sous-développement, source de tous nos problèmes. C’est un fait !
En effet, c’est sur cette plaie béante que se sont greffés l’enrichissement illicite, la prédation et le pillage des deniers publics, la corruption, les réseaux mafieux et leurs trafiquants de drogue, d’armes et de devises, la hogra, les inégalités sociales avec leurs quartiers et leurs zones d’ombre, le chômage massif notamment des jeunes diplômés et des femmes en particulier, l’exode des populations rurales, l’informel et ses pratiques esclavagistes, le délabrement et l’insalubrité de nos villes et campagnes, la dégradation du système de santé publique, des transports, de l’éducation, du sport de masse, des loisirs… et de l’environnement.
C’est sur le terreau du sous-développement que l’on a observé un reflux historique des idées progressistes et révolutionnaires au profit des idéologies identitaires réactionnaires et violentes, et le développement de l’irrationnel religieux avec son enseignement discriminatoire, sexiste, résigné et fataliste, à l’origine des guerres domestiques dans les foyers. C’est dans ce contexte politiquement déficient que se sont généralisées les atteintes aux libertés individuelles et collectives, l’insalubrité et les incivilités sur fond d’impunité… C’est le sous-développement qui a aggravé le degré d’immaturité de notre société et l’apolitisme des masses populaires.
Quel taux de participation espères-tu obtenir dans un tel contexte ? 46,10%, en hausse par rapport à 2019 (Abdelmadjid Tebboune a obtenu 7 976 291 voix contre 4 947 523 voix en 2019, soit plus de 3 millions de voix supplémentaires), est un taux appréciable, car il garantit la stabilité de nos institutions et permet la poursuite de la dynamique de relance économique observée, factuellement, ces deux ou trois dernières années.
C’est en tenant compte de cette réalité que je fonde mon appréciation du résultat de cette élection, sans me servir du lexique et du référentiel bourgeois, made in France, car, pour reprendre l’expression d’un camarade, « raisonner dans les termes de l’ennemi, c’est déjà perdre la bataille ». Aussi, « je m’en tape » (comme disent les jeunes) de ce que pensent Xavier Driencourt (cet ancien ambassadeur de France en Algérie, qui joue le rôle de tête de gondole de l’opposition « khorti » anti-nationale) et les « benés » exotiques de Fafa (Daoud, Sensal, Sifaoui, Bouraoui, Aboud, Dhina, Semmar, Zitout et consorts) ; je méprise les mensonges de France 24, CNews, Le Monde, Libération, Le Figaro, Les Échos… et leurs alliés objectifs (les « démocrates » romantiques d’outre-mer et d’outre-Atlantique, qui continuent de rêver du narratif occidental sur les libertés et les droits de l’homme, tout en niant le génocide des Gazaouis, car ils considèrent « Israël -génocidaire- comme un État démocratique » (sic !), et les snipers de la Place de la République à Paris et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur).
Dis-moi, cher ami, quelle solution alternative au boycott est proposée, factuellement, par « les opposants » à l’État national qu’ils considèrent comme un ennemi ? Rien, à part le défaitisme et l’appel au désordre. Comme tu le constates, les faits attestent que cette prétendue « opposition démocratique » et les politicards dz-fr ne sont rien d’autre qu’une immense imposture. Aussi, il ne faut pas perdre de vue que, comme beaucoup de pays de la périphérie ex-coloniale, l’Algérie est dans la ligne de mire des puissances occidentales pour sa position géostratégique, ses richesses énergétiques et minières, et pour son refus de la normalisation avec l’État sioniste, qui se positionne à notre frontière ouest. La présence d’Israël au Maroc n’est pas amicale. C’est un fait parmi d’autres qui atteste de l’accumulation des périls à nos frontières… Comprends bien, si l’ANP se fissure, si l’État et ses institutions s’effondrent, l’impérialisme occidental imposera son « droit d’ingérence » et ses multinationales prédatrices disposeront de belles opportunités économiques. Il en sera ainsi terminé des promesses de novembre 1954 : « libérer et développer le pays »…
C’est la raison pour laquelle ce qui m’importe, c’est ce que cette élection apporte de positif à l’Algérie et à sa population, dans une conjoncture particulièrement menaçante et hostile, en tenant compte du rapport des forces en présence. Je ne suis ni dogmatique, ni gauchiste pour nier la réalité. Je te le redis, pour moi, cette élection est une réussite du point de vue de la préservation de la stabilité institutionnelle, malgré les critiques qui poussent à la confusion et les pressions directes ou sournoises visant à fragiliser l’exécutif. Il faut s’en convaincre, l’Algérie post-Hirak ne ressemble pas à l’Algérie des décennies noire et mafieuse. Mais, est-il besoin de le rappeler, nous ne sommes pas dans une phase pré-révolutionnaire qui nous ouvrirait des perspectives socialistes, mais plutôt dans une période de prise de conscience patriotique, qui ouvrirait la voie du développement économique national, démocratique, et modifierait les contours de la base sociale, actuellement immatures et inachevés. Oui, il y a un sursaut patriotique, une prise de conscience pour un changement de braquet, une mobilisation des moyens matériels et humains et des efforts pour s’extraire du sous-développement. Il existe une dynamique de redressement économique qui s’appuie sur les fondations construites à l’indépendance, lesquelles, fort heureusement, ne se sont pas toutes écroulées sous les coups de boutoir du bulldozer libéral des décennies mafieuses.
Contrairement aux partisans du retour à l’avant 1962 (retour à l’ordre colonial), il existe des acquis de l’indépendance qui sont un atout considérable pour poursuivre cette dynamique de redressement patriotique, qui s’est traduite par la stabilité institutionnelle, la lutte contre la 3issaba et le versement des deniers volés, financiers et matériels, dans l’économie nationale, la relance de nombreux projets à l’arrêt et le lancement de nouveaux projets structurants (énergie, agriculture, industrie, transport, réseau routier, santé, éducation, barrages et usines de dessalement, tourisme, sport, cinéma). Sur le plan social, tout le monde peut objectivement constater la construction et la distribution de milliers de logements (d’autres sont en cours de réalisation), sans compter les mesures financières de soutien aux salariés, aux retraités, aux handicapés et aux jeunes chômeurs, ainsi qu’aux détenteurs de projets économiques (sous-traitance, startup, artisanat, tourisme…). Ce sont là des faits qui déplaisent à l’opposition khorti et aux Cassandres ; ils sont niés par les politicards opportunistes et les dogmatiques de gauche. Ce sont là des preuves tangibles de la dynamique de redressement de l’Algérie post-Hirak.
Aussi, ce qui m’importe maintenant, c’est de savoir si d’autres usines vont être construites, si des emplois vont être créés, si les diplômés,
Source : A. Bendris -16/04/2024