Sur un mur de la Casbah d’Alger, une fresque bouleversante, celle évoquée dans cet article, raconte tout ce que des milliers de mots peinent à dire. Un enfant triste serre contre lui la neuvième coupe du Mouloudia, symbole d’un triomphe devenu amer dans un jour de deuil. Je pense que cette image, simple et déchirante, dit tout : la victoire ne peut effacer la douleur d’avoir perdu des frères. Elle est aussi le reflet du sens citoyen de ceux qui l’ont pensée et réalisée : des mains anonymes qui, loin de la violence, ont choisi de transformer le chagrin collectif en un message de respect et de mémoire. Découvrez dans cet article l’entretien hommage aux supporteurs du Mouloudia.
Dans l’actualité sportive, certains drames dépassent de loin le cadre d’un match de football. Ils deviennent le miroir d’une société, d’un héritage et d’une mémoire collective. La tragédie qui a frappé les supporteurs du Mouloudia n’est pas seulement un épisode douloureux : c’est un moment de vérité où se révèle la grandeur des passions et la force tranquille des Algériens.
Dès les premiers instants du live consacré à cet hommage, un ton solennel s’est imposé. Les chants patriotiques, les mots vibrants et la mémoire des jeunes disparus ont dressé un décor où la ferveur populaire se mêle au deuil. Je pense que ce qui s’est exprimé ce soir-là n’était pas qu’un simple soutien à un club : c’était la réaffirmation d’un lien profond entre une jeunesse, son histoire et sa dignité.
Ce live a accueilli Raouf Salim Bernaoui, ex-Ministre de la Jeunesse et des Sports, enfant du Mouloudia et témoin direct des funérailles. Il a exprimé avec émotion la douleur d’avoir perdu des supporteurs qu’il connaissait, et d’avoir assisté à des scènes qui marqueront à jamais tous ceux qui aiment ce club.
Dans cette atmosphère de recueillement, un point crucial a été rappelé : dès les premières heures, la Présidence de la République a réagi avec humanité et fermeté. Le Président de la République a publié un tweet officiel présentant ses condoléances, puis ordonné l’ouverture d’une enquête immédiate. Cet acte a été salué comme un signal important : reconnaître la gravité du drame et la nécessité d’en tirer toutes les conséquences.
À mon avis, c’est ce sens de la responsabilité qui distingue un État attentif de ceux qui banalisent de tels événements.
Mais à côté de cette attitude exemplaire, d’autres réactions ont profondément choqué. Certains journalistes ont choisi d’accuser précipitamment les supporteurs, sans même attendre les résultats de l’enquête. D’autres, quant à eux, ont préféré minimiser l’importance de déterminer les responsabilités, affirmant que “l’essentiel est seulement d’éviter que cela se reproduise”. Une indignation forte s’est exprimée face à ces commentaires jugés irresponsables et irrespectueux envers les victimes et leurs familles. Les intervenants ont rappelé que la première exigence est celle de la responsabilité et de la retenue : ne pas instrumentaliser une tragédie pour régler des comptes ou chercher à gagner de l’audience. Comme l’a souligné l’invité : avant de tourner la page, il faut la lire avec lucidité et respect pour la mémoire de ceux qui sont partis.
Parmi les moments les plus dignes de cette tragédie, il faut évoquer la solidarité spontanée des autres clubs et de leurs supporteurs. Le Club Sportif Constantinois, par exemple, a suspendu toutes les festivités prévues pour l’anniversaire de sa création. Le CR Belouizdad et l’USM Alger, pourtant en pleine préparation de la finale de la Coupe d’Algérie, ont également mis leurs célébrations entre parenthèses. Dans toutes les villes, des messages de condoléances et des témoignages de soutien ont été publiés.
Ce front commun a démontré que, malgré la rivalité sportive, les Algériens savent rester unis quand la douleur frappe. Je pense que cette réaction collective est la plus belle réponse à ceux qui veulent diviser et caricaturer la passion footballistique.
Un autre point a suscité la colère et l’incompréhension : la décision de maintenir la finale de la Coupe d’Algérie dans un délai si court après le drame. Pour beaucoup, organiser un événement festif alors que le deuil n’est même pas achevé est une forme d’irresponsabilité morale. Plusieurs voix, dont celle de l’animateur et de Raouf Bernaoui, ont lancé un appel clair : reporter la finale après les 40 jours de deuil. Ce geste aurait permis d’honorer la mémoire des victimes et de calmer les tensions.
Tout au long de l’émission, la figure du supporteur du Mouloudia est apparue comme le symbole d’un civisme souvent ignoré. Leur comportement exemplaire lors de la catastrophe, leur discipline, leur retenue et leur immense chagrin ont donné une leçon à toute la société. Dans leurs communiqués, dans leur dignité, ils ont prouvé qu’aimer un club pouvait être un acte noble, loin de la violence ou de l’inconscience.
Pour prolonger cet hommage et mieux comprendre la culture unique qui entoure les tribunes du Mouloudia, j’ai voulu raconter l’envers du décor de ces immenses tifos qui impressionnent tout le pays. Vous pouvez lire cet article complet ici :
👉 Mouloudia : Hommage aux Bâtisseurs de Tifos Géants
L’hommage a aussi permis de rappeler l’histoire militante du Mouloudia. Né comme un club de la dignité algérienne face au colonialisme, le Mouloudia a toujours porté des valeurs : la fraternité, la liberté et la fierté d’être Algérien. Ce club a vu passer des figures de la révolution et a contribué, par le sport, à la reconquête de l’identité nationale.
Le Mouloudia et le football algérien : une mémoire qui dépasse le sport
L’émission a rappelé que le Mouloudia d’Alger n’est pas qu’un simple club : il est né d’un refus du colonialisme, comme un acte fondateur pour réaffirmer l’identité algérienne. Ses tribunes ont longtemps été un espace de résistance culturelle et patriotique. De l’époque où les joueurs musulmans affrontaient les équipes du colonisateur jusqu’à la création du légendaire Onze de la Révolution, le football a servi de levier diplomatique, de creuset populaire et de symbole d’unité. Je pense que cet héritage explique pourquoi la passion autour du Mouloudia est si forte : elle est nourrie par une histoire de luttes, d’engagements et de fierté collective. Aujourd’hui encore, ces gradins et ces tifos incarnent un soft power unique qui propage la voix de l’Algérie au-delà des stades.
Le ministre est également revenu sur le déroulement de la saison footballistique. Il a salué un niveau technique qu’il a jugé globalement satisfaisant, marqué par le retour en force de clubs historiques et des performances honorables sur la scène africaine. Je pense qu’il a toutefois pointé avec une grande franchise les graves insuffisances de l’organisation et de la programmation, qu’il a qualifiées de « faibles, voire très insuffisantes », et qu’il considère comme la cause directe d’une grande partie des tensions, des accidents et des frustrations qui ont entaché l’année sportive.
En conclusion, un appel fort a été lancé : responsabiliser les compétences. Mettre les bonnes personnes aux bons postes est la seule manière de réduire les risques. À mon avis, la compétence est le gage le plus solide d’un encadrement sérieux et de la prévention des drames. Il ne s’agit pas seulement d’appliquer des règlements : il faut aussi une conscience, une éthique et un respect absolu pour la vie humaine.
Cet hommage est une invitation à regarder la réalité en face. Ces jeunes ne sont pas seulement des passionnés de football : ils incarnent un peuple attaché à ses valeurs, à son histoire et à ses morts. Ils rappellent qu’en Algérie, même la passion du sport peut devenir une leçon de dignité et de citoyenneté.
🙏 Reposez en paix.
🎥 Pour voir l’intégralité de ce live et ressentir toute l’émotion, suivez ce lien :
(signé Hope&ChaDia)