Salem Zahran a révélé, lors d’une émission, un extrait inédit de son entretien avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Une partie de cette rencontre s’était déroulée off the record, mais Zahran a estimé pouvoir partager un passage clé qui, selon lui, « ne nuit à personne » et éclaire la vision stratégique du chef d’État algérien.
Le journaliste explique avoir demandé au président quelle était « la recette magique » qui lui avait permis, le même jour, de recevoir un appel de Donald Trump avant midi et de Vladimir Poutine après-midi. La réponse implicite réside dans le rôle que l’Algérie est en train de retrouver sur la scène internationale : celui d’un acteur capable de renouer avec l’esprit des pays non-alignés des années 1950, tout en réinventant ce positionnement dans un monde désormais polarisé.
Loin de se limiter à une diplomatie d’assistance ou de solidarité émotionnelle, Tebboune a, selon Zahran, introduit une approche pragmatique : être ami avec une partie de l’Occident comme avec une partie de l’Orient, mais savoir s’opposer à chacun lorsque la dignité nationale est en jeu. C’est cette capacité à équilibrer les alliances et à préserver l’indépendance qui, pour le journaliste libanais, donne aujourd’hui à l’Algérie un rôle stratégique que d’autres pays riches en ressources énergétiques n’ont pas su obtenir, car empêchés d’exploiter librement leurs richesses.
Zahran insiste : réduire les relations algéro-libanaises à des gestes d’entraide, aussi sincères soient-ils, est une vision étriquée. La véritable force réside dans les tendances lourdes de la géopolitique et de l’économie : quand on est fort politiquement, personne ne peut empêcher ses exportations, sa signature d’accords commerciaux, ou sa présence sur les marchés. Il cite les chiffres actuels des échanges bilatéraux — environ 153 millions de dollars d’importations libanaises depuis l’Algérie, contre seulement 13 à 14 millions d’exportations vers elle — pour appeler à un rééquilibrage ambitieux, atteignant des milliards.
Ce qui a marqué Zahran dans son échange avec Tebboune, ce n’est pas un discours fraternel et sentimental, mais une vision claire, un plan concret et une logique implacable. Une feuille de route qui, si elle est suivie et portée par la longévité politique du président, pourrait propulser l’Algérie vers une position internationale bien plus élevée, imposant même ses produits sur le marché mondial par la force de sa diplomatie et de son économie combinées.
À mes yeux, ce témoignage a un double intérêt : il montre comment l’Algérie travaille à se placer au centre d’un jeu d’équilibre mondial, et il met en lumière un président qui ne se contente pas de gérer l’existant mais cherche à refaçonner la place de son pays. Ce n’est pas seulement un scoop sur une conversation, c’est un éclairage sur une stratégie.
Hope&ChaDia